Vous avez cité certaines prises de position de M. Kadhafi ; sachez que je les réprouve, tout comme l’ensemble des députés ici présents ! Certes, la pauvreté pousse parfois au terrorisme, mais justifier ce dernier, comme M. Kadhafi a eu l’air de le faire à Lisbonne en disant qu’il était l’arme des pauvres, cela nous le condamnons !
Lorsque M. Kadhafi a dit qu’il n’était pas favorable aux accords de paix entre Israël et la Palestine, il a eu tort, et nous le condamnons !
Lorsqu’il a appelé au respect des droits de l’homme ici, en France et en Europe, c’était pitoyable, et nous le condamnons !
Il y a les paroles, que nous condamnons, mais il y a aussi, depuis quelques années, une réelle évolution du régime !
En 2003, le colonel Kadhafi a cessé de fabriquer des armes de destruction massive ; la même année, il renonçait au terrorisme et rendait les stocks d’armes qu’il possédait. En 2006, il a supprimé la peine de mort : depuis, aucun condamné n’a été exécuté.
Depuis, il a fait encore plus : en 2007, grâce à la pression de l’Europe et de la France, il a relâché les infirmières bulgares.
Cette évolution est suffisamment importante pour que, dans le cadre d’une diplomatie de la réconciliation, nous jugions possible une visite en France ; d’ailleurs, M. Kadhafi se rendra en Espagne samedi, et M. Zapatero ne dira pas autre chose !
Alors que le terrorisme frappe quotidiennement, hier en Algérie, aujourd’hui à Beyrouth, il convient de favoriser l’évolution d’un homme qui le condamne - et qui s’est d’ailleurs élevé hier contre les deux attentats d’Alger.
Certes, c’est un pari. Mais si on ne les encourage pas, que dira-t-on aux pays qui cherchent à évoluer - comme, par exemple, l’Iran ?
Nous ne sommes pas naïfs, nous n’avons rien abandonné, nous défendons toujours les Droits de l’Homme - mais il est parfois plus difficile encore de se contraindre à certaines actions, lorsque c’est à ses dépens. En retour, nous n’exigeons pas d’enthousiasme de votre part, Monsieur Montebourg, mais nous souhaitons qu’il n’y ait pas non plus d’hypocrisie.
(Paris, 12 décembre 2007)