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Se battre pour la liberté de Gilad Shalit est un devoir sacré
Discours par Richard Prasquier président du CRIF prononce le 22 juin lors du rassemblement pour Gilad Shalit et Israël le 22 juin au parvis des droits de l’homme à Paris.
Article mis en ligne le 24 juin 2010

Le 28 août, Gilad Shalit aura 24 ans. S’il n’est pas libéré alors, il aura passé un sixième de sa vie en captivité. Mais pas n’importe quelle captivité. Nous ne savons pas où il est. Nous pouvons l’imaginer dans des lieux fermés, éloigné des regards, éloigné des paroles, éloigné peut-être de la lumière. Privé en tout cas de visite, privé de contact, privé de nouvelles. Nous ne savons rien de lui en réalité, en dehors de quelques images soigneusement mises en scène. Nous ne savons rien, c’est pourquoi nous redoutons tout. A 24 ans, un jeune homme construit son avenir. Depuis quatre ans, seuls peut-être les menaces et les simulacres d’assassinat ont coupé la litanie des 1460 jours identiques l’un à l’autre, déstructurant le sens du temps et affaiblissant peu à peu l’espoir.

Bien des fois, la famille de Gilad, cette remarquable famille qui refuse le désespoir, a dû penser à Ron Arad, cet aviateur israélien capturé par les milices chiites Amal du Liban en 1986, il y a plus de vingt ans, vendu probablement à l’Iran et dont nous ne savons rien aujourd’hui.

Gilad Shalit a été enlevé en territoire israélien. Plusieurs de ses camarades ont été tués par un groupe du Hamas qui avait franchi la frontière en passant dans un tunnel. Car à cette époque, les Israéliens avaient déjà quitté la bande de Gaza.

Gilad a-t-il au cours de ses années de captivité recueilli un sourire, un geste d’humanité de la part d’un de ses geôliers ? Son sort a-t-il suffisamment ému un seul de ses gardiens pour briser temporairement le carcan de haine qui, bien plus que les problèmes de frontières, est la véritable entrave à la paix ? Ce serait alors le signe que l’humanité peut se frayer un chemin dans une pensée ossifiée par le fanatisme.

Mais au fond, malheureusement, l’idéologie des ravisseurs, celle du Hamas, est connue. Elle est transcrite dans leur charte, que chacun peut lire. Elle ne laisse pas place à la sensiblerie, mais elle évite l’hypocrisie. Les Juifs, tous les juifs sont des ennemis que chaque fidèle a le devoir de tuer. C’est aussi simple que cela. Les Juifs, d’ailleurs, et pas seulement les israéliens….

Un otage est par définition déshumanisé. Il devient une marchandise avec une valeur vénale aussi élevée que possible. La valeur vénale de Gilad Shalit est élevée, très élevée, tout simplement parce que en Israël, la valeur d’un homme est infinie. « Qui sauve un homme sauve le monde…. ». Cela permet au Hamas tous les chantages, toutes les exigences, comme cela était déjà le cas avec le Hezbollah, qui a rendu l’an dernier deux cercueils en échange d’un assassin particulièrement répugnant. Et le monde ne s’étonne plus, accepte cette confusion des valeurs comme si elle allait de soi, comme si c’était normal d’échanger un innocent contre des centaines de coupables avec du sang sur leurs mains.

Gilad n’est pas oublié, c’est vrai. Pour la France, je veux rendre hommage ici aux mouvements qui se sont engagés en sa faveur, le collectif pour Gilad Shalit, le mouvement Siona et bien d’autres. Je veux rendre hommage aux hommes politiques qui ont pris position, et notamment aux maires qui ont apposé la photo de Gilad Shalit devant leur mairie. Ils sont présents ou représentés ici, en particulier le maire du 16e, notre hôte, Claude Goasguen. Je veux saluer les responsables et élus de l’opposition comme de la majorité pour qui les droits de l’homme ne sont pas à géométrie variable. Je veux rendre hommage enfin et surtout au Président de la République et à son implication chaleureuse et tenace. Et pourtant Gilad reste prisonnier. Avec le temps la ferveur ne doit pas s’estomper. Car si le souvenir n’est malheureusement pas promesse de libération, l’oubli à coup sûr impliquerait la disparition.

Si nous sommes ici, devant le parvis des Droits de l’Homme, c’est que les Droits de l’Homme élémentaires sont entièrement déniés à Gilad Shalit, ces Droits de l’Homme dont bénéficient les prisonniers palestiniens en Israël, qui, eux, ont été arrêtés et jugés pour des actes criminels. Comparer leur sort à celui de Gilad est proprement obscène. De la même manière renvoyer dos à dos l’armée israélienne et la cohorte des tueurs du Hamas est une ignominie. L’armée israélienne comme les autres peut commettre des erreurs, mais elle respecte un code de l’honneur et des règles fondées sur des valeurs universelles. Je le dis ici, ces valeurs sont à l’opposé du culte de la haine, du mépris de la dignité humaine professé par les adeptes de la terreur islamiste.

Or, récemment certaines organisations ont affrété sous couvert d’action humanitaire un flottille pour Gaza, pour dénoncer une catastrophe alimentaire dont évidemment Israël serait responsable, et dont tous les observateurs neutres savent qu’elle n’existe pas. On aurait pu penser que ces organisations en profiteraient au moins, comme elles en avaient été priées, pour faire de modestes demandes au Hamas en faveur de Gilad Shalit, de respecter un peu la loi internationale et d’autoriser des visites de la Croix Rouge. Elles ont refusé. Pour elles, les droits de l’homme ne sont apparemment exigibles que sur une moitié de l’échiquier, la moitié israélienne ; car un israélien est forcément du mauvais côté de l’histoire, celui des oppresseurs, et le Hamas est par contraste dans le camp des héros de la liberté.

Je le dis devant ce parvis avec une certaine gravité : le refus de faire un geste pour essayer d’améliorer la situation intolérable de Gilad Shalit, a déshonoré les organisations humanitaires présentes sur la flottille.

En effet, le message implicite que ce refus traduit est que la détention de Gilad Shalit est légitime alors que le blocus de Gaza ne l’est pas.

Pour le blocus maritime, chacun sait que tout laxisme en ce domaine entrainerait l’importation à Gaza d’armes de destruction lourdes d’origine iranienne. Vouloir l’abolition complète de ce blocus, c’est vouloir empêcher Israël de se défendre.

De la même façon, trouver normal qu’un soldat israélien soit capturé en terre d’Israël, c’est accepter l’idée que la lutte armée contre Israël, de Gaza après le retrait israélien de Gaza, est justifiée, c’est accréditer l’idée qu’Israël au fond n’est pas légitime…

Accepter l’idée que ce soldat-là ne puisse pas jouir du minimum de garanties légales accordées aux prisonniers, c’est admettre qu’il peut ne pas être traité comme les autres êtres humains, c’est en faire une non-personne.

Ainsi pour ces bons humanitaires de la flottille, l’association d’un aveuglement complet sur la dictature impitoyable du Hamas à Gaza avec un aveuglement tout aussi complet sur le sort de Gilad Shalit nous éclaire sur leurs préjugés et leurs biais idéologiques. Ces humanitaires de pacotille se placent comme des instruments de propagande des pires ennemis de la liberté.

Nous le savons tous, dans la flottille de Gaza il n’y avait pas que de bons, naïfs et aveugles altermondialistes humanitaires même dévoyés.

Il y avait aussi de véritables terroristes islamistes, décidés à tuer ou à se faire tuer. Quand l’organisation turque IHH, soeur du Hamas, qui a affrété le Mavi Marmara et s’y est réservé le pont supérieur pour y préparer l’embuscade, est qualifiée d’humanitaire, il s’agit d’un mensonge grotesque.

Et là le traitement de l’information, passé les 48 premières heures de sidération compréhensible, nous a laissés pantois. Car, malgré les documents qui s’accumulaient pointant sur la manipulation, tout s’est passé dans de nombreux organes de media comme si les premières impressions avaient imposé leur marque, aussi fausse fût-elle, sur les analyses suivantes.

Autrement dit une fois de plus le scoop et la précipitation préemptaient l’analyse et la réflexion. Les mots se cristallisaient, alors même qu’on savait qu’ils ne correspondaient pas à la réalité : « état pirate, raid meurtrier » sans parler des « crimes sans parallèle dans le passé ».

En fin de compte on déniait aux marins Israéliens le droit de se défendre alors qu’ils étaient en danger de mort, et une immense réprobation a frappé Israël, d’autant plus choquante qu’elle a continué une fois la vérité connue. Et nous, qui soutenons Israël car nous avons confiance dans ses valeurs, nous étions sommés de nous joindre à l’injuste curie anti-israélienne.

Devant cette mise en cause violente dans la rue ou sur le net, avec l’arsenal malheureusement aujourd’hui habituel des épouvantables insultes anti-israéliennes qui ne peuvent pas ne pas nous frapper, nous Juifs de France, nous disons « Trop, c’est trop ! ».

Car ce qui est en route par ces mises en cause, par ces mensonges, par ces campagnes illégales de boycott, c’est la sournoise musique de la délégitimation d’Israël. Tentation pathétique et munichoise, dont on espère qu’elle résoudrait tous les problèmes du monde, mais qui ne ferait que les aggraver. Délégitimer Israël, c’est délégitimer une part de nous-mêmes. Nous ne le laisserons pas faire.

Au nom du CRIF qui a pris l’initiative de ce rassemblement je veux dire que nous ne cesserons pas le combat pour la libération de Gilad Shalit et que nous n’abandonnerons jamais le combat pour Israël ! Avec le CRIF, les juifs de France chercheront sans relâche le soutien de tous les démocrates de France quelles que soient leurs origines, leurs croyances ou leurs préférences politiques car ce combat dépasse la communauté juive. C’est un combat pour les libertés, pour la liberté ! C’est plus qu’un combat, c’est un devoir sacré !



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