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Sarkozy, Obama, Medvedev et Singh face à la Terreur : de nouveaux équilibres émergents ?
Par Marc Brzustowski pour http://lessakele.over-blog.fr et www.aschkel.info
Article mis en ligne le 4 avril 2010

De nombreux observateurs s’alertent des risques que le fossé entre Washington et Jérusalem se creuse. On passe des pressions incessantes à un boycott virtuel sur certains matériaux sécuritaires sensibles. Peut-on transformer la crise avec l’Amérique et l’Europe en opportunités ?

Le Général Petraeus a démenti les propos qu’on lui a prêtés, selon lesquels la politique d’Israël mettrait la vie des soldats américains en péril. Qu’à cela ne tienne, la proposition grotesque rebondit dans les déclarations de Nicolas Sarkozy. Comme si on venait de le lui souffler, celui-ci affirme que l’absence de paix entre Israël et ses voisins est la cause du terrorisme global.

Ce n’est pas une erreur de diagnostic, c’est une faute politique. Il conforte ainsi l’assistanat diplomatique palestinien. Epigone de Raymond Barre après l’attentat de Copernic, le terrorisme selon Sarkozy deviendrait légitime, tant qu’il n’aurait pour cible que des représentations israéliennes ou juives. Le Jihad mondial en veut à Israël d’exister, tout simplement. Mais que ces Présidents se rassurent, les islamistes leur en veulent, au moins, autant d’être les dirigeants de sociétés « impies » aux mœurs licencieuses, hostiles à la Shari’a. Selon le Jihad, leurs politiques ne sont fondées que sur le seul appât du gain, l’hédonisme et le relativisme moral et culturel. A leurs yeux, le grand crime d’Israël est d’avoir introduit des comportements d’origine occidentale, susceptibles de dissoudre leurs structures traditionnelles.

Le discours de Sarkozy est advenu à contre-emploi, le lendemain d’un double-attentat à Moscou et le jour même d’un autre au Daghestan. Des actes similaires interviennent, chaque jour, à Kaboul ou Bagdad, sans la moindre référence aux soi-disant « colonies », chères au Quai d’Orsay.

Lors du sommet de la Ligue Arabe, à Syrte, en Libye, 13 pays présents sur 22 ne parviennent pas à se mettre d’accord. Les deux grands absents, l’Arabie Saoudite et l’Egypte, ont rejeté toute idée de « dialogue » avec l’Iran. Récemment, les Irakiens ont voté et marginalisé les partis pro-iraniens. Au grand soulagement des pays sunnites. Le poids des Kurdes, amis d’Israël, minorité influente en Turquie et en Syrie, sera déterminant.

Que constate t- on ? Les solutions que proposent Obama, Sarkozy et bien d’autres Européens, ne correspondent à aucune grille de lecture moyen-orientale. Lorsque Sarkozy et Obama se rapprochent de la Syrie, ils renforcent les craintes des pays alentours. Le vote irakien est un caillou dans la chaussure de l’arc chi’ite, constitué par l’Iran, via le Liban, la Syrie et, aujourd’hui, le ralliement turc. En cajolant Assad, ces mêmes occidentaux ont favorisé l’extension de cet axe de Téhéran à Istanbul. Leurs négociations oiseuses renforcent le poids du Hamas et des Frères Musulmans en Egypte et Jordanie, du Hezbollah au Liban. Ils contribuent à étouffer les oppositions démocratiques à ces régimes totalitaires.

L’actuel alignement des pays arabes porte moins sur une résolution immédiate du conflit israélo-palestinien que dans les moyens urgents de faire échec à l’influence perso-chi’ite, de Bagdad jusqu’à Rabat et le sud de l’Europe. Le conflit entre Abbas et le Hamas est un bras-de-fer régional en miniature entre l’Arabie Saoudite et l’Iran.

L’incitation européo-occidentale à ce que les Palestiniens réclament toujours plus au détriment d’Israël permet de s’excuser auprès des pays arabes du manque d’avancée décisive sur le dossier iranien. Ils disposent d’un « joker » antisioniste auprès de ces populations, lorsque celles-ci commenceront à paniquer face à leur immobilisme.

Les pays occidentaux gagneraient sûrement à se concentrer sur l’essentiel plutôt que de faire diversion. Les menaces du Hezbollah ou de la Syrie sont en lien direct avec l’agenda de Téhéran plutôt que celui de Ramallah. L’absence de résolution avec l’Autorité Palestinienne engage des désaccords de fond, une contestation populaire et diplomatique, mais pas de conflit arabo-israélien.

Serguei Lavrov a exigé du Hamas qu’il cesse ses tirs de roquettes sur Israël. Ce souhait a, au moins, été aussi bénéfique pour la paix, que les cadeaux empoisonnés de Sarkozy et Obama. Il était bienvenu, au lendemain des attentats du Daghestan et de Moscou, et suite à la mort de deux soldats de la brigade Golani en lisière de Gaza. Ce geste traduisait une fugace, mais bien réelle communauté d’intérêts charnelle face au terrorisme.

Cela n’empêchera, sans doute, pas la duplicité moscovite de fournir, via la Syrie et l’Iran, des matériaux de grande létalité au Hezbollah ou au Hamas. Mais un geste en amène un autre, assorti d’accords économiques et technologiques stabilisants. C’est ainsi qu’une négociation indirecte s’engage. Israël n’a, du reste, aucune culture anti-terroriste commune avec les méthodes employées par Moscou et le FSB.

Dans le même esprit, des représentants du Ministère de la Défense indien étaient en déplacement à Jérusalem pour finaliser un accord d’achat de drones et systèmes de surveillance des frontières de l’Inde avec le Pakistan. La raison en et fort simple : Washington compte transférer des drones Predator à Islamabad. L’Inde ne croit guère en la volonté des Pakistanais de combattre sérieusement le terrorisme qu’ils ont eux-mêmes enfanté au Cachemire.

Loin d’être un « fardeau » pour l’Occident, Israël n’est pas seulement un atout, mais un facteur précieux de rééquilibrage des forces, au Moyen-Orient et en Asie centrale. Même lorsque la bien-pensance soutient des pays vecteurs du terrorisme comme la Syrie et le Pakistan.

Au-delà des échanges d’information sensible avec leurs homologues de l’OTAN, les Israéliens ont la capacité d’anticiper les menaces. L’Inde est devenue le premier client militaire et industriel d’Israël. Renforçant ce pôle, il s’est acquis des parts de marché agricole et technologique avec la Chine, ou la Russie. Ces échanges marchands occasionnent des traités informels de non-agression. Ils ne sont pas étrangers à la réduction de 40% de ses importations de pétrole iranien par la Chine, au cours des premiers mois de 2010.

Israël doit, néanmoins, demeurer sur ses gardes : les puissances résurgentes comme la Chine et la Russie peuvent réclamer leur part du gâteau aux Etats-Unis, dans la résolution du conflit israélo-arabe et les questions nucléaires régionales. Le risque est une tentative de neutralisation des uns par les autres, remettant Israël au centre de la cible. Il convient de s’assurer de contre-pouvoirs efficaces pour ne pas perdre l’initiative de la décision.

Sarkozy et Obama n’aiment pas Avigdor Lieberman. Pourtant, il est précieux, lors de déplacements en Amérique du Sud, en Afrique, en Azerbaïdjan ou en Russie. Là où se joue l’extension du Jihad. Savoir mener une discussion de fond, aux nuances lexicales près avec des représentants russes, contribue à rapprocher les deux cultures. Cela participe d’une entente partielle sur certains objectifs partagés. Le report de fourniture de S-300 à Téhéran, s’il est fragile, en est illustratif.

Si la paix est lointaine, des processus de régulation des conflits se mettent en place.

Dans ce contexte, le « processus de paix » tient du mythe ou de la fiction nécessaire. Ce qui fait sens, en revanche, c’est la façon dont les problèmes de sécurité commune sont gérés, avec les proches pays arabes comme l’Egypte, la Jordanie ou à travers des parrains comme la Russie, la Chine, et bien sûr, les Etats-Unis. Les approches européennes sont ambiguës, par dénégation des conflits réjetés à leurs périphéries, à travers le Jihad global ou l’islamisation des comportements, notamment.

L’image de « faiseur de guerre » que tiennent à lui coller les potentats américains et européens, aggrave le conflit. Prenant à contre-pied ces imageries démagogiques, Israël peut occuper cet espace diplomatique sensible entre les axes et endosser le rôle que lui intime sa tradition juive : celui de « passeur » improbable vers des solutions innovantes face aux risques, enjeux et menaces du XXIè siècle. Celles-ci ont vocation à permette à des pays qui le désirent vraiment, d’émerger comme des contre-pouvoirs au totalitarisme islamique ou au libéralisme opportuniste, recouvert d’un vague vernis marketing de conscience superficielle, mais dénué de courage politique.

Il y trouvera, plus certainement, l’indépendance et la liberté créatrice que lui refusent ses maîtres-censeurs occidentaux.



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