Bandeau
DESINFOS.COM
Slogan du site

Depuis Septembre 2000, DESINFOS.com est libre d’accès et gratuit
pour vous donner une véritable information indépendante sur Israël

Récents contacts entre l’Arabie saoudite et l’Iran pour résoudre la crise libanaise
MEMRI
Article mis en ligne le 30 janvier 2007
dernière modification le 1er février 2007

Ces derniers jours, plusieurs rapports ont été publiés sur les contacts intensifs entre l’Arabie saoudite et l’Iran, sur l’initiative de ce dernier pays pour trouver une solution à la crise libanaise et prévenir une guerre civile.

(1) Lors de la guerre de juillet-août 2006, l’Arabie saoudite avait opté pour une position de fermeté vis-à-vis du Hezbollah, de la Syrie et de l’Iran, et le roi Abdullah d’Arabie Saoudite a récemment invité les dirigeants du Hezbollah pour les rappeler à l’ordre et formuler des menaces voilées de conséquences économiques. (2)
Al-Hayat : La Syrie a empêché un règlement de la crise libanaise par une médiation saoudienne

Le quotidien londonien Al-Hayat, propriété de l’Arabie saoudite dont les sources saoudiennes sont donc fiables, publie le 24 janvier 2007 un rapport sur les contacts intervenus entre l’Iran et l’Arabie saoudite à la veille de l’escalade du 23 janvier au Liban.

Selon le rapport d’Al-Hayat, les contacts visant à résoudre la crise se sont intensifiés à la suite des pressions exercées par l’Arabie saoudite sur le Hezbollah au cours d’une réunion datée du 3 janvier 2007 entre la délégation du Hezbollah et le roi Abdallah. (3) L’ambassadeur saoudien au Liban Abd el-Aziz Khoja a mené une initiative de médiation, à la suite de laquelle un projet d’accord a été établi entre les Forces du 14 mars et le Hezbollah.

Ce projet se focalise sur deux points principaux, reflétant des concessions partielles des deux côtés : les Forces du 14 mars se sont mises d’accord sur le fait que le Tribunal international chargé de juger les assassins de l’ancien Premier ministre libanais Rafik Hariri serait approuvé par le futur gouvernement d’unité nationale libanais (bien qu’il ait déjà été approuvé par le gouvernement du Premier ministre libanais Fouad Siniora), seulement après que les réserves de l’opposition aient été abordées par un groupe de travail. Le secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah a consenti à ce que le futur gouvernement d’unité nationale inclue 19 ministres des Forces du 14 mars, 10 ministres de l’opposition et un ministre de plus ne devant être nommé qu’avec l’accord des Forces du 14 mars.

Au cours de l’élaboration de l’accord, Ali Larijani, président du Conseil suprême de la sécurité nationale, a visité l’Arabie saoudite. Lors de cette visite, il a décidé avec les dirigeants saoudiens de mettre au point une solution à la crise libanaise conforme au projet sponsorisé par l’ambassadeur d’Arabie saoudite au Liban.

Les Forces du 14 mars ont accepté le projet d’accord, de même que l’Iran. Nasrallah n’a toutefois pas donné de réponse immédiate. Finalement, le 18 janvier, lors d’une interview sur la chaîne du Hezbollah Al-Manar, Nasrallah a rejeté le projet parce que ce dernier n’incluait pas la demande du général Aoun de tenir des élections parlementaires.

Le jour suivant, L’Arabie saoudite a appelé l’Iran pour obtenir des éclaircissements. La réponse fut que les hauts responsables iraniens voyaient le projet de rapport d’un œil positif et comptaient envoyer Larijani en Syrie le lundi suivant, le 21 janvier, pour obtenir l’accord de la Syrie. Les Saoudiens ont également appris que Larijani était en rapport avec le Hezbollah.

Le 22 janvier 2007, Larijani s’est rendu en Syrie pour rencontrer des responsables syriens, puis une délégation du Hezbollah. Les sources disent que Larijani a été durement critiqué durant les pourparlers à Damas pour avoir inclus le tribunal international dans le projet d’accord saoudien. (4)

Après avoir reçu cette réponse, Larijani a accompli une brève visite en Arabie saoudite, le mardi 23 janvier, émettant quelques idées suggérées par la Syrie - qui pour la plupart donnaient l’avantage au Hezbollah. Les dirigeants saoudiens n’ont pas accepté de modifier le projet, et ce jour-là, l’escalade au Liban a repris. (5)

Les pourparlers irano-saoudiens reprennent à un plus haut niveau

Suite à cet échec, les contacts entre la Syrie et l’Arabie saoudite ont dernièrement repris. Le quotidien libanais Al-Safir rapporte, le 24 janvier 2007, que l’Iran avait invité le directeur du Conseil de la sécurité nationale Bandar bin Sultan, qui devait rencontrer le guide suprême Ali Khamenei et son homologue Ali Larijani. (6)

Le quotidien libanais Al-Akhbar, proche du Hezbollah, rapporte aujourd’hui, dimanche 25 janvier 2007, que Bin Sultan avait transmis une lettre du roi Abdullah à Larijani. Elle précisait que le ministre iranien des Affaires étrangères Menouchehr Mottaki avait parlé au téléphone à son homologue saoudien Saoud al-Faisal, et que les deux côtés avaient décidé de poursuivre les consultations afin d’arriver à une résolution de la crise libanaise satisfaisante pour toutes les parties.

Mottaki a affirmé aux députés iraniens que des arrangements avaient été trouvés entre l’Iran et l’Arabie saoudite relativement au Liban et à l’Irak, réaffirmant la fermeté de la position iranienne. (7)

Un accord irano-syrien a-t-il été conclu ?

Il convient de noter que la position déclarée du ministre saoudien des Affaires étrangères Saoud al-Faisal concernant l’ingérence de l’Iran dans les Affaires arabes est de considérer celle-ci comme une « ingérence étrangère ». Dans une interview du 24 janvier 2007 pour le Figaro, il a exprimé des objections au fait que la France envoie un émissaire en Iran pour servir de médiateur dans la crise car, a-t-il expliqué, cela légitimerait l’ingérence dans les affaires intérieures arabes. (8)

Suite aux rencontres de Bandar bin Sultan en Iran, lui et Larijani ont tenu une conférence de presse le 25 janvier 2007 où ils ont annoncé que l’Iran et l’Arabie saoudite étaient arrivés à un accord. Les détails relatifs à cet accord n’ont toutefois pas été rendus publics.

Malgré les objections de l’Arabie saoudite à la visite de responsables français, telles qu’exprimées par le ministre saoudien des Affaires étrangères Saoud al-Faisal, Ali Larijani a annoncé lors de la conférence de presse que dans les jours à venir, une délégation française arriverait en Iran. Larijani a ajouté que « l’Arabie saoudite peut jouer un rôle important dans la résolution du problème et l’apaisement de la situation dans la région, que l’Iran et l’Arabie Saoudite ont des intérêts communs qui peuvent contribuer à étendre leur coopération... »

Bin Sultan a pour sa part déclaré lors de la conférence de presse que le « roi Abdallah a souligné l’importance de l’unité et de la solidarité entre les pays de la région. L’Arabie saoudite pense que les pays de la région doivent assurer l’indépendance de la région, et ne pas permettre aux étrangers de s’ingérer dans cette affaire. » Il a en outre souligné la position du roi Abdullah selon laquelle « le monde islamique doit prendre garde aux tentatives de l’ennemi pour semer la guerre civile... et ne pas permettre à l’ennemi d’occasionner des conflits entre sunnites et chiites. Après tout, nous adorons tous un seul Dieu... »

Bin Sultan a ajouté : « Les pays de la région doivent prendre garde aux problèmes (de la région), en particulier au Liban et en Irak. L’Arabie saoudite et l’Iran aspirent à l’unité dans les pays de la région... Si la solidarité domine dans les pays de la région, les pays étrangers ne s’ingéreront pas dans leurs affaires internes. Dans les pourparlers que nous (l’Iran et l’Arabie saoudite) avons tenus aujourd’hui, nous avons évoqué les problèmes de la région, dont l’Irak et le Liban. Nous espérons que ces négociations mèneront à la consolidation des intérêts des pays et des nations de la région... Les ministres des Affaires étrangères (de l’Iran et de l’Arabie saoudite) continueront de s’occuper de ces problèmes et des accords conclus. »

Finalement, Bin Sultan a affirmé que « le dossier nucléaire iranien se trouve dans une situation très délicate, et qu’il faudrait en parler moins afin d’éviter au maximum les complications. » (9)

Dans un discours daté du 24 janvier 2007, le dirigeant du Hezbollah Nasrallah a affirmé, en référence aux contacts irano-saoudiens : « Allah bénira tous ceux qui aident le Liban, mais les accords conclus entre deux pays ou deux gouvernements n’engagent pas les Libanais, car les Libanais doivent chercher leur propre intérêt et non les intérêts de l’Arabie saoudite et de l’Iran. » (10)


(1) En réalité, les pourparlers ont également pour objectif de réduire les tensions entre les Etats-Unis et l’Iran.
(2) Pour plus d’informations, voir la Dépêche spéciale n° 1414 du MEMRI, http://memri.org/bin/french/latestn..., « Malgré les efforts diplomatiques des pays arabes, le Hezbollah menace de violences devant débuter lundi 8 janvier 2007 ».
(3) Voir la Dépêche spéciale n° 1414 du MEMRI, http://memri.org/bin/french/latestn..., « Malgré les efforts diplomatiques des pays arabes, le Hezbollah menace de violences devant débuter lundi 8 janvier 2007 ».
(4) Il convient de noter que le 24 janvier 2007, le président syrien Bashar al-Assad a rencontré l’émir Qatari et cheikh Hamad bin Khaleifa Al-Thani. Pendant la réunion, ils ont discuté des façons de normaliser les relations syro-américaines, vu que les Etats-unis sont proches de la direction qatarie, Al-Khaleej, Emirats arabes unis, le 25 janvier 2007
(5) Al-Hayat (Londres), le 24 janvier 2007
(6) Al-Safir (Liban), le 24 janvier 2007
(7) Al-Akhbar (Liban), le 25 janvier 2007
(8) Le Figaro (France), le 24 janvier 2007
(9) ISNA (Iran), le 25 janvier 2007
(10) Site de la résistance islamique au Liban, http://www.moqawama.org/.



Haut de page
Réalisé sous SPIP
Habillage ESCAL 4.5.87
Hébergeur : OVH