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Ne laissons pas le conflit arriver jusqu‘en France
Raphaël Haddad président de l’Union des étudiants juifs de France (UEJF) - Le Monde
Article mis en ligne le 15 janvier 2009

En dix jours, on a constaté une terrifiante recrudescence de l’antisémitisme en France, le plus souvent en marge des manifestations propalestiniennes. Grenoble, Villeurbanne, Bordeaux, Toulouse, Aubervilliers, Lingolsheim, Paris, Nice, Lyon, Metz : la liste des villes où se sont produits des actes antisémites ne cesse de s’allonger. Et notre cauchemar de renaître.

Les bâtiments juifs d’abord. A Metz, on a failli assister à un véritable déchaînement : 200 propalestiniens ont quitté la manifestation et se sont dirigés vers la synagogue, avant d’être repoussés par la police. A Bordeaux, les vitrines de deux magasins cachers sont brisées. Quelques jours auparavant, on y avait tagué « Boycott Israël ». A Toulouse, c’est une voiture bélier qui vient fracasser le portail d’une synagogue. On retrouve à l’entrée un autre véhicule volé, contenant des cocktails Molotov.

Les agressions contre les personnes ensuite. A Villiers-le-Bel, une adolescente juive est bousculée et traitée de « sale juive ! » par une dizaine d’autres collégiens. A Paris, dimanche 4 janvier, la manifestation propalestinienne vient de se terminer. On a entendu des slogans abjects. Comme à Téhéran ou à Beyrouth, des drapeaux d’Israël ont été brûlés. Il est 18 h 30, trois jeunes juifs, dont deux mineurs, passent à proximité. Ils sont roués de coups par une vingtaine de personnes. Samedi 10 janvier, pour éviter que de telles violences ne se reproduisent, un itinéraire inhabituel est proposé aux manifestants parisiens, tandis qu’au même moment, à Nice, la manifestation dérape de nouveau et que la police est contrainte de fermer en urgence la rue qui mène à la synagogue.

Magasin tagué, synagogue attaquée, juif insulté, menacé, frappé. Revoilà les pires moments du début des années 2000. Il y a peu, personne n’aurait cru qu’une vague d’antisémitisme aussi virulente pourrait déferler. En 2001, pendant la seconde Intifada, il nous avait fallu recenser 400 actes pour que la recrudescence de l’antisémitisme soit reconnue. Une quinzaine d’actes, c’est déjà trop. Nous ne voulons pas attendre. Alors que les facs viennent de rouvrir leurs portes, nous ne voulons pas revivre une Intifada des campus. Nous ne voulons pas attendre un mort pour lancer un appel pour une paix républicaine.

Il en va de la responsabilité de chacun de refuser que la haine antisémite ne s’installe. Et ce n’est pas le problème « des juifs et des musulmans ». Il est inacceptable de nous renvoyer dos à dos, dans une lecture communautariste et déresponsabilisée. Parler de tensions intercommunautaires, comme nous l’entendons partout, est une politesse inopportune. Ce problème, c’est celui de la France. En 2001, certains l’avaient dit : lorsqu’un juif est attaqué, c’est la République qui est attaquée. Tâchons de nous en souvenir et d’agir.

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