Bandeau
DESINFOS.COM
Slogan du site

Depuis Septembre 2000, DESINFOS.com est libre d’accès et gratuit
pour vous donner une véritable information indépendante sur Israël

Les Etats-Unis, un danger pour le monde
David Ruzié *
Article mis en ligne le 19 octobre 2005

C’est à Disraëli que l’on devrait cette formule : « La statistique est la forme la plus raffinée du mensonge »

De fait, l’exploitation qui peut être faite de statistiques peut donner une image trompeuse de l’état de la société internationale.

C’est cette constatation qu’on ne peut manquer de faire à la lecture, dans Le Monde du 19 octobre 2005 (p. 2), des conclusions d’un rapport, établi après « trois ans d’études » (sic) par le Human Security Center sur « Guerre et paix au XXIème siècle ».

Or, l’objectif de ce rapport était de « combler le déficit de données fiables sur les questions de sécurité internationale », ce qui aurait dû attirer l’attention de l’International Herald Tribune, ce qui n’a pas été le cas.

Il est, en effet, important de savoir que « depuis 1945, les pays engagés dans le plus grand nombre de conflits internationaux ont été le Royaume Uni (21), la France (19), les Etats-Unis (16) et la Russie (9).

Et le grand quotidien du soir de demander au président de l’International Crisis Group, l’un des « meilleurs observatoires des conflits », de tirer des enseignements de ce rapport. Il en résulte que les « principaux dangers qui menacent aujourd’hui la sécurité de la planète » sont : la prolifération nucléaire et le terrorisme.

Certes, l’interview témoigne, également, de l’inquiétude de Gareth Evans au regard de « la perte d’influence de la notion d’ordre international, par ce discours de l’administration américaine qui consiste à dire que le monde n’a pas besoin de l’ONU ».

Mais comment l’éditorialiste du Monde peut-il écrire, quelques pages plus loin (p. 14) que selon Gareth Evans, trois types de menaces guettent le monde : la prolifération des armes de destruction massive, notamment nucléaires, le terrorisme et enfin « la remise en cause par la première puissance mondiale, les Etats-Unis d’Amérique, d’un ordre international, et notamment de l’ONU.... » ?

Apparemment, en l’espace de ces quelques12 pages du même numéro, les dangers ont augmenté d’un tiers pour aboutir à la mise en cause, nommément des Etats-Unis.

On se demande vraiment pourquoi Saddam Husseïn, dont le procès pour crimes contre l’humanité vient de commencer a empêché pendant une dizaine d’années les inspecteurs de l’ONU de contrôler l’état du désarmement auquel l’Irak était tenue, par une décision du Conseil de sécurité mettant fin à l’opération de police internationale, lancée au lendemain de l’agression de l’Irak, en 1990.

S’il est vrai que la preuve de la présence de stocks d’armes de destruction massive n’a pas pu être apportée, malgré l’intervention armée de l’Alliance en Irak en 2003, la contre-épreuve n’a pas non plus été apportée.

Il faut savoir que ce n’était pas la présence d’armes nucléaires qui était suspectée mais celle d’armes plus difficiles à détecter, à savoir des armes biologiques et chimiques.

Et rien n’est plus facile de camoufler en d’inoffensifs produits pharmaceutiques ou autres des molécules susceptibles d’être, à la dernière minute, rapprochées pour devenir de redoutables armes de destruction massive.

On ne peut s’empêcher de rapprocher, à propos de la position du gouvernement français face à l’intervention militaire initiée par les Etats-Unis, la récente mise en examen de deux très anciens hauts fonctionnaires du Quai d’Orsay suspectés d’avoir touché d’énormes « pots de vin », dont ils auraient rétrocédé une partie à Saddam Husseïn et à certains de ses dignitaires.

On comprend mieux pourquoi la France a défendu, jusqu’à la dernière minute, le dictateur irakien.

Pour en revenir à l’ONU, l’Organisation mondiale a - si besoin était - fait, dans l’affaire irakienne, la preuve de son inefficacité.

Et la circonstance que le prix Nobel de la paix ait été attribué à l’Agence internationale de l’énergie atomique et à son directeur général, l’Egyptien El Baradeï, souvent en conflit avec les Etats-Unis, ne nous paraît être qu’une nouvelle illustration de l’antiaméricanisme primaire, qui prévaut dans l’opinion publique internationale.

Et cela au même titre que l’attribution du prix Nobel de littérature au dramaturge britannique Harold Pinter, dont la presse française s’est empressée de souligner les positions antiaméricaines, notamment à propos de l’Irak.

Mais l’honnêteté nous oblige à reconnaître qu’après une interruption volontaire de la lecture du Monde pendant près de 30 mois, nous avons noté une atténuation du parti pris systématiquement antiisraélien qui nous avait précisément conduit à résilier notre abonnement.

Il y a quelques jours à peine, alors que certains médias ne mentionnaient même pas l’odieux attentat terroriste au Goush Etzion ou faisaient, tels Le Figaro, à nouveau référence à des « activistes » ou qualifiaient de « colons » les malheureuses victimes, Le Monde relatait l’action d’ « occupants d’un véhicule » contre des Israéliens venant d’ « implantations » voisines.

Ce plus grand souci de rigueur dans la terminologie, dans certains cas, n’excuse pas pour autant un « amateurisme » non moins certain, dans d’autres.


  • David Ruzié, Professeur émérite des universités, spécialiste de droit international


Haut de page
Réalisé sous SPIP
Habillage ESCAL 4.5.87
Hébergeur : OVH