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Le rapport Winograd et l’honneur d’Israël
Par Guy Senbel pour Guysen International News
Article mis en ligne le 2 février 2008

Cette semaine, nous souhaiterions attirer l’attention de nos lecteurs sur la remise tant attendue du rapport de la commission Winograd chargée d’enquêter sur la responsabilité de la conduite de la Deuxième guerre du Liban. Après la remise du rapport intermédiaire au mois d’avril 2007, qui qualifiait alors la guerre d’insensée, l’opinion publique s’attendait à une très sévère mise en accusation du Premier ministre israélien, qui l’aurait conduit à la démission. Il n’en sera probablement rien...

Malgré les rumeurs, les fausses fuites d’une presse israélienne qui aura contribué à construire l’image d’un Ehoud Olmert incompétent voire irresponsable, malgré les spéculations politiques de l’opposition qui a cru voir un instant la chute du gouvernement corroborer l’éclatement de Kadima, comme il l’avait annoncé à la séance de clôture de la Conférence d’Herzlya la semaine passée, Ehoud Olmert reste le Premier ministre d’Israël. Et la Knesset n’est pas renouvelable avant l’année 2010.

L’homme dont l’extraordinaire impopularité est principalement fondée sur les échecs d’Israël dans la Deuxième guerre du Liban risque même de tirer une certaine gloire de la clémence inattendue des conclusions du rapport Winograd. L’honneur retrouvé d’Ehoud Olmert lui profiterait maintenant, à l’heure où il souhaite engager le pays dans une période de « douloureuses concessions », soutenu par un Président américain soucieux qu’une paix israélo-palestinienne soit signée avant la fin de son mandat.

En focalisant les critiques sur les erreurs du passé, celles relatives aux décisions gouvernementales qui engagent aujourd’hui la destinée d’Israël risquent de ne pas être entendues.

Les éditorialistes de la presse israélienne se demandent s’ils ne sont pas allés trop loin en jouant le jeu de la vindicte populaire. Le rapport final de la commission Winograd est d’abord un fiasco pour une presse pressée de rendre compte à l’opinion publique des règlements de compte et des grands changements, tellement annoncés qu’ils finissent par être attendus...

Certes, les mots sont sévères et laissent supposer le pire. Alors qu’Israël retient son souffle, le juge Winograd, mercredi 30 janvier à Jérusalem, parle de « fiasco » et qualifie « d’immense et grave cafouillage » les 33 jours de conflit.
Devant 300 journalistes locaux et internationaux, les juges ont déploré l’absence de victoire, mais sur des questions essentielles, Ehoud Olmert n’a pas été mis en cause.

Les cinq juges ont cette fois approuvé la décision du Premier ministre de se lancer dans une guerre légitime contre le Hezbollah qui faisait alors pleuvoir des missiles sur le Nord d’Israël. Il n’est pas non plus reproché à Olmert d’avoir lancé une offensive terrestre controversée dans les derniers jours de la guerre. Le chef du gouvernement et son cabinet restreint auraient même fait preuve de « jugement raisonnable », en décidant une action pourtant coûteuse en vies humaines.

Même si la démission par anticipation de l’ancien chef d’Etat major Dan Haloutz et la mise à l’écart de l’ancien ministre de la Défense Amir Peretz ne sont pas sans relation avec le « fiasco » dénoncé, le rapport d’enquête ne fera pas tomber de têtes. Les anciens responsables de la dernière guerre ne sont plus exposés depuis longtemps, ils n’auront pas à répondre aux « graves fautes et manquements » constatés.

Le rapport final est trop nuancé pour ressembler au chef d’accusation que l’on cite au cours d’un procès, pour justifier une levée de boucliers du Likoud ou chez certains travaillistes. Le fiasco militaire de l’été 2006 ne se transformera pas en fiasco politique. Les juges ont fait le choix de la clémence contre celui de la vengeance.

Non, le rapport Winograd ne souffre d’aucune manipulation politique, comme tend à l’indiquer un communiqué d’Amnesty International qui s’interrogeait jeudi 31 janvier sur l’absence de critiques formulées au titre des « graves violations humanitaires au cours du conflit », et pour lesquelles des hauts responsables devraient passer en jugement...

L’armée israélienne n’a peut être pas gagné la Deuxième guerre du Liban, mais de ce point de vue, elle doit rétablir son image, tant en Israël que dans la région. Cependant, l’armée d’Israël n’a certainement pas perdu cette guerre non plus. Malgré les « graves défaillances », Elyahu Winograd s’est félicité de la résolution 1701.
Si elle était appliquée en effet, elle serait favorable à Israël.

Si l’objectif poursuivi par Tsahal au cours de l’été 2006 était d’arrêter les tirs de missiles du Hezbollah sur le Nord, on pourrait même considérer qu’Israël a gagné la guerre. Deux échecs patents l’ empêcheront toujours de crier victoire : l’incapacité de mettre hors d’état de nuire les terroristes chiites libanais et la libération des deux militaires toujours en otage.

Depuis 588 jours, nous pensons à eux. Ehoud Goldwasser et Eldad Reguev sont-ils vivants ? Au Liban, en Syrie, en Iran ?
Guilad Shalit est-il passé en Egypte avec les terroristes qui ont fui Gaza pour le Sinaï, les armes à la main, en direction d’une frontière israélo-égyptienne trop ouverte pour que l’on ne s’inquiète pas de la sécurité des habitants d’Eilat...

Il y a 588 jours, le gouvernement d’Ehoud Olmert avait déclaré la guerre au Hezbollah pour sauver la vie de deux soldats. Les juges de la commission Winograd ont décrété qu’un tel acte était légitime.
C’est l’honneur d’un pays que de sauver ses soldats.
C’est l’honneur d’un pays que de répondre à la force de ses agresseurs, par la force.
C’est l’honneur d’un pays démocratique que de mettre en place une commission d’enquête pour comprendre ses erreurs.



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