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Le nœud du problème
Par David Ruzié, professeur émérite des universités, spécialiste de droit international
Article mis en ligne le 17 avril 2012

Au moment où le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou rencontre à Jérusalem son homologue palestinien, Salam Fayyad, ce mardi 17 avril, et renoue ainsi, un dialogue direct après 18 mois de gel des négociations, il n’est peut-être pas inutile de s’interroger sur la raison profonde du refus du monde arabo-musulman du règlement du conflit du Moyen-Orient.

Nous utilisons, à dessein, cette appellation avant de préciser que sous ce vocable, nous entendons éviter de nous focaliser sur ce qui est couramment appelé, à tort, « conflit israélo-palestinien ».

En effet, dès la création de l’Etat d’Israël, en 1948 – et même avant, dès le vote de la résolution de l’Assemblée générale des Nations Unies, en novembre 1947, sur le partage du territoire de la Palestine sous mandat britannique - le monde arabo-musulman manifesta son hostilité à Israël.

Mis à part Cuba, la Grèce et l’Inde, deux pays musulmans – sans être arabes – joignirent leur opposition à celle des huit Etats arabes, alors membres de l’ONU (Afghanistan, Arabie saoudite, Egypte, Irak, Liban, Pakistan, Syrie et Yémen)..

Par la suite, l’hostilité, devait dépasser le plan politique et prendre une tournure militaire, puisque 5 armées arabes (venant d’Egypte, de Syrie, du Liban, de Transjordanie et même de la lointaine Irak) envahirent le nouvel Etat.

On ne parlait pas à l’époque du peuple palestinien, pas plus d’ailleurs que d’Etat palestinien : la preuve en est que la résolution sur le partage en deux Etats prenait en compte la population juive du territoire pour proposer un « Etat juif » et la population arabe pour justifier la création d’un « Etat arabe ».

Il faut savoir en effet qu’à partir de l’établissement du mandat britannique et compte tenu du dynamisme économique engendré par le développement de l’immigration juive, des dizaines de milliers d’Arabes, venus des pays voisins, affluèrent dans le territoire.

Il fallut attendre le dépassement de la « Ligne verte » par les troupes israéliennes en juin 1967 pour qu’on entende parler brutalement de l’existence d’un peuple palestinien, qui réclamait son Etat .

Or, non seulement, entre 1948 et 1967 ni l’Egypte, qui occupait la Bande de Gaza, ni la Jordanie, qui avait même annexé la partie de la Cisjordanie promise au futur Etat arabe, ne prirent l’initiative de susciter la création d’un Etat palestinien.

A l’époque on n’entendait pas parler du slogan simpliste « Les Territoires contre la paix », et pour cause Israël n’ « occupait » (pour autant qu’on puisse parler d’occupation pour des Territoires contestés, mais n’appartenant encore à aucun Etat) aucun terrtoire.

Mais Israël attendait toujours que le monde arabo-musulman reconnaisse la légitimité de son existence et devait faire face à des guerres déclarées ou d’usure, sans compter des actions terroristez.

Même au lendemain de la guerre de Six Jours, alors que le gouvernement israélien proposait de restituer les territoires, qui venaient d’être placés sous son autorité, au lendemain de l’agression imminente égypto-syrienne et de l’attaque jordanienne effective, la Ligue arabe, réunie, en septembre, à Khartoum, rejeta haineusement la proposition israélienne par un triple non : non à la reconnaissance d’Israël par les Etats membres, non à la négociation, non à la paix.

Lors de leur rencontre, le Premier ministre israélien a dû rappeler le désir d’Israël de négocier, cependant que son homologue aura repris l’antienne traditionnelle depuis des années : « pas de négociation avant l’arrêt de nouvelles constructions dans les Territoires ».

Certes, bien que nous nous soyons permis, à différentes reprises, ici-même, de considérer que le développement de ces constructions n’était peut-être pas très opportun, s’agissant de « territoires contestés », il n’en demeure pas moins que ces initiatives n’étaient en rien, par elles-mêmes, contraires au droit international puisqu’elles n’impliquaient nullement l’établissement de la souveraineté israélienne sur ces implantations.

De telle sorte que ce préalable posé par les Partie palestinienne constitue une manœuvre dilatoire visant à faire retomber sur Israël l’absence de négociations.

Et on ne peut que regretter que le monde arabo-musulman, grand pourvoyeur de moyens financiers, n’ait pas fait pression sur les Palestiniens pour les pousser à accepter la négociation,

Car il est évident que sans ce soutien inconditionnel à leurs positions intransigeantes, telle que, par ailleurs, l’exigence d’un « droit de retour » (sic ) des réfugiés, la Partie palestinienne n’aurait pas été en mesure de poursuivre les attentats ou les attitudes négatives.

Et c’est là qu’on est en droit de se demander si, dans le fond, le monde arabo-musulman est véritablement prêt à accepter l’idée d’un « Etat palestinien ».

Car permettre la remise en cause de l’Etat d’Israël permettrait, du même coup, de retarder la création d’un Etat palestinien.

A l’origine, plusieurs Etats (Egypte, Syrie) pouvaient rêver d’établir leur propre souveraineté sur l’ensemble de l’ancien territoire sous mandat, d’où leur hostilité au plan de partage.

Cette visée sur ce territoire entrait dans le rêve caressé par certains dirigeants de tel ou tel pays d’établir un « Croissant fertile » sur les ruines de l’ancien Empire ottoman.

Par ailleurs, le monde arabo-musulman aurait tendance à considérer que la zone géographique concernée constitue un « Dar el Islam » (Terre d’Islam) d’où le rejet de toute présence non-musulmane dans le secteur.

Et, enfin, bien que l’évolution du « printemps » arabe tende malheureusement à prouver que l’idéal démocratique ne semble pas encore prêt de s’acclimater au Moyen-Orient, on peut également se demander si l’hostilité affichée par les dirigeants du monde arabo-musulman à l’égard d’Israël ne cache pas, en réalité, une aversion à l’idée même d’un Etat palestinien, qui risquerait d’adopter le modèle démocratique de la société israélienne.

Et donc il y aurait, pour eux, un risque de contagion, qui ne peut manquer de nous rappeler l’hostilité initiale de l’Union soviétique à une libéralisation des systèmes politiques de certaines « démocraties populaires » (Hongrie, Tchécoslovaquie, Pologne).

Tout cela pour dire que si Israël commet, parfois, des maladresses, le camp opposé multiplie, lui, lui les conditions préalables, qui cachent mal une répulsion à accepter la légitimité de l’Etat d’Israël, l’Etat des Juifs, alors que l’Etat palestinien ne serait qu’un Etat arabe de plus.



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