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La situation syrienne vue d’Israël par le ministre de la Défense israélien, Ehoud Barak
Hélène Keller-Lind
Article mis en ligne le 20 juillet 2012

Cette analyse d’Ehoud Barak, ministre de la Défense israélien, ancien Chef d’Etat-Major et l’un des héros d’Israël, qui est également un reportage en direct depuis la frontière entre Israël et la Syrie donne une idée très précise des nouveaux dangers auxquels pourrait être confronté Israël. Il faut la lire in extenso.

Remarques faites le 19 juillet au matin par le ministre de la Défense, Ehoud Barak depuis le Plateau du Golan

« Nous sommes sur le plateau du Golan, face à Al jubata Khachab qui est juste à un peu moins d’un kilomètre d’ici. Nous voyons les combats d’ici, les obus de mortier ;. On entend l’écho des balles de la bataille entre l’armée syrienne et les groupes rebelles, les combattants révolutionnaires et les partis d’opposition.

A deux cents mètres au sud, nous voyons l’ONU, et à huit cents mètres à l’ouest, il y a la barrière de la frontière. Cela montre juste à quel point la désintégration du régime est loin d’être abstraite, elle est réelle et se rapproche. Ce qui s’est passé hier à Damas [ un attentat qui a tué plusieurs hauts dignitaires du régime ] va catalyser la chute de la famille Assad. Les officiels tués étaient très proches du régime ... Cette attaque est un coup sérieux à l’axe radical, à la fois à l’Iran et au Hezbollah, les seuls partisans de la famille Assad.

Même désorganisés les rebelles prennent de plus en plus de risques pour participer à la lutte, non seulement à partir de positions protégées, mais aussi dans les grandes villes, y compris à Damas. Ils tiennent de grande parties de la Syrie sous leur contrôle. Nous voyons le monde appeler à un cessez-le, mais cela n’a aucun effet.

Pour nous les Israéliens, qui vivons près de la Syrie, il y a une leçon à tirer qui n’est pas simple ... même quand les pires des atrocités sont commises, les gens massacrés ... Nous nous souvenons des images de tombes des enfants, des chars, de l’artillerie et des hélicoptères de combat utilisés contre le peuple par l’État ... ( cet écho que nous entendons, ce sont des obus de mortier de l’autre côté de la frontière) ... et pourtant le monde reste toujours silencieux. Il ne parvient pas à former une coalition et n’a ni la volonté ni le pouvoir politique d’agir.

Le régime d’Assad est arrivé à un point tel qu’il va tomber et personne ne sait ce qui va se passer ensuite. Il y a différents acteurs là-bas. Il y a ceux qui se sont opposés au régime depuis longtemps, il y a des déserteurs de l’armée syrienne, il y a ceux qui sont venus de l’extérieur, qui ont été appelé à l’aide et sont venus, il y a des membres du Jihad Islamique mondial et Al-Qaïda ; et plus nous attendons, plus la situation va devenir difficile et chaotique après la chute d’Assad.

Nous ne sommes évidemment pas le seul acteur dans la région à être très inquiet ; inquiet parce qu’une situation anarchique entraînera le transfert de systèmes sensibles entre de mauvaises mains. Ce n’est pas une petite quantité d’armes chimiques qui sont dispersées dans tout le pays et il y a beaucoup d’armes aux mains des civils. Les forces rebelles ont commencé à attaquer et à prendre le contrôle de bases militaires et saisissent des armes pour leur propre usage. Ils ne sont pas organisés en une force de coalition conjointe. Je ne pense pas qu’ils se connaissent tous, pas plus qu’ils n’agissent ensemble. Chaque groupe tente, à partir de sa propre position, à mettre fin au régime sanglant de la famille Assad.

Nous avons là l’occasion de les voir ici ... Les commandants des divisions, les gens ... C’est l’un des points d’observation les plus proches pour voir les affrontements et peut-être le seul.

Nous suivons deux éléments principaux. La possibilité que, pendant la chute du régime d’Assad, le Hezbollah va essayer de faire passer - à partir de la Syrie au Liban - des systèmes avancés d’armements ou des missiles sol-sol lourds, ou même des armes chimiques ; nous resterons donc vigilants.

Sur le plateau du Golan nous prêtons attention à la possibilité de voir arriver des vagues de réfugiés qui frappent déjà à la porte de leurs voisins. Des centaines de milliers de réfugiés ont déjà fui en Turquie. 140.000 réfugiés ont également fui les combats pour aller en Jordanie. Pour l’instant, ils n’ont pas choisi de venir en Israël, mais lorsque le régime tombera, cela pourrait bien arriver. Nous nous souvenons des événements de l’année dernière. Nous devons agir avec vigilance et rester vigilant. Certaines leçons ont déjà été intériorisées et nous avons amélioré la barrière et le système de sécurité en général. Je vois que les troupes ici sont alertes et surveillent de près [la situation], et si nous devons stopper de vagues de réfugiés, c’est ce que nous ferons.

Nous estimons aussi que plus la guerre civile dure ; plus le ressentiment sera grand, plus grand sera la volonté de vengeance, et plus grande la colère entre les parties. La chute d’Assad pourrait donc conduire à une guerre civile et un chaos qui perdurent. Dans cette situation, nous pourrions aussi nous retrouver avec le plateau du Golan servant de nouvelle plate-forme à partir de laquelle des terroristes pourraient lancer des attaques contre Israël. Nous avons donc besoin d’avoir une présence discrète dans cette région et être à la fois alerte et prêt [pour chaque scénario possible] ».



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