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La mémoire des réfugiés palestiniens
par David Ruzié, professeur émérite des universités, spécialiste de droit international
Article mis en ligne le 9 janvier 2008

Dans son édition du 9 janvier 2008, Le Figaro publie un article de son correspondant à Jérusalem, Patrick Saint-Paul, dont nous avons déjà eu l’occasion, ici même, de relever (www.desinfos.com/article.php?id_article=7620) l’art de choisir les personnes à interviewer.

Cette fois, à propos de l’aspiration des réfugiés palestiniens au retour dans les foyers qu’ils ont quitté, lors de la guerre d’indépendance d’Israël, le journaliste français nous raconte les tribulations de Abdel al-Halim Natah, « qui n’était encore qu’un enfant lorsqu’il a été forcé de fuir son village de Beit Jubrin », en 1948.

Nous pouvons parfaitement admettre que près de 60 ans plus tard, quelqu’un puisse avoir quelques souvenirs datant d’une époque où il n’avait, pourtant, que 3 ou 4 ans.

Mais là où Patrick Saint-Paul prend les lecteurs du Figaro pour des demeurés, c’est lorsqu’il écrit, sans même prendre la précaution d’utiliser les guillemets, qui lui permettent parfois d’essayer de faire passer n’importe quoi qu’ « âgé de 63 ans, Natah conserve un souvenir précis de sa maison de Beit Jubrin et de la richesse de ses terres agricoles » (souligné par nous).

Quelle mémoire phénoménale !

Certes, ce Palestinien qui figure parmi ceux qui ont réellement quitté leur maison, en 1948, pourrait prétendre, au moins à une indemnisation, au même titre que les Juifs, qui ont dû fuir les pays arabes, après la création de l’Etat d’Israël peuvent prétendre à une indemnisation de même nature.

Mais, on ne doit pas perdre de vue qu’il y aurait, actuellement, 4 millions de personnes qui prétendraient avoir la qualité de « réfugiés palestiniens » et qui donc, même selon Mahmoud Abbas auraient vocation à revenir dans leurs (?) foyers, y compris si ceux-ci sont situés dans les limites actuelles de l’Etat d’Israël.

Pour toute personne de bonne foi, il est évident qu’Israël ne peut, en aucun cas, accepter de reconnaître un quelconque « droit de retour », au profit de personnes qui n’ont jamais eu aucune attache, disons physique, avec le territoire alors sous mandat britannique.

Quant à ceux qui seraient effectivement nés avant 1948, Israël, a d’ailleurs admis, que, dans certains cas, il admettrait un tel retour, sous réserve, bien évidemment, que cela ne délégitime pas son caractère juif.

Lorsque Le Figaro titre l’article de son correspondant « Soixante ans après la création de l’Etat hébreu, le droit au retour des Palestiniens reste une des clés du conflit » il nous paraît focaliser le problème sur une branches de l’alternative (retour ou indemnisation, après avoir, au préalable, défini la qualité de « réfugié »), branche qu’Israël ne peut évidemment pas accepter.

Et l’on retrouve la querelle quelque peu stérile sur la qualification même d’ « Etat juif » ou d’ « Etat des Juifs », que nous avons déjà abordée, ici, le 14 novembre dernier.

Le journal français esquive en quelque sorte la difficulté en évoquant l’ « Etat hébreu ».

Seulement depuis des siècles on ne parle plus des Hébreux, mais de leurs descendants, les Juifs.

Et c’est manifestement à l’intention des Juifs que l’Assemblée générale des Nations Unies, dans sa résolution 181(II) préconisant le partage, a prévu un Etat, puisque la résolution se prononçait pour un « Etat juif » et un « Etat arabe ».

Si, pour notre part, nous préférons parler de l’ « Etat des Juifs » c’est pour éviter de donner argument à ceux qui contesteraient l’existence d’un Etat théocratique reposant sur la loi juive (notons toutefois que ces mêmes contestataires ne sont pas gênés par l’existence de la « République islamique d’Iran » ni par le fait que plusieurs Etats adoptent la loi islamique - en revanche l’existence de l’0rganisation de la conférence islamique, organisation intergouvernementale regroupant 56 Etats et la Palestine nous paraît être d’une autre nature).

Il y a quelques semaines encore, le président Bush, lors de la conférence d’Annapolis parlait de la « patrie des Juifs » et aujourd’hui même en arrivant à Jérusalem il a déclaré « L’alliance entre nos deux pays contribue à garantir la sécurité d’Israël en tant qu’Etat juif",

Cette terminologie met bien l’accent sur le véritable enjeu de la négociation à venir : Israël, qui, compte actuellement 76% de Juifs, a effectivement vocation à rester un « Etat pour les Juifs », caractéristique qui serait détruite par un afflux de millions de non-Juifs, au motif que leurs ascendants auraient, un jour, vécu sur une parcelle de la Palestine sous mandat.

Lors de la future négociation qui portera sur les frontières, le statut de Jérusalem et le « droit de retour » des « réfugiés », seul le dernier point, vital pour la survie d’Israël, ne peut faire l’objet de concessions.

Mais, sans être « redescendu du Sinaï » comme me le reprochait, récemment, un de mes contradicteurs sur ce site, « c’est juste mon avis » et je le partage.



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