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La logique de la force
Par Jonathan Chait*, The Guardian
Article mis en ligne le 11 août 2006
dernière modification le 13 août 2006

Il faut le reconnaître, la contre-offensive israélienne au Liban ne semble pas très bien progresser. Les Libéraux le disent. Les Conservateurs le disent. Beaucoup d’Israéliens le disent. Mais ce qui est ici curieux, c’est que personne ne s’inquiète sérieusement de ce que pourrait être l’alternative. La critique de la campagne terrestre d’Israël - quel que puisse être son bien fondé - part du principe que la paix pourrait être obtenue si seulement Israël cessait son offensive.

Examinons donc cette idée. Ceux des Nations Unies affirment qu’Israël devrait se retirer du Liban, cesser ses frappes aériennes et qu’une force internationale devrait se déployer au Sud-Liban. Mais chacune des puissances qui pourrait participer à une telle force a fait savoir qu’elle ne voulait pas affronter le Hezbollah. Kofi Annan a déclaré que le consentement du Liban à la présence d’une force de maintien de la paix était « un principe cardinal ». Et ni le Hezbollah ni le gouvernement libanais n’a manifesté la moindre velléité de retirer les forces du Hezbollah du Sud-Liban.

Les colombes souffrent d’une disjonction chronique entre les buts désirés et les moyens de les réaliser. Voici ce que l’ex-Président Carter a écrit dans un récent éditorial du Washington Post : « Le besoin le plus urgent au Liban, c’est que l’offensive israélienne soit arrêtée, que l’armée régulière libanaise prenne le contrôle de la région sud, que le Hezbollah cesse d’être une force combattante autonome, et que soient empêchées de futures attaques contre Israël. »

La forme passive de la dernière clause « que soient empêchées de futures attaques » est révélatrice. Qui les empêchera ? Israël est entré au Liban, parce que personne d’autre n’en avait le désir ou la velléité.

Ce qui veut dire que la solution implicite des colombes est qu’Israël se retire du Liban et cesse ses bombardements, et que le Hezbollah aille son chemin. C’est pourquoi elles soulignent que peu d’Israéliens sont morts par suite des tirs de roquettes depuis l’an 2000.

Mais le décompte des victimes ne rend pas vraiment compte des dommages provoqués par le Hezbollah. Le but des attaques de missiles est d’obliger Israël à vivre sous la menace constante d’attaques de missiles ou de raids à l’intérieur de ses frontières, lesquels, quoique sporadiques, peuvent se produire à tout moment. Aucune nation ne considèrerait de telles conditions comme acceptables. Et même si Israël apprend à subir courageusement les attaques périodiques du Hezbollah, rien ne garantit que celles-ci ne vont pas empirer. Après tout, le Hezbollah reçoit d’Iran de nouveaux missiles plus puissants.

Alors, que peut faire Israël ? La sagesse traditionnelle tient pour acquis que toute intervention armée est contre-productive. Les colombes soulignent que la contre-offensive israélienne a amélioré la position du Hezbollah dans le monde arabe.

Oui, sans doute. Mais le prestige du Hezbollah a aussi été grandement servi par le retrait d’Israël du Sud-Liban en 2000. Si les actions israéliennes agressives servent le Hezbollah, et que l’attitude conciliante d’Israël sert le Hezbollah, alors peut-être ce qu’Israël fait ou ne fait pas n’est pas réellement un facteur déterminant de cette situation. Peut-être le Hezbollah a-t-il considéré qu’il pouvait devenir le champion du monde arabe en se présentant comme le principal antagoniste d’Israël, et qu’il continuera à l’être quelle que soit la réaction d’Israël.

Les colombes ont raison de dire que toute solution comportant des attaques contre des civils innocents est terrible. Le spectacle des maisons écroulées et des enfants morts brise le cœur. Mais lorsqu’une nation est peuplée en partie de fanatiques religieux meurtriers qui prennent plaisir à tuer des civils ennemis et considèrent leurs propres victimes civiles comme un avantage stratégique, toute option s’avèrera être terrible.

Israël espère modifier l’équation : forcer le Liban à prendre le contrôle de sa frontière sud ou accepter pour ce faire la présence sur son sol d’une force étrangère. La tactique consistant à frapper le Hezbollah pourra peut-être amener ce résultat. Arrêter les attaques et espérer béatement que tout s’arrangera n’amènera à rien.


  • Jonathan Chait est chroniqueur au Los Angeles Times, où cet article a été publié pour la première fois


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