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La faute de David Ward vue par Rod Liddle, rédacteur-en-chef adjoint du Spectator
Hélène Keller-Lind
Article mis en ligne le 31 janvier 2013

A l’occasion de la Journée Internationale de la Shoah le député libéral démocrate britannique David Ward écrivait un commentaire lapidaire dans le recueil mis à disposition des parlementaires à la Chambre des Communes. Il était, disait-il, « attristé de voir que les Juifs ayant subi de terribles souffrances pendant la Shoah avaient commis des atrocités quelques années plus tard contre les Palestiniens dans le nouvel État d’Israël et continuent à le faire quotidiennement en Cisjordanie et Gaza ». Parmi les nombreuses réactions suscitées, celle du rédacteur-en-chef adjoint du Spectator résumant bien les choses.

Un indiscutable antisémitisme en évoquant Israël

Le commentaire lapidaire écrit par le député libéral démocrate britannique David Ward dans le livre mis à disposition des parlementaires à la Chambre des Communes à l’occasion de la Journée Internationale de la Shoah ne laissait aucun doute. Évoquant ses deux visites à Auschwitz, cet élu de Bradford-Est accusait clairement « les Juifs » - et non pas « les Israéliens » - d’avoir « commis des atrocités contre les Palestiniens dans le nouvel État d’Israël, quelques années seulement après avoir subi de terribles souffrances pendant la Shoah ». Il ajoutait que « ces Juifs », puisque c’est d’eux qu’il parle, continuent à - commettre des atrocités- quotidiennement en Cisjordanie et Gaza ».

Le lien est clairement fait ici entre antisémitisme et antisionisme par ce député appartenant au Parti Libéral Démocrate qui compte un certain nombre d’anti-sionistes dans ses rangs. Parmi eux Lady Tonge qui a souvent défrayé la chronique par ses positions extrêmement hostiles à l’État hébreu.En 2012 elle a dû quitter le parti pour avoir refusé de s’excuser après avoir tenu des propos particulièrement forts comme le lui demandait le chef du parti.

Propos de David Ward vus par le rédacteur-en-chef adjoint du Spectator

Sous la photo emblématique publiée dans The Spectator pour illustrer le texte d’un blogueur, montrant l’arrivée des rails menant à l’entrée d’Auschwitz, là où se pratiquait ce que les nazis appelaient « la sélection » à l’issue de laquelle certains déportés étaient envoyés directement dans les chambres à gaz et d’autres vers une vie terrible en sursis, on lit cette légende : « Auschwitz et la bande de Gaza semblent être du pareil au même dans l’esprit de certains ».

Sous cette photo et sa légende Rod Liddle livre ses réflexions qui résument bien les choses.

« David Ward, un député libéral-démocrate, a des difficulté avec ses chefs de partis. Il a choisi le Jour de la Shoah pour verser un tantinet dans l’antisémitisme, en suggérant que ce sont ces mêmes Juifs qui ont souffert sous les nazis dans les camps de la mort qui infligent maintenant le même traitement à ces chers Palestiniens. Je ne sais pas pourquoi il est puni ainsi : on trouve ce genre de sarcasme anti-juif automatique juste sous la surface de la plupart des positions anti-israéliennes de ses collègues de parti, soi-disant fondées sur des principes.Notamment pour ceux qui éprouvent le besoin d’apaiser de vastes sections d’électeurs musulmans. La circonscription de Ward est Bradford-Est. Il est bon que cela sorte de temps en temps, afin que le reste d’entre nous soit certain de ne jamais voter pour eux, au cas où nous aurions eu le moindre doute » .

Un blâme écrit pour des propos délibérés révélateurs d’un certain état d’esprit

Quant aux ennuis que David Ward a avec son parti, ils se résument à un blâme écrit. Car, lui a écrit le whip du parti, Alistair Carmichael, son « utilisation de l’expression « les Juifs » dans ce contexte a été inacceptable ». Dans un échange de courriers Alistair Carmichael rappelle à David Ward qu’il s’est engagé lors de la rencontre qu’il avait initiée à « ne plus utiliser l’expression « les Juifs » dans ce contexte ». Engagement confirmé par l’intéressé le 28 janvier. Le 26 il affirmait n’avoir jamais voulu offenser les Juifs et s’excusait pour l’avoir fait sans le vouloir, dit-il. Il avait toutefois affirmé en préambule de sa déclaration écrite que ses « critiques des actions depuis 1948 dans les Territoires palestiniens au nom de l’État d’Israël restent toujours aussi fortes » .

Ce blâme écrit a été qualifié par un porte-parole du Parti libéral démocrate de « carton jaune ». Est-ce bien suffisant ? Car ce qui a été dit l’a été délibérément, sciemment et pas n’importe quel jour.

Les deux fautes de David Ward

Par ailleurs, cet amalgame entre Juifs et Israël, un Israël vilipendé, est révélateur d’un certain état d’esprit. Celui qui a poussé un Merah à tuer à bout portant des enfants juifs. Celui qui en pousse d’autres à commettre des actes antisémites plus ou moins graves. Justifiés à leurs yeux. En Grande-Bretagne on recensait 299 actes antisémites pour les six premiers mois de 2012, dont 148 à Londres. Deux-tiers de la population juive britannique forte de 280.000 âmes environ, vit à Londres et dans le Grand Londres. On note, toutefois, que ce sont 513 actes potentiellement antisémites qui avaient été signalés et que l’organisme chargé de les recenser se montre particulièrement prudent lorsqu’il confirme le caractère des actes signalés

Et c’est en cela que ce personnage public qu’est David Ward a commis deux fautes : d’une part il a justifié par cette déclaration des passages à l’acte antisémites, d’autre part il a insulté la mémoire des déportés, des survivants en l’occurrence.

Elie Wiesel, qu’il a eu l’audace de citer dans des propos incitant à ne pas se taire devant l’injustice pour appuyer ses réflexions mêlant antisémitisme et antisionisme, réagissait ainsi : « je suis outré qu’il utilise mes mots tout en prononçant des calomnies éhontées contre l’État d’Israël ».



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