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L’Accord de Genève, un possible remake des Accords de Munich
Hélène Keller-Lind
Article mis en ligne le 24 novembre 2013

Septembre 1938 : un Neville Chamberlain et un Edouard Daladier se congratulaient pendant qu’un Asolphe Hitler riait sous cape. Les Accords de Munich qui venaient d’être signés devaient garantir la paix, ils débouchèrent sur la Seconde Guerre Mondiale. Novembre 2013 : une Catherine Ashton et un John Kerry se congratulent pendant qu’un Kameinei, un Rouhani ou un Zarif affichent leur satisfaction, se vantant d’avoir obtenu la reconnaissance de leurs droits au nucléaire et une levée de sanctions, accusant déjà la Maison Blanche d’avoir publié un texte modifié et vilipendant le régime sioniste. Réplique de Benyamin Netanyahou : « Israël n’est pas lié par cet accord »constituant « une erreur historique ».

Benyamin Netanyahou et Shimon Perès avertissent à nouveau qu’un Iran nucléaire ne sera pas toléré

Nous nous interrogions début novembre en ces termes : « Benyamin Netanyahou met en garde John Kerry contre un accord qui serait une erreur historique, mais joue-t-il les Cassandres ? » Bien sûr il n’y a pas eu que le Secrétaire d’Etat américain que le Premier ministre israélien avait mis en garde. Cela fait des mois, voire des années que Benyamin Netanyahou avertit qu’il faut démanteler le nucléaire iranien qui s’est développé en partie furtivement, au mépris des résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU, pour atteindre un niveau alarmant.

Seules des sanctions de plus en plus efficaces, que préconisaient d’ailleurs de longue date Benyamin Netanyahou, avaient amené la République islamique d’Iran à accepter de reprendre des négociations avec les membres permanents du Conseil de sécurité + l’Allemagne. Or, cet accord de Genève va à l’encontre de ce qui avait été accompli jusqu’ici.

Benyamin Netanyahou le dénonçait en ces termes lors de la réunion du Cabinet ministériel du 24 novembre : "ce qui a été décidé la nuit dernière à Genève n’est pas un accord historique, c’est une erreur historique. Aujourd’hui, le monde est devenu un endroit beaucoup plus dangereux parce que le régime le plus dangereux au monde a franchi une étape importante pour obtenir l’arme la plus dangereuse au monde. Pour la première fois, les grandes puissances du monde ont accepté que soit enrichi de l’uranium en Iran, tout en ignorant les décisions du Conseil de sécurité de l’ONU dont ils ont eux-mêmes décidé. Des sanctions qu’il a fallu de nombreuses années pour mettre en place et avaient les meilleures chances d’aboutir à une solution pacifique. Ces sanctions ont été abandonnées en échange de concessions iraniennes de façade qui peuvent être annulées en quelques semaines. Cet accord et ce qu’il signifie mettent en danger de nombreux pays, y compris, bien sûr, Israël. Israël n’est pas lié par cet accord. Le régime iranien s’est engagé à détruire Israël et Israël a le droit et l’obligation de se défendre par lui-même, contre toute menace. En tant que Premier ministre d’Israël j’aimerais préciser clairement qu’Israël ne permettra pas à l’Iran de développer une capacité nucléaire militaire".

Le 24 novembre le Président Shimon Perés évoquait cet accord, soulignant qu’il s’agit « d’un accord intérimaire » et que « le succès ou l’échec de cet accord sera jugé par ses résultats et non pas par des mots ». S’adressant au peuple iranien il déclarait : « vous n’êtes pas nos ennemis et nous ne sommes pas les vôtres. Cette question peut être résolue par vois diplomatique, cela est entre vos mains. Rejetez le terrorisme. Mettez un terme à votre programme nucléaire. Cessez de développer des missiles à longue portée. Israël, comme d’autres membres de la communauté internationale, préfère une solution diplomatique. Mais je veux rappeler à tous de ce qu’a dit le Président Obama et ce que j’ai entendu personnellement de la bouche d’autres dirigeants : la communauté internationale ne tolérera pas d’Iran nucléaire. Et si l’option diplomatique ne marche pas, l’option nucléaire sera prévenue par d’autres moyens. L’alternative est bien pire ».

On notera que, contrairement à ce que souligne ici le Président israélien, dans la plupart des déclarations officielles ayant trait à la signature de l’accord de Genève, le volet initiateur ou soutien du terrorisme de la République islamiste d’Iran n’est gère évoqué.

La France satisfaite...

Le communiqué de l’Élysée, alors que l’on avait pu imaginer que la France serait vigilante, est édifiant : "Le président de la République salue la conclusion des négociations de Genève sur le programme nucléaire iranien. L’accord intervenu respecte les exigences posées par la France en matière de stocks et d’enrichissement d’uranium, de suspension de la mise en service de nouvelles installations, de contrôle international.
Il constitue une étape vers l’arrêt du programme militaire nucléaire iranien, et donc vers la normalisation de nos relations avec l’Iran. La France continuera de se mobiliser pour parvenir à un accord final sur ce sujet. L’accord intérimaire adopté cette nuit représente un pas important dans la bonne direction".

L’Europe satisfaite, la République islamiste d’Iran exulte, soulignant un gain de temps...

Il s’inscrit dans le droit fil de la satisfaction exprimée côté européen et iranien... L’agence iranienne Fars News publiant nombre de compte-rendus au ton triomphant, ne manquant pas de vilipender au passage l’État hébreu, allant jusqu’à publier une photo de Benyamin Netanyahou soigneusement revue à la mode Photoshop pour le présenter en monstre......

On voyait, en effet, une Catherine Ashton tout sourire aux côtés du ministre des Affaires étrangères iranien, Mohammad Javad Zarif, exultant clairement, lors de l’annonce de la signature de cet accord.

Dans un communiqué commun les 5 + 1 et la République islamique d’Iran annonçaient : « Après d’intenses négociations, nous sommes parvenus à un accord aujourd’hui sur un plan d’action commun qui définit une approche visant à parvenir à une solution globale à long terme ». Avec « dans une première étape des mesures réciproques initiales à prendre par les deux parties pour une durée de six mois » ainsi « qu’un solide engagement pour négocier une solution finale et complète ». Et d’évoquer « un sentiment de respect mutuel et la volonté de trouver une solution bénéfique pour nous tous » .

« La mise en œuvre de cette première étape donnera le temps et créera l’environnement nécessaire pour une solution globale, qui reste l’objectif commun pour lequel les négociations vont commencer bientôt. Le travail sur la mise en œuvre de cette première étape débutera sous peu. »

Une « mise en œuvre rapide » de cet accord est attendue, et se fera « sous surveillance conjointe, en étroite coordination avec l’AIEA ». Une Agence Internationale onusienne à l’Énergie Atomique dont les inspecteurs n’avaient pas libre accès aux établissements nucléaires iraniens, faut-il le rappeler, voir pas d’accès du tout dans certains cas...par ailleurs, cette notion de temps, la République islamique d’Iran, a eu jusqu’ici pour habitude de l’utiliser à son avantage, jouant la montre depuis des lustres et, ce faisant, ayant fait progresser son programme nucléaire militaire...

Les droits nucléaires et d’enrichissement iraniens reconnus, coup d’arrêt aux sanctions et mise à mal de ce système

A Téhéran le Président Rouhani et le Guide Suprême, l’Ayatollah Seyed Ali Khamenei, - celui-là même qui proclamait récemment que les Juifs ne sont pas humains et qu’Israël est un chien galeux - se congratulaient réciproquement d’avoir "réussi à convaincre les grandes puissances de reconnaître les droits nucléaires et d’enrichissement de la nation iranienne, préparant le terrain pour de futures mesures visant à protéger les avancées techniques et économiques de l’Iran".

Le Président iranien déclarant que "le succès de ces négociations a montré l’on peut inciter les grandes puissances à respecter les droits de la nation iranienne et à prendre des mesures fermes en vue du règlement définitif final des différends grâce à une présentation logique et raisonnable des positions de la nation iranienne, tout en respectant tous les principes et lignes rouges du système de décision ».

Il ajoutait que « la reconnaissance des droits nucléaires de l’Iran et la sauvegarde des acquis nucléaires de l’Iran » ainsi que l’arrêt de sanctions cruelles allant croissant et la diminution des pressions illégales exercées par les sanctions unilatérales ont été les principaux succès de l’Iran dans l’accord de dimanche". Il se félicitait que l’effondrement de la structure des sanctions a commencé
.

Lors d’une conférence de presse donnée à Téhéran, Hassan Rouhani résumait ce que représente cet accord de Genève selon lui en ces termes : « Le résultat des négociations est que le G5 +1 ou, en d’autres termes, les puissances mondiales ont maintenant reconnu les droits nucléaires de l’Iran ». Livrant cette analyse : « Au cours des entretiens, le monde a compris que le respect de la nation iranienne porterait ses fruits et que les sanctions ne fonctionneraient pas. »

L’agence de presse iranienne Fars News expliquant : "l’Iran et le groupe 5 +1 ( les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU plus l’Allemagne ) ont conclu une entente finale ce dimanche, qui inclut la reconnaissance du droit de Téhéran à l’enrichissement de l’uranium et l’élimination et l’assouplissement des sanctions...L’une des pages de l’accord signé à Genève porte sur l’assouplissement et l’élimination des sanctions occidentales sous commandement américain imposées contre l’Iran. Selon l’accord, pas d’autres sanctions ne seront imposées contre l’Iran.

Le droit de l’Iran à l’enrichissement a été reconnu dans deux endroits différents du document.

En retour, l’Iran mettra en place une série de mesures de renforcement de la confiance« . Comme » ne pas étendre ses activités à Arak , Natanz et Fordo dans les six prochains mois, mais l’enrichissement (d’uranium ) à moins de cinq pour cent et la production d’uranium enrichi pertinente à Fordo et Natanz continuera comme avant. L’Iran poursuivra également ses travaux de recherche et développement dans son programme nucléaire".

Ce qui, selon lui, marque l’échec de l’ennemi qui voulait promouvoir l’iranophobie dans l’opinion publique mondiale"


Par ailleurs, le ministère des Affaires étrangères de la République islamiste publiait le texte de l’accord, précisant que, selon lui, « la Maison Blanche a publié une version modifiée de l’accord conclu par l’Iran et les six puissances mondiales à Genève tôt le dimanche matin »

Les malentendus n’auront pas mis longtemps à apparaître...alors que la tonalité des déclarations faites de part et d’autre évoquant immanquablement l’accord qui avait signé à Munich entre Neville Chamberlain et Hitler...



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