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Israël serait-il responsable de son non adhésion à l’Organisation Internationale de la Francophonie ?
Stéphane Drai, juriste en droit international - Montréal, Canada
Article mis en ligne le 5 octobre 2007

En Israël, environ 20 pourcent de sa population parle le français. Un grand nombre d’immigrants francophones provenant de France, du Maroc, d’Algérie et de Tunisie se sont bien intégrés à la société civile israélienne. De nombreux d’étudiants prennent comme langue vivante le Français. Un lien historique et indéfectible datant du XIXe siècle entre la francophonie et le peuple juif (notamment l’alliance israélite universelle d’Adolphe Crémieux) existe etc....

Et pourtant, l’état hébreu ne fait pas partie de l’Organisation Internationale de la Francophonie (pas même en tant que « pays associé » ou « observateurs ») alors que l’Albanie ou la Grèce bénéficient du statut de « membres » ( l’Albanie compte seulement une centaine de francophones ! Les Iles Seychelles comptent moins de 1% de francophones).

Il est à noter néanmoins que cela fait plusieurs années que cette ‘éventuelle candidature’ d’Israël fait débat. En effet, nous connaissons les obstacles majeurs, notamment les ‘pays hostiles’ à l’adhésion d’Israël (le Liban sous influence du régime syrien pour ne pas les citer), mais il existe aussi les réserves du monde arabe en ce qui attrait à cette éventuelle acceptation.

En effet, la règle déraisonnable de l’unanimité, ou plutôt celle du consensus qui régit le processus décisionnel de la francophonie impliquerait en l’état, un rejet quasi certain de sa demande.

Cependant, comme l’a exprimé le Président Sarkozy lors de sa rencontre avec le Président du Crif Mr. Richard Prasquier du 24/07/07, il a confirmé « qu’il ne relâcherait pas ses efforts pour obtenir l’entrée d’Israël dans l’OIF » (Il est à souligner qu’environ ¾ du budget de l’Organisation provient de l’état français, et qu’en l’espèce, un tel poids provenant du gouvernement est décisif quant à la candidature d’Israël).
Aussi, le Secrétaire Général de l’OIF Abou Diouf ne semble pas hostile à cette candidature, et un bon nombre de pays membres ne verraient pas d’un mauvais œil cette adhésion.

Il est tout de même une question qui mérite d’être posée : est-ce que l’état d’Israël est vraiment prêt à présenter sa candidature auprès de l’Organisation ?

Il est légitime de croire qu’Israël ait une certaine crainte à se retrouver dans cette Organisation, notamment par peur de se retrouver accusé de tous les maux de la terre, d’être la raison de certains conflits géopolitiques, de se retrouver tout simplement avec le statut ‘d’accusé’. De plus, l’état hébreu pourrait se voir infliger un ‘camouflet diplomatique’ par un rejet de sa candidature, qu’il ne peut se permettre de compter dans ses précédents diplomatiques.

En effet, il faut bien préciser que l’OIF est devenue au fil du temps une réelle force politique. Comme l’explique Elias Levy (article du 09/12/2004 ‘l’exclusion d’Israël de la Francophonie est un non-sens’), « on ne parle plus du tout de l’état actuel de la langue française, ni de son avenir ». Il est vrai que les Sommets de la Francophonie sont devenus très politiques. Preuve en est, le Sommet de Bucarest en 2006, où le monde entier observait les résolutions concernant les victimes du conflit entre Israël et le Hezbollah.

Cependant Israël pourrait bénéficier d’un certain nombre d’avantages non négligeables, car dans ces Sommets des thèmes cruciaux sont abordés tels que la paix, le développement économique etc..

La paix : l’adhésion d’Israël constituerait une passerelle diplomatique officielle qui est quasi-inexistante en l’état avec les pays arabes et musulmans membres de l’Organisation. En effet, des contacts indirects avec l’état hébreu seraient des plus avantageux pour les partis historiquement en conflit et notamment avec le Liban (et la Syrie par la même).

Une paix juste et globale pourrait donc être instaurée dans cette partie du monde qui se trouve en perpétuel conflit.
En outre, en 2005, Jacques Saada ex-ministre responsable de la francophonie canadien avait suggéré une idée extrêmement novatrice, l’adhésion simultanée d’Israël et de l’Autorité palestinienne à l’OIF, afin que leur présence « soit une valeur ajoutée au processus de paix israélo-palestinien ».

Le développement économique, social et scientifique : des perspectives intéressantes en matière économique pourraient se profiler comme des contrats dans les nouvelles technologies avec les pays africains et les pays de l’Est, des contrats dans les télécommunications, dans l’agriculture etc...

Des villes comme Raanana, Ashdod et Eilat pourraient faire parties de l’association francophone internationale de coopération décentralisée (AFICOD). Une coopération scientifique avec l’agence universitaire de la francophonie (AUF) et les universités israéliennes et palestiniennes pourraient voir le jour. Une meilleure reconnaissance des diplômes entre les pays membres etc...

Les valeurs de rapprochement entre les peuples et le multilatéralisme

Cela pourrait être un rapprochement sans précédent entre des pays membres de l’UE et une proximité majeure avec les pays de l’Est (ex-union soviétique) et Israël. De nouvelles sources de dialogue entre le Maroc, la Tunisie et le Liban pourraient se créer. De nouvelles perspectives en Afrique quelque peu délaissé par les autorités israéliennes pourraient voir le jour etc...

L’environnement : Israël pourrait puiser et offrir de son expérience concernant la préservation de la nature, la qualité des eaux (un problème majeur dans cette partie du monde), la protection des côtes, les recherches environnementales communes etc...

En revanche, Israël doit perdurer dans la voie d’une éventuelle candidature.
Son adhésion à cette arène politique permettrait de ne pas délaisser ses francophones, de penser à des perspectives de collaborations nouvelles, des perspectives de coopérations fructueuses avec d’autres États.
Mais surtout, Israël doit être à la recherche constante d’une paix durable avec ses voisins et ses homologues dans le monde. Israël doit trouver sans relâche des forums de paix.

L’OIF pourrait être un fabuleux tournant dans son histoire diplomatique. Si Israël ne saisissait pas cette chance, il pourrait se voir encore une fois laissé sur le ban des accusés sans pouvoir se défendre directement.

Le XIIe Sommet de la Francophonie à Québec est un moment crucial pour Israël. Sa candidature (en plus de la candidature de l’autorité palestinienne) soutenue par la France et proposée par le Canada serait un tournant diplomatique sans précédent dans l’histoire du multilatéralisme. Il y a certes des risques quant à un éventuel refus, mais la conjonction des éléments actuels pour le prochain Sommet de 2008 à savoir : le 400e anniversaire de la fondation de la ville de Québec, le 60e anniversaire de l’état d’Israël, une apparente volonté de l’autorité palestinienne et de l’état Hébreu à sceller une paix durable, et un récipiendaire du prix Nobel qu’est Shimon Peres comme premier hôte, sont autant d’éléments à ne pas négliger...



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