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Ignorants et malveillants
par David Ruzié, professeur émérite des universités,spécialiste de droit international
Article mis en ligne le 28 octobre 2008

Le Monde daté des 26 –27 octobre fournit deux informations, qui en disent long sur l’ignorance et la malveillance de certains ennemis d’Israël. Tout d’abord, un reportage, en page 3, de Benjamin Barthe, envoyé spécial en Cisjordanie, est consacré à Jibril Rajoub, licencié de son poste de chef de la Sécurité préventive et qui aurait dirigé les opérations « antiterroristes » (sic) de l’Autorité (sic) palestinienne

On apprend, ainsi, que l’intéressé s’est reconverti en tant que patron de la Fédération palestinienne de football. Nous ne prétendons nullement porter un quelconque jugement sur l’aptitude de l’intéressé à remplir ces fonctions.

Mais ce qui est inquiétant, c’est surtout l’ignorance dont il témoigne à propos de l’histoire récente de la région, lorsque le journaliste, complaisant, comme à son habitude, l’interroge sur le processus de paix. Certes, il n’est pas le seul à être, sinon désespéré, du moins déçu. Mais, de là à prétendre que « Les Israéliens continuent à nous traiter comme des esclaves » est proprement scandaleux.

De plus, là où l’ignorance crasse de Jibril Rajoub éclate c’est lorsqu’il déclare « Tant qu’ils ne comprendront pas que l’acte de naissance de leur Etat est non pas dans la Torah, mais la résolution des Nations Unies de 1947 et que celle-ci impose la création d’un Etat palestinien à ses côtés, il n’y aura pas d’espoir ».

On ne peut penser un seul instant que l’intéressé ignore que ce sont les Etats arabes et ses parents palestiniens qui ont, à l’époque, refusé la création d’un Etat arabe aux côtés d’un Etat juif, alors que les dirigeants du Yichouv avaient accepté les termes de la résolution de l’Assemblée générale des Nations Unies, se prononçant pour le partage de la Palestine. On ne peut certes pas lui reprocher d’ignorer nos analyses sur ce site, mais, honnêtement, comment quelqu’un de sa trempe peut-il proférer une telle insanité ?

Quelle évidente mauvaise foi !

Que pour certains Israéliens, le droit d’Israël à l’existence sur la scène internationale trouve son fondement dans la Torah, c’est possible, mais ce n’est nullement ce qui est généralement admis (v. notre analyse du 28 novembre 2007 « http://www.desinfos.com/spip.php?page=article&id_article=8631 »). A la limite on pourrait, toutefois, soutenir que la légitimité d’Israël est confortée par un titre historique, mais celui-ci n’est certainement pas la seule base de cette légitimité.

Mais ce qui est surtout révoltant c’est l’accusation lancée contre Israël d’avoir refusé la création d’un Etat arabe dès 1947, alors que ce fut tout le contraire. Même si aujourd’hui certains Israéliens ont du mal à accepter cette nécessité, il est patent que la très grande majorité des responsables politiques israéliens, voire de la population israélienne, sont acquis à cette solution.

Tout aussi choquante est l’information donnée en page 7 du même numéro à propos de la fin du synode, à Rome. A propos de la question religieuse dans le conflit israélo-palestinien, un prélat maronite libanais, Mgr Guy-Paul Noujaïm, aurait déclaré : Pour les juifs, et surtout pour certains religieux intégristes, la Bible est une sorte de cadastre délimitant les frontières d’Israël » (souligné par nous).

Encore une fois, il s’agit d’une généralisation hâtive, à partir de propos de « certains religieux intégristes ». D’autant plus que ceux-ci seraient eux-mêmes bien en peine de citer un texte de la Bible qui précise les frontières de la Terre promise. Les cinq livres de Moïse se terminent au seuil de l’entrée dans le pays de Canaan, dont on ignore les limites, d’autant plus que la notion de frontière était pratiquement inconnue à cette époque.

Il a fallu attendre la période historique que l’on a appelée les Temps modernes pour que naisse la notion d’Etat et, avec elle, celle de frontière nécessaire pour délimiter l’étendue de l’exercice du pouvoir royal.

Et si l’on se reporte à l’histoire des Hébreux, on se rend compte de l’ « élasticité » des limites du pouvoir royal. Si à certains moments de leur histoire, ce pouvoir, notamment à l’époque du roi Salomon, pouvait s’étendre, au nord, jusqu’aux portes de l’actuelle Bagdad et, au sud, jusqu’aux portes du Caire, à la fin, le Royaume de Juda était limité à ce que nous appellerions la « portion congrue ».

De telle sorte que la notion même de « Grand Israël », défendue par une petite minorité d’Israéliens, apparaît comme une notion « à géométrie variable »…..

Surtout, ce qui nous a paru inquiétant, car nous sommes de ceux qui pensions – sans doute naïvement - que le successeur de Mgr Sabbah comme patriarche latin de Jérusalem pouvait laisser entrevoir une réorientation de l’Eglise au regard du problème politique, c’est lorsqu’on apprend que Fouad Twal a témoigné de la difficulté des chrétiens arabes à lire l’Ancien Testament « pour des raisons politiques et idéologiques ».

On se demande vraiment à quoi sert le patriarcat latin de Jérusalem, s’il ne conçoit pas qu’il est investi d’une mission d’explication du texte biblique.

Certes, l’article de Stéphanie Le Bars (qui fut, à un moment donné, dans le passé, correspondante en Israël) nous laisse plus d’espoir sur un plan général, lorsqu’elle signale que certains évêques « ont aussi mis l’accent sur la dimension œcuménique et interreligieuse du texte biblique, notamment dans la perspective de meilleurs relations avec les juifs ».

Mais cela n’autorise, en aucune manière, le patriarcat latin de Jérusalem à ne pas se sentir concerné par cette façon de voir.

Et nous craignons que cette « démission » de Mgr Fouad Twal ne soit de mauvaise augure et n’annonce, à terme, des prises de position de franche hostilité à l’égard d’Israël.



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