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Figer la souveraineté juive sur la Judée Samarie, une bonne fois pour toute
Par Maître Bertrand Ramas-Mulhbach
Article mis en ligne le 14 juillet 2013

Lors d’une conférence organisée par le Conseil Yesha le 8 juillet 2013, le Ministre de l’Economie Nephtali Bennett a déclaré « que la tentative d’établir un État palestinien sur notre terre a pris fin… nous devons annexer la Zone C de Cisjordanie maintenant, parce que l’idée de créer un État palestinien, c’est terminé.

Le Ministre de l’Economie (qui ne saurait être plus clair) a franchi un cap supplémentaire concernant le sort de la Cisjordanie qu’il voudrait en partie incorporer à l’Etat juif. Il exprime ainsi tout haut, ce que nombreux osent à peine susurrer, bien que l’idée germe dans les esprits depuis bien longtemps.

Les ministres de la droite israélienne y sont majoritairement favorables : pour le vice-Ministre de la défense Danny Danon, il n’y a aucun projet de discussion ou de résolution à la Knesset sur la solution à deux états et si tel était le cas, « le Likoud et Habayit haYeoudit voterait contre ». Pour lui, la véritable solution est d’étendre la souveraineté juive sur les implantations de Cisjordanie. De la même manière, le Ministre de la défense Moshe Yaalon, considère les implantations juives en Judée Samarie comme l’essence du sionisme. Pour Zeev Elkin, vice-ministre des Affaires étrangères, il faut appliquer la souveraineté sur chaque parcelle du Judée Samarie, ce qui est encore partagé par Gilad Erdan, Ministre de la Communication et de la Défense intérieure. S’agissant de la méthode à appliquer, le Ministre des transports Israël Katz, a donné quelques précisions : « Israël doit procéder par la voie de mesures unilatérales ».

Pour sa part, le premier Ministre Benjamin Netanyahu (qui est désormais considéré comme un modéré au sein du gouvernement) a toujours annoncé qu’Israël continuerait à construire, et que « les constructions dans les grands blocs d’implantations n’affecteraient pas substantiellement la capacité d’Israël à arriver à un accord ». Pour ce qu’il en est de la capitale, il a confirmé « nous continuerons à vivre et à construire à Jérusalem, qui restera toujours unifiée sous souveraineté israélienne ». Il rejoint également Nephtali Bennet concernant les armes du futur Etat palestinien : « l’Etat palestinien doit être démilitarisé, avec des accords qui le fait compter totalement sur les forces de défense israéliennes pour la sécurité ».


Cisjordanie : en rouge, la Zone C

Bien naturellement, le projet d’annexer la Zone C de la Cisjordanie n’a pas été applaudi par la communauté internationale, d’autant que les propos de Nephtali Bennet ont été lancés 8 jours après le départ du secrétaire d’Etat américain John Kerry (qui n’avait pourtant pas ménagé ses efforts pour relancer ce que l’on appelle couramment « le processus de paix » entre israéliens et palestiniens).

Côté israélien, cette annexion, qui serait assez simple à mettre en œuvre, aurait pour effet d’incorporer 62 % des terres de Judée Samarie (qui contiennent des ressources aquifères, agricoles, minérales), au sein de l’Etat juif, ainsi que les 350 000 mityachvim israéliens qui y vivent, mais également, une population de 50 000 résidents palestiniens.

En tout état de cause, si le projet d’annexion se réalise, il est certain que les palestiniens auront leur part de responsabilité avec leurs tergiversations à n’en plus finir : Mahmoud Abbas ne cesse de répéter qu’il est favorable à des négociations de paix avec Israël tout en annonçant, dans le même temps, qu’il entend annexer une partie de la capitale éternelle d’Israël et introduire en Israël, des millions de réfugiés palestiniens (qui n’y ont jamais mis les pieds). Pour leur part, les palestiniens de la bande de Gaza n’ont jamais renoncé à leur projet d’éradiquer Israël...A force de perdre patience, il est normal qu’Israël avance avec l’annexion de cette zone C de la Cisjordanie, de nature à pérenniser l’Etat juif tout en fortifiant les fondements du sionisme.

Notons que cet objectif est poursuivi par Bennett depuis longue date : dans son « initiative de stabilité d’Israël » publiée en 2012, il proposait déjà une annexion de la zone C, l’interdiction pour les réfugiés palestiniens de revenir en Israël (ou en Cisjordanie), et une autonomie de l’Autorité palestinienne dans la zones A (sous contrôle exclusif de l’autorité palestinienne qui comprend 18 % du territoire et l’ensemble de la population palestinienne) et la zone B (20 % du territoire sur lequel Israël conserve des prérogatives militaires). De son côté, il prévoyait qu’Israël se charge de la protection sécuritaire sur l’ensemble de la Cisjordanie.

En réalité, le projet de Bennett relancé en 2013, ne changerait pas fondamentalement la donne géopolitique et ne ferait que figer la situation contemporaine puisqu’Israël contrôle la planification, l’infrastructure et les constructions dans cette zone depuis 1967. Les palestiniens n’ont pas le droit de construire en Zone C (les demandes de permis de construire déposées par les palestiniens sur cette zone sont systématiquement refusées par l’Administration civile israélienne) et les constructions sauvages sont sous le coup d’ordres de démolition. Seuls 6.5 % de ce territoire sont réservés aux palestiniens.

Le problème que poserait l’annexion de la zone C tiendrait à l’absence de contiguïté des territoires sous contrôle palestinien : les 165 cantons palestiniens situés dans les zones A et B ne sont pas reliés entre eux puisqu’entourés par des bandes de territoires dépendant de la zone C. Il faudrait donc trouver le moyen de relier les cantons palestiniens entre eux pour une parfaite fluidité de leur déplacement, d’autant que les Palestiniens situés en Zone C sont isolés des Zones A et B. (ce que les palestiniens trouvent injuste puisque les implantations juives de la zone C sont reliées entre elles et à Israël par des routes de contournements réservées aux seuls juifs).

Les palestiniens anticipent depuis longtemps ce scénario en reprochant à la communauté internationale (et notamment aux Etats Unis) l’absence de pression sur Israël, ce qui l’a conduit à annexer progressivement, « de facto », cette Zone C, alors que l’Etat palestinien de Cisjordanie sera assis sur une surface moindre, correspondant à 38 % de l’ancien territoire jordanien.

Depuis les dernières élections, le projet est en attente de finalisation. Des projets de lois, adoptés en 2013, ont pour objet de figer définitivement la souveraineté israélienne sur la Cisjordanie. L’un d’eux interdit le gouvernement d’ouvrir des négociations sur Jérusalem et les réfugiés palestiniens sans un vote à la majorité des membres de la Knesset, (ce qui associera le peuple d’Israël aux décisions des premiers Ministres). Par ailleurs, un projet adopté le 13 mars 2013, prévoit d’appliquer la loi israélienne dans l’ensemble des implantations juives situées en Judée Samarie, dans la vallée du Jourdain, et sur toutes les routes menant à ces implantations (actuellement, l’Etat juif applique un régime spécifique compte tenu de l’extranéité). Un autre projet adopté le 13 mars 2013 prévoit l’interdiction de supprimer tous les avants postes qui ont été établies avec l’approbation de l’Etat. Enfin, un dernier projet de loi prévoit un référendum sur tous les projets qui modifient la configuration dans les territoires de Cisjordanie. Détruire Israël va devenir de plus en plus compliqué pour les palestiniens.



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