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Fallait-il toutes ces années et tous ces morts pour déployer l’armée à la frontière ?
par Emile Khoury - L’Orient-Le-Jour
Article mis en ligne le 11 août 2006

Maintenant que la décision de déployer la troupe au Liban-Sud est prise, et en attendant qu’elle soit exécutée, la question que beaucoup se posent est la suivante : fallait-il tant de morts, de destructions et de souffrances pour en arriver là ? Et cette décision, si souvent prise par le passé, et jamais appliquée, le sera-t-elle cette fois ?

La première de ces questions, bien évidemment, est condamnée à rester sans réponse. L’histoire ne fait pas marche arrière. Mais il n’est pas indifférent de faire l’historique des tentatives manquées de déployer l’armée au Liban-Sud, pour éteindre ce foyer permanent de tension qu’est cette région du pays. Et d’en tirer éventuellement les leçons.

Tout le monde garde à l’esprit la position du président Émile Lahoud, qui refuse depuis 1998, date de son entrée en fonction, d’envoyer l’armée au Sud, sous prétexte que « l’armée n’a pas à garder les frontières d’Israël » et que cet envoi serait « un piège » destiné à mettre face à face l’armée et le Hezbollah.

On ignore pourquoi le président Lahoud n’a jamais commenté le déploiement de l’armée syrienne aux frontières avec Israël, dans le Golan. La seule explication plausible à cette anomalie réside dans la volonté syrienne de maintenir un foyer de tension au Liban-Sud, pour pouvoir s’en servir dans ses négociations avec les États-Unis.

Cela dit, la rétrospective des tentatives manquées d’envoyer la troupe au Sud a commencé en 1978. Cette année-là, au terme de tractations intensives, le gouvernement décide d’envoyer deux brigades au sud du Litani, pour assister la Finul. Ces dernières n’iront pas plus loin que Kawkaba. À la dernière minute, en effet, l’ambassadeur des États-Unis au Liban, Richard Parker, informe le gouvernement qu’Israël retire son accord à cette initiative. Un bombardement israélien les oblige à prendre au sérieux cette objection.

Un peu plus tard, la résolution 444 du Conseil de sécurité est prise, prévoyant le placement d’un contingent de l’armée sous le commandement de la Finul, et son déploiement dans sa zone opérationnelle. Cette fois, c’est le « Mouvement national » qui s’y oppose, avant la promulgation, d’une nouvelle loi de défense... Un prétexte pour laisser le champ libre aux opérations palestiniennes.

Le 17 avril 1979, nouvelle tentative et nouvel échec. Parvenue à Arzoun, dans la zone d’opération de la Finul, une brigade de l’armée est prise sous le feu de l’artillerie de Saad Haddad, qui proclame la naissance du « Liban libre ».

Le 12 septembre 1979, le Premier ministre Sélim Hoss informe le président Sarkis de son accord pour l’envoi de l’armée au Sud. Nouvelle opposition des forces palestiniennes, relayées par le Mouvement national, qui exige que l’armée se déploie, d’abord, dans la bande frontalière sous contrôle israélien. Damas approuve, estimant que la question de forces libanaises ou palestiniennes illégales ou pas est secondaire, et que l’essentiel est la confrontation avec Israël.

Sous le mandat du président Élias Hraoui, début février 1991, le gouvernement décide de déployer la troupe dans les parties du Liban-Sud qui ne sont pas occupées par Israël, dans le cadre du plan de dissolution des milices et de retour à l’ordre.

Pour remettre leurs armes et réintégrer leurs camps, notamment à Saïda, les groupes palestiniens posent comme condition de pouvoir jouir pleinement de leurs droits civils. De Tunis, Yasser Arafat appuie la position de refus adoptée au départ. Mais la fermeté du gouvernement aura raison de ces réticences et l’armée, commandée alors par le général Émile Lahoud, se déploiera à Saïda, mais pas dans l’Iqlim el-Touffah, où les armes lourdes ne seront pas remises. Quant aux droits civils - notamment le droit de propriété -, ils se heurteront aux appréhensions libanaises d’une implantation des Palestiniens.

La dernière tentative de déploiement de l’armée au Sud date du mandat du président Hraoui. Forts du feu vert de Washington et de l’ONU, le président Hraoui, le Premier ministre Rafic Hariri et le président de la Chambre, Nabih Berry, décident de déployer l’armée au Sud. Mais la Syrie les rappelle à l’ordre, les convoque à Damas, et les chapitre sévèrement sur cette initiative qui n’aura pas de suites.

Le Liban peut-il espérer, en août 2006, avoir tiré les leçons de tous ces obstacles à sa souveraineté et passer outre à tous les veto ?



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