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Des conseils peu avisés
par David Ruzié, professeur émérite des universités, spécialiste de droit international
Article mis en ligne le 23 décembre 2006

Allant à contre-courant d’un point de vue raisonnable, largement prédominant, une « consultante indépendante sur le Moyen-Orient » a, dans Le Monde, daté du 23 décembre, développé une thèse visant, en quelque sorte, à décrédibiliser Mahmoud Abbas (p. 21).

Le sous-titre de l’article intitulé « Faut-il soutenir Mahmoud Abbas ? » est tout à fait révélateur du contenu de l’article : « On se trompe en faisant du président palestinien un homme providentiel ».

Certes, même les Israéliens qui se déclarent prêts à discuter, à nouveau, avec le Président de l’Autorité (sic) palestinienne, dès lors que le nouveau gouvernement d’ « union nationale », toujours annoncé mais pas encore constitué, reconnaîtrait l’Etat d’Israël, ne se font certainement pas trop d’illusion.

Malheureusement, les gens de bonne foi et désireux d’œuvrer pour la paix n’ont guère le choix.

En tout cas, celui que propose cette consultante, qui ne nous paraît pas très avisée, à savoir le soutien à apporter au Hamas ne nous paraît, en tout cas pas, opportun.

Car, il ne se passe pas de jours que l’un ou l’autre des responsables de ce mouvement terroriste ne confirme qu’il n’est question, au mieux, que d’une longue trêve (une période de 10 ans est annoncée), mais, en tout cas pas de reconnaissance du droit à l’existence de l’Etat d’Israël.

Le but avoué est en effet d’obtenir, à terme, la « libération de toute la Palestine » (objectif que Yasser Arafat n’avait, d’ailleurs, pas lui-même, abandonné, comme le prouvait par exemple le dessin qu’épousait la forme du keffieh, dont il était toujours affublé).

Loin de nous l’idée de considérer que le Fatah, dont Mahmoud Abbas, successeur de Yasser Arafat, est le partenaire idéal, mais en tout cas le Hamas, lui ne l’est certainement pas.

Chacun est libre de penser selon ses propres convictions, et d’en faire part, par exemple, dans la page « Débats » du grand quotidien du soir.`

Mais de là à considérer que le recours à des élections anticipées, décidé par Mahmoud Abbas, « non seulement décrédibilise le modèle démocratique.....(et) cette attitude a de fâcheux relents de politique néo-coloniale et d’ingérence extérieure » traduit une méconnaissance totale de la réalité.

Nous avons déjà souligné, ici même, le 28 janvier dernier, ce qu’il y avait d’antinomique avec la notion même de démocratie dans le résultat des élections législatives palestiniennes, venant après l’élection d’un nouveau président iranien, dans les mêmes conditions de vote, quelques mois auparavant.

Et lorsque, avec une certaine outrecuidance, la « consultante » en question déclare « d’une manière générale, nous devons cesser de vouloir choisir à tout prix nos interlocuteurs, sauf à continuer de commettre des erreurs lourdes de conséquences dans la région tout entière », elle oublie simplement que ce ne sont pas les Européens qui ont à discuter, mais les Israéliens (souligné par nous).

Et précisément, c’est faire preuve de « néo-colonialisme » que de vouloir prétendre imposer aux Israéliens de discuter avec ceux qui veulent la destruction de leur Etat et, qui, par ailleurs, depuis des années sont impliqués dans des actions terroristes sur leur territoire.

Contrairement à ce qu’écrit cette personne, qui prétend être spécialiste de la région, la décision d’inscrire le Hamas, sur les listes des organisations terroristes prise par l’Union européenne n’a pas à être « rattachée aux circonstances très spécifiques dans lesquelles elle a été prise, à savoir le contexte de l’après-11 septembre ».

De fait, il n’a jamais été dit, et encore moins prouvé, que le Hamas était en rapport avec les commanditaires de la tragédie du 11 septembre.

Simplement, par un réflexe légitime, l’Union européenne a estimé que l’argent des contribuables européens ne devait pas servir des gens qui avaient le même objectif que les assassins des Twin Towers, à savoir semer la mort.

Quand on connaît le peu de cas que les mouvements terroristes font de la vie humaine, même de celle de leurs concitoyens ou en tout cas le peu d’intérêt porté à leur développement économique, on ne peut que se féliciter que jusqu’à présent, les Européens ont refusé de céder à l’appel de sirènes du genre de cette « consultante » qui ne verrait aucun inconvénient à ce que l’aide internationale serve finalement à armer les bras des tueurs et non pas à subvenir aux besoins légitimes de la population.

Même l’Egypte a décidé d’empêcher le Hamas à faire entrer de l’argent, dans la Bande de Gaza, via le territoire égyptien, sans que cet argent soit déposé, au préalable dans une banque égyptienne, afin d’en assurer la traçabilité.

L’article se termine par un appel à la France pour qu’elle adopte « une attitude réaliste et responsable qui tienne véritablement compte des évolutions de la région ».

Autrement dit la France est invitée à revoir sa position à l’égard du Hamas.

Or, on connaît les conséquences fâcheuses du choix de la France, qui s’oppose à l’inscription du Hezbollah sur la liste des organisations terroristes, alors que les événements tragiques de l’été dernier ont démontré l’implication de ce mouvement dans des actions meurtrières, au mépris des règles du droit humanitaire.

Aussi, on ne peut que souhaiter qu’en ce qui concerne sa position à l’égard du Hamas, la lecture de ce genre d’article n’entraîne aucun revirement d’attitude de notre pays.



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