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« Depuis le meurtre d’Othman [troisième calife] » : Un grand homme de lettres arabe évoque la réapparition aujourd’hui de la violence caractéristique des débuts de l’islam
MEMRI
Article mis en ligne le 3 mai 2004

Dans un article intitulé « Depuis le meurtre [du troisième calife] Othman », publié à Londres dans le quotidien en arabe Al-Sharq-Al-Awsat, le grand écrivain et homme de lettres Al-Tayyib Salih critique le recours à la violence par les intégristes islamistes pour atteindre leurs objectifs. En voici la traduction :

« Si vous me tuez, vous placerez l’épée sur votre propre nuque »

« Tout se passe comme si la prophétie de notre illustre chef Othman Ibn Affan, (2) qu’Allah soit satisfait de lui, datant de l’an 35 ou 36 de l’Hégire, était en train de se réaliser. [Il a prononcé cette prophétie] lorsqu’une horde sauvage venue de provinces éloignées du royaume, d’Egypte et d’Irak, a fait irruption chez lui, résolue à le tuer.

[Le calife Othman] leur a dit : ’Si vous me tuez, vous placerez l’épée sur votre propre nuque, et Allah ne la retirera qu’au jour de la Résurrection. Si vous me tuez, vous ne serez jamais unis dans la prière, vous serez incapables de partager un butin entre vous, et Allah ne mettra jamais fin à la discorde qui vous oppose.’

[Le calife Othman], qu’Allah soit satisfait de lui, était un calife qui, pour reprendre un terme moderne, avait été démocratiquement élu. Il possédait toutes les qualités requises pour être à la tête des croyants. Il était renommé et vénéré. Ce fut l’un des tout premiers musulmans, membre par mariage de la famille du Prophète - puisse Allah prier pour lui et le garder en paix. Il faisait partie de l’une des plus grandes [familles] de Quraysh, était l’un des compagnons du Prophète et plus que tout autre, s’est servi de sa fortune personnelle pour venir en aide à l’islam. Son règne correspond à une période de prospérité et d’abondance. Les plus anciens compagnons du Prophète l’appréciaient, ainsi que les habitants de Médine, et tous lui ont juré fidélité. »

Son assassinat équivaut à la destruction du symbole de l’unité de la nation [islamique]

« Tout ceci ne joua toutefois pas en sa faveur auprès de ces malfaiteurs. Ces derniers l’ont abattu, et son assassinat fut équivalant à la destruction du symbole de l’unité de la nation islamique, à sa désacralisation et au déchirement de l’habit de crainte et de respect sans lequel les sujets ne peuvent être satisfaits de leur chef. Cet habit est tissé spontanément, par les nations libres, de leur propre initiative : elles le confient ensuite à une personne de leur choix, afin que celle-ci puisse, malgré ses faiblesses, devenir un symbole de volonté commune. [Cette personne] devient un concept qui dépasse ses capacités limitées. Lorsque la nation est satisfaite de ce chef, elle est en fait satisfaite d’elle-même.

Ces criminels ont fait preuve d’une témérité diabolique. Ils ont violé la sainteté de la demeure du calife, un calife pieux, respectueux et soumis à la parole de Dieu, alors qu’il était assis sur son tapis de prière et lisait le saint Coran. Ils l’ont tué et ont versé son sang sur le saint livre, ont tranché les doigts de sa femme qui s’interposait pour le protéger.

Par cet acte, ils ont dépassé toutes les limites et piétiné ce qui est sacré. En effet, nous voyons depuis cet acte comment cette effrayante témérité se manifeste encore et encore tout au long de l’histoire islamique et jusqu’à nos jours.

C’est comme si les assassins d’Othman étaient ceux-là mêmes qui ont assassiné l’imam Ali à Kufa, qui ont tué Hussein, petit-fils du Prophète - qu’Allah prie pour lui et le garde en paix- à Karbala. Ce sont les mêmes qui ont violé la sainteté de Médine, ville du Prophète, à l’époque des Omeyyades, qui ont jeté des pierres sur la Kaaba et ont osé violer la sainteté de la sainte mosquée de La Mecque au vingtième siècle. (3) Ils sont semblables à des esprits maléfiques incarnés dans différents individus au cours des différentes périodes de l’histoire. »

Les éléments de ce premier cas de sédition rappellent exactement ceux qui ont suivi.

« En outre, les éléments de ce premier cas de sédition rappellent exactement ceux qui ont suivi. La colère collective a pour ingrédients peu de vérité et beaucoup de mensonge, des chefs indignes qui manipulent les esprits crédules et attisent les flammes de la contestation, des mains extérieures qui fomentent des complots dans l’ombre, dans le seul but de mettre à mal les fondations de la société.

Lors de ce premier cas de sédition, ils ont en outre prétendu agir au nom de la justice, appelant à un nouvel ordre politique. Mais ils n’ont pas recouru aux moyens pacifiques que l’islam leur offrait. Ils ne se sont pas tournés vers la sagesse et la concertation et n’ont pas œuvré à la mise en place d’un nouveau consensus pour l’instauration d’un changement pacifique. [A la place,] ils se sont empressés de se détourner de la lumière [de l’islam] pour recourir au moyen le plus odieux, c’est-à-dire à la violence aveugle. Ils ont renversé le régime, mais se sont trouvés dans l’incapacité absolue d’établir un nouveau régime. Hassan Ibn Thabit les a [justement décrits] en ces termes : ’Avez-vous cessé de razzier les routes pour venir nous piller près de la tombe de Mahomet ?’ (4)

Lorsque les principaux compagnons [du prophète Mahomet] et les sages de la communauté ont retrouvé leurs esprits [après le traumatisme du meurtre d’Othman], jurant fidélité à un nouveau calife - qui lui aussi avait toutes les qualités requises, et plus encore - , les musulmans étaient déjà désunis et n’ont plus jamais été réunis jusqu’à ce jour. »

Nous voyons revenir aujourd’hui les mêmes esprits maléfiques avec des visages différents

« Et aujourd’hui, nous voyons ces mêmes esprits maléfiques réapparaître avec des visages différents, d’autres formes et apparences, employant un nouveau langage formé de plusieurs langues, mettant en œuvre une stratégie de destruction capable de dégâts plus importants et plus étendus. Derrière eux se tiennent d’autres malfaiteurs, encore plus sournois et machiavéliques. C’est un mal insidieux contre lequel les gens de raison doivent d’unir, pour en débarrasser le corps [tout entier]. Cela ne peut se faire qu’en usant de sagesse, prudence, savoir, honnêteté et franchise. C’est la seule alternative à une dégradation durable. »

[1] <http://www.memri.org/bin/#_ednref1> Al-Sharq Al-Awsat (Londres), le 24 avril 2004.

[2] <http://www.memri.org/bin/#_ednref2> Le troisième calife Othman Ibn Affan a régné de 644 à 656, et a pris pour épouses, consécutivement, deux des filles du prophète Mahomet.

[3] <http://www.memri.org/bin/#_ednref3> Référence à la prise de la Kaaba, en 1987, par des pèlerins iraniens, laquelle s’est conclue par des centaines de morts sur le lieu le plus saint de l’islam.
[4] <http://www.memri.org/bin/#_ednref4> Hassan Ibn Thabit (décédé autour de 660) était connu pour être le « poète lauréat » du prophète Mahomet.



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