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Daniel Pipes : pourquoi l’Occident ne doit pas intervenir en Syrie
Hélène Keller-Lind
Article mis en ligne le 21 août 2012

Où l’on voit à quel point l’Orient est compliqué...Président du Middle East Forum, Daniel Pipes explique dans le Washington Times pourquoi les pays occidentaux ne doivent pas intervenir en Syrie où se livre un combat contre la minorité allaouite, certes, mais aussi entre Islamistes sunnites et chiites. Seul le sort de l’énorme stock des armes non conventionnelles syriennes pourrait justifier une telle intervention. Quant à la chute du régime Assad, elle marquera, dit-il, le début de violences pires encore que celles auxquelles on assiste aujourd’hui...

Intervenir en Syrie : une dangereuse illusion allant à l’encontre des intérêts occidentaux

Orientaliste, historien, analyste politique, ancien universitaire, Président du Middle East Forum, Daniel Pipes publie dans le Washington Times une tribune dans laquelle il met en garde les pays occidentaux contre toute intervention en Syrie, ce qui serait un piège Même s’il qualifie Bashar el-Assad de « misérable », il n’en estime pas moins que « sa présence dans le palais présidentiel à Damas peut faire plus de bien que de mal...Elle écarte [ les menaces que poseraient ] anarchie, système islamiste et la possibilité que les armes chimiques syriennes tombent entre les mains de voyous ».

Aider les rebelles comme le font actuellement nombre de pays occidentaux « dans l’espoir de sauver des vies et faciliter une transition démocratique » est une erreur dit-il. Car au-delà de la volonté de « venir en aide à ceux qui sont perçus comme faibles et exploités...une question fondamentale n’est pas posée : une intervention contre M.Assad serait-elle dans notre propre intérêt » ?

Il y répond par la négative, si « repousser les menaces contre notre sécurité et notre civilisation reste notre première priorité. Dans cette optique, aider les rebelles comprend de multiples inconvénients pour l’Occident ».

Les rebelles sont des islamistes encore plus hostiles à l’Occident

Opinion qu’il étaye en donnant quatre raisons. La première en étant le fait que « les rebelles sont des islamistes et ont l’intention d’établir un gouvernement idéologique encore plus hostile à l’Occident que celui de M.Assad. Si les rebelles l’emportent, leur rupture des relations avec Téhéran sera neutralisée par l’aide qu’ils apporteront à la barbarie des forces islamistes sunnites ».

Daniel Pipes estime ensuite que croire qu’une intervention occidentale en Syrie « contiendrait la poussée islamiste est risible ». Il rappelle « qu’au cœur du conflit en Syrie il y a le combat opposant une majorité de 70 % d’Arabes sunnites privés de leurs droits contre la minorité privilégiée allaouite de M.Assad de 12 % ». Ce à quoi s’ajoute « l’aide de volontaires islamistes étrangers ainsi que de plusieurs États sunnites ( la Turquie, l’Arabie saoudite et le Qatar ». La chute du régime Assad étant donc inévitable.

La chute d’Assad, premier chapitre d’un conflit plus violent encore

Son troisième point est « qu’accélérer la chute de ce régime ne sauvera pas de vies ». Car « elle ne marquera pas la fin du conflit mais simplement celle de son premier chapitre avec des violences encore pires vraisemblablement à venir », évoquant une « vengeance des Sunnites à près de quarante ans d’un joug allaouite » et « un génocide potentiel ». Le conflit syrien deviendra vraisemblablement si extrême et violent que les Occidentaux seront contents de s’être tenu à l’écart des deux côtés », estime-t-il.

Pendant qu’Islamistes chiites et sunnites se battent leur capacité de nuisance pour le monde extérieur est affaiblie

Dans un quatrième point Daniel Pipes se félicite que « des États sunnites, devant les réticences de l’administration Obama à intervenir, ont pris la responsabilité d’arracher la Syrie à l’orbite iranienne, un développement bienvenu après que, pendant des décennies, ils ont laissé faire la République islamique chiite d’Iran ». Il y voit un autre avantage, et on est là à fond dans la real politique, lorsqu’il note que « pendant que les Islamistes sunnites combattent les Islamistes chiites, les deux côtés sont affaiblis et leur rivalité mortelle diminue leur capacité de nuisance pour le monde extérieur. En inspirant des minorités agitées – les Sunnites en Iran, les Kurdes et les Chiites en Turquie – les combats qui perdurent en Syrie pourraient aussi affaiblir les gouvernements islamistes ».

Un futur foyer de confrontation entre Islamistes chiites et sunnites à Lattaquié ?

Daniel Pipes imagine alors un scénario possible pour l’après Assad. « Les dirigeants allouites, avec ou sans M.Assad, pourraient se retirer dans leur redoutes ancestrales de la province de Lattaquié en Syrie. Les Iraniens pourraient leur y fournir par la mer argent et armes, leur permettant de tenir pendant des années, ce qui exacerberait la confrontation entre Islamistes sunnites et chiites et les empêcherait plus avant d’attaquer les autres ».

Une intervention nécessaire mais difficile si l’arsenal d’armes chimiques syrien risquait de passer aux mains de terroristes

Seule exception à cette politique de non intervention qu’il préconise : « si le vaste arsenal d’armes chimiques syriennes risquait de tomber entre les mains de groupes terroristes ». Il envisage même que Bachar al-Assad les leur remette « dans sa chute, dans un scénario à la Gotterdammerung, scénario de Crépuscule des Dieux ». Mais cela serait « une opération difficile pour laquelle il faudrait déployer en Syrie quelque 60.000 hommes appartenant à des troupes terrestres »...



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