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Comment le blocus de Gaza menace-t-il l’Arabie saoudite et l’Egypte ?
Khaled Asmar | MediArabe.info
Article mis en ligne le 22 décembre 2008

Le Hezbollah libanais a organisé, vendredi 19 décembre, une manifestation dans son fief de la banlieue sud de Beyrouth, pour dénoncer le blocus imposé à Gaza. Le N°2 du parti, Naïm Qassem, a appelé les peuples arabes à se soulever et à aider leurs frères palestiniens. Il a accusé le régime égyptien de complicité dans un crime contre l’humanité, et a appelé le Caire à ouvrir les frontières avec Gaza.

A deux jours de la reprise du dialogue national libanais, dans l’objectif de trouver une solution à l’armement du Hezbollah conformément aux résolutions de l’ONU, le parti chiite libanais cherche à imposer une « stratégie de défense », synonyme de maintien de son armement. C’est dans le cadre de ce bras de fer que le parti a organisé sa manifestation de soutien à Gaza.

Naïm Qassem y a réitéré les positions du Hezbollah, insistant sur la nécessité de la résistance et de ses armements. Qassem a affirmé que « l’objectif du Hezbollah était de libérer la Palestine », renvoyant aux calendres grecques la possibilité de remettre ses armes et d’intégrer l’Etat. De son côté, le général Michel Aoun, l’allié du Hezbollah, a autorisé ses partisans à « rejoindre la résistance et à s’enrôler dans ses unités combattantes ». De retour de son « pèlerinage » en Syrie, Aoun a apporté son soutien à la résistance irakienne et affirmé « faire confiance à la direction syrienne » : « nous sommes sur la même longueur d’onde avec Damas », a-t-il affirmé dans une interview citée ce matin par « Radio-Orient ».

Le député proche de Michel Aoun, le franco-libanais Nabil Nicolas, avait critiqué, dimanche, ceux qui dénoncent la visite du général en Syrie. Pour Nicolas, « Aoun n’a pas besoin d’autorisation pour se rendre en pèlerinage à Damas ».

Ce soutien à la résistance ne se limite pas au Liban.

En effet, l’axe syro-iranien et son prolongement libanais représenté par l’alliance Aoun-Hezbollah vise au-delà des frontières libanaises. Naïm Qassem a appelé « les peuples arabes à se mobiliser pour briser le blocus imposé sur les palestiniens à Gaza », qualifié de « crime contre l’humanité ». Non seulement le Hezbollah ambitionne de libérer la Palestine historique, mais aussi il vise à renverser les régimes arabes dits « modérés ».

Qassem a ainsi accusé l’Egypte de « comploter avec l’ennemi sioniste contre les palestiniens », et invité le peuple égyptien à se soulever pour obtenir l’ouverture des frontières avec Gaza. Cet appel rappelle les manifestations qui avaient été orchestrées en janvier 2008 des deux côtés de la frontière à Rafah entre le Hamas et les Frères musulmans, à la demande de Khaled Mechaal, chef du bureau politique du mouvement islamiste palestinien, réfugié à Damas.

Ces manifestations avaient permis aux Palestiniens et aux islamistes égyptiens de déborder le pouvoir du Caire et d’ouvrir une brèche dans la clôture, laissant des milliers de Palestiniens déferler dans le Sinaï.

Aujourd’hui, le Hezbollah, représentant légal de la République islamique d’Iran et son bras armé extérieur, vise le même objectif, prenant la Bande de Gaza en otage pour l’exploiter dans plusieurs domaines :

Sur la scène libanaise, cette situation permet au Hezbollah d’empêcher son désarmement et de maintenir un Etat dans l’Etat. Grâce à une telle tension, le Hezbollah pourra provoquer une nouvelle escalade avec Israël, pour soulager l’Iran et la Syrie des pressions internationales dans leur dossier nucléaire. De plus, en maintenant sa résistance armée, le parti de Hassan Nasrallah espère influencer les électeurs et remporter les législatives du printemps 2009.

Sur la scène régionale, le Hezbollah utilise la carte palestinienne pour déstabiliser les pays modérés, en mobilisant les peuples contre les régimes. Sont concernés en premier lieu l’Egypte et l’Arabie saoudite, ainsi que la Jordanie.

L’appel à la mobilisation lancé par le Hezbollah a eu des échos en Arabie, notamment dans la province Est et dans le Qatif. Vendredi, des centaines de chiites saoudiens ont manifesté leur soutien à Gaza et leur colère contre les régimes arabes. Ils ont brandi les drapeaux du Hezbollah et les portraits de son secrétaire général Hassan Nasrallah. Un accrochage a eu lieu entre une patrouille de la police saoudienne et un groupe de jeunes, dans cette province à forte densité chiite. Les autorités affirment – mais sans convaincre – que des jeunes recherchés pour des affaires criminelles ont tiré sur la police, et qu’il ne s’agit pas d’une affaire de terrorisme ou de déstabilisation.

Aujourd’hui, les Saoudiens redoutent un plan de déstabilisation décidé par l’Iran, qui cherche à étendre son influence sur toute la région. Ils en veulent pour preuve le déploiement de plusieurs bâtiments de la marine iranienne dans la Mer Rouge et le Golfe d’Aden, officiellement pour lutter contre les actes de piraterie. Mais pour de nombreux Saoudiens, il s’agit d’un encerclement iranien de l’Arabie saoudite et du Golfe en général.

Ainsi, il apparait que l’Iran est sur le point de réaliser un important retour sur investissement, depuis que Téhéran ait littéralement « acheté » le Hamas. Celui-ci profite du blocus israélien pour sensibiliser et mobiliser les peuples, dans l’objectif de déstabiliser les régimes arabes. Ce qui semble également justifier le soutien arabe apporté à Israël dans sa confrontation avec le Hamas.



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