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L’Iran poursuit son programme pour un réacteur d’eau lourde

Albert Capino

lundi 24 novembre 2003

Source : Jack Boureston et Charles Mahaffey ©Jane’s Intelligence Review - 14 November 2003
L’Iran a admis avoir atteint la phase finale de conception d’un réacteur nucléaire de 40MW pour la production d’eau lourde àArak.

Des officiels ont déclaré que la conception de base du réacteur, appelée l’IR-40, est déjàachevée, et que le travail a commencé pour la phase suivante. Les travaux de construction doivent commencer début 2004. Si c’est le cas, les données historiques sur la construction des réacteurs d’eau lourde suggèrent que l’IR-40 pourrait être achevé d’ici 2009.

Bien que l’agence de l’énergie atomique iranienne ait fourni les caractéristiques techniques du réacteur àl’Agence internationale de l’énergie atomique (l’AIEA) pour contrôle, la Communauté internationale reste profondément inquiète de la finalité de l’IR-40, de sa configuration possible et de ses possibilités.

L’Iran a déclaré que l’IR-40 sera employé pour la recherche et le développement, la production de radio-isotope, et la formation. En effet, le principal avantage d’un réacteur pour la production d’eau lourde est l’absorption élevée de l’eau lourde (D2O) par rapport àd’autres modérateurs. Ceci se traduit par un plus grand nombre d’isotopes produits pour répondre aux exigences croissantes d’isotopes dans les industries médicales et agricoles.

Cependant, un réacteur pouvant produire de l’eau lourde représente le plus grand danger du point de vue de la prolifération nucléaire. La partie de bas neutrons de l’eau lourde permet àun nombre élevé (isotope uranium-238) des atomes U238 d’absorber des neutrons, ayant pour résultat la production d’une plus grande quantité et d’une meilleure qualité de plutonium en comparaison àun réacteur àeau légère. Selon David Albright, directeur de l’institut pour la Science et la sécurité internationale, l’IR-40 pourra produire 8-10kg de plutonium par an, soit la valeur d’approximativement une àdeux bombes nucléaires.

L’AIEA affirme que 8kg de plutonium constitue "une quantité significative", assez pour construire une arme nucléaire. De telles évaluations de rendement supposent toutefois que l’IR-40 fonctionnera àplein régime tout au long de l’année et que la quantité totale de carburant produit sera employée pour la production de plutonium. En outre, de telles évaluations de rendement de plutonium impliquent que les Iraniens construisent une unité de séparation de plutonium (retraitement) de taille et de capacité suffisantes pour soutenir un programme basé sur la production de plutonium àdestination militaire. Si elle était correctement conçue, une telle unité pourrait également s’adapter au combustible irradié du réacteur de Bushehr, si l’Iran décidait de retraiter le plutonium sans le renvoyer pour séparation en Russie. Il est également possible que les Iraniens puissent séparer le combustible utilisé par l’IR-40 et cachent clandestinement des quantités de plutonium retraité pour servir àla fabrication d’une arme atomique àune date ultérieure. Dans ce cas, cela pourrait prendre plus longtemps pour obtenir "une quantité significative" de plutonium.

D’une manière ou d’une autre, ce réacteur est un sujet d’inquiétude, compte tenu du fait que des réacteurs semblables ont été utilisés pour produire le plutonium dans d’autres pays par le passé. Ils se sont servis de réacteurs de conception comparable aux IR-40, capables de produire des niveaux semblables de puissance thermique, pour produire leurs premières bombes atomiques.