Le ministre des Affaires Etrangères français, en visite à Téhéran avec ses homologues anglais et allemand, a annoncé en grande pompe aujourd’hui aux médias que « la solution a été trouvée aux problèmes en suspens » en ce qui concerne les capacités nucléaires de l’Iran.
Comprenez que l’Iran a décidé qu’il suspendrait - provisoirement - l’enrichissement d’uranium « en signe de bonne volonté ».
Le dossier « ouvert pour signature » selon l’expression diplomatique consacrée, doit encore être ratifié : « il y a en Iran un processus légal que nous devons respecter » a déclaré Hassan Rohani, « et c’est le Parlement qui doit en définitive ratifier le texte ».
Aucun détail n’a cependant été fourni sur la date à laquelle l’Iran suspendrait ses activités d’enrichissement d’uranium ou signerait le protocole additionnel.
Loin de calmer mes inquiétudes, il faut rapprocher ces effets de manche d’une dépêche datant du 19 octobre, dans laquelle il était mentionné que « Berlin, Paris et Londres pourraient envisager d’aider l’Iran à poursuivre son programme nucléaire et même de lui fournir du combustible nucléaire s’il satisfait toutes les exigences de la communauté internationale pour prouver que ce programme est purement civil. » http://fr.news.yahoo.com/031019/202/3ge1y.html
Quand on connaît la difficulté de retracer précisément l’utilisation d’un combustible à des fins civiles ou militaires, que les inspecteurs de l’AIEA n’ont jusqu’à présent pas été admis à visiter les sites en détail et qu’aucune donnée ne leur a été fournie sur les quantités d’uranium enrichi, on entrevoit l’ampleur du « problème ».
Par ailleurs, outre l’absence d’indications sur les quantités d’uranium enrichi par l’Iran jusqu’à ce jour, rien ne l’empêche d’utiliser le combustible produit ou détenu à des fins militaires.
L’Iran, qui s’était jusqu’à présent refusé à toute cessation d’activité semble donc avoir trouvé la parade.
Enfin, je déplore que M. de Villepin, qui s’est voulu le porte-parole de ses collègues européens, n’ait pas jugé utile de commenter les festivités du mois dernier, en l’honneur de l’anniversaire de la révolution islamique, lors desquelles on avait pu voir à la télévision d’Etat des missiles « Shahab 3 », capables d’atteindre Israël, arborer l’inscription « Nous écraserons l’Amérique sous nos pieds » et « Israël doit être rayé de la carte », et défiler devant les plus hauts dignitaires de la république islamique. Ceux-là mêmes que le ministre français a rencontrés aujourd’hui...