Ainsi que je le redoutais lors de ma précédente chronique, le peuple arabe de Palestine vient de donner, une nouvelle fois, un très mauvais signal.
Alors même que l’opinion publique israélienne, toutes tendances confondues, faisait montre de recentrage, alors même que ses élites politiques prouvaient leur sens des réalités, à nouveau, malgré cela ou - hypothèse plus pessimiste encore - à cause de cela, les Palestiniens viennent de montrer qu’ils n’avaient pas renoncé à la culture de la violence et de la mort qui leur a été inculquée depuis des lustres sous les yeux trop complaisants des opinions européennes.
Certes, il ne saurait être question de contester un résultat obtenu démocratiquement.
On a vu, en Algérie, ce qu’avait donné la négation de la victoire légale du Front Islamique du Salut.
Pourtant, depuis 1933, l’on sait que la démocratie peut accoucher du pire.
Déjà , et avant même le résultat des élections, les avocats les plus zélés du palestinisme ont commencé timidement à expliquer que le Hamas n’était plus le Hamas et qu’il était en train de renoncer à ses vieux démons.
Au risque, bien entendu, de prendre de singulières libertés avec la vérité.
C’est ainsi, par exemple, que Stéphanie Lebars, dans Le Monde, indiquait que le mouvement islamiste est considéré par les israéliens comme un mouvement terroriste, en oubliant que les Américains et les Européens sont également de la même opinion.
La même Stéphanie Lebars, assistée de Monsieur Gilles Paris, n’hésitant pas, dans un article daté du 25 janvier dernier, à écrire que les dirigeants du Hamas « n’excluent plus un dialogue avec Israë l, ce qui marque implicitement une reconnaissance de l’Etat juif  ».
Vous avez bien entendu ce monument de contrevérités.
Alors même que les membres de l’OLP, qui ont renoncé, du bout de la plume, à leur article prônant la destruction de l’Etat d’Israë l, continuent, en réalité, à manier l’ambiguïté entre Israë l et Etat juif, et bien, pour Madame Lebars et Monsieur Paris, le Hamas aurait déjà implicitement reconnu l’Etat juif !
A ce stade, il est sans doute inutile de rappeler à ces journalistes qu’Ismail Hania, haut responsable du Hamas dans la bande de Gaza, indiquait, sans surprise, le 18 janvier dernier, que le programme électoral de son parti incluait « la fin de l’entité sioniste  ».
Il n’est évidemment pire sourd que celui (ou celle) qui ne veut pas entendre.
Saluons également le bel exercice de dénégation du réel de Monsieur Pascal Boniface qui, dans le cadre de son émission hebdomadaire sur Radio Orient, a réussi le tour de force d’évoquer longuement le rôle social du Hamas sans évoquer une seule fois les actions terroristes de cette organisation [1].
Bien entendu, nous allons entendre, dans les tout prochains jours, que le scrutin palestinien est à mettre au débit d’Israë l et de sa désespérante politique.
On oubliera évidemment de rappeler Oslo, de rappeler les attentats, de rappeler le déclenchement délibéré de la seconde Intifada, en dépit des efforts pathétiques de Barak, de rappeler, enfin et surtout, l’ambiguïté palestinienne, toutes tendances confondues, à l’égard de l’arme terroriste.
Mais il semblerait aujourd’hui que tous les efforts entrepris par les négateurs de la réalité demeureront vains.
Il leur sera impossible d’obliger les Israéliens à entreprendre la moindre négociation avec ceux qui ont juré leur disparition et se promettent de l’accomplir au moyen du sang de leurs enfants, tant que ceux-ci n’auront renoncé ni à leur but ni à leurs méthodes.
En cela, les tragiques résultats de ce 26 janvier auront au moins le triste avantage de la clarté.