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Pourquoi Israël est responsable du conflit au Proche-Orient

par Joseph Farah - worldnetdaily - Adaptation française : Aaron Bahar et Alain Legaret

Mis en ligne le 05 octobre 2006, par M. Macina, sur le site upjf.org

C’est par souci d’informer nos internautes que j’ai mis en ligne, hier, l’article du journaliste libano-américain, Joseph Farah, « Pourquoi Israël est responsable du conflit au Proche-Orient http://www.upjf.org/contributeurs-specialises/article-11859-145-7-israel-est-responsable-conflit-au-proche-orient-j-farah.html », dont je désapprouve totalement la perception, telle du moins que Farah la résume :

« La « faute » d’Israël est dans l’absence de la crainte de Dieu, dans le fait qu’Israël manque de ferveur dans son combat pour la terre que Dieu lui a donnée en héritage. Les Juifs sont disposés à prendre des libertés avec la promesse de Dieu en abandonnant la terre morceau après morceau. »
Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que Farah exprime ce grief. Le 25 mai, il gratifiait les lecteurs de WorldNet Daily, d’un article encore plus sombre, intitulé précisément : « Je désespère d’Israël http://www.upjf.org/contributeurs-specialises/article-11265-145-7-desespere-disrael-joseph-farah.html », que je mettais en ligne pour la même raison que celle émise plus haut, et dont j’introduisais la mise en ligne en ces termes sévères :

« [C]es vaticinations [...] sont la conséquence logique de l’amour déçu de ces chrétiens, « amis » d’un Israël religieusement fantasmé, anhistorique, bibliquement fossilisé, érigé par eux, avant le temps, en assemblée messianique, et qui a le mauvais goût de ne pas se conformer à leurs spéculations millénaristes. Déjà risquée pour des Juifs, l’entreprise de penser à la place de ce peuple reconstitué sur une partie de sa patrie d’antan, et de « hâter » la fin annoncée par les Ecritures en provoquant une effervescence messianique, devient déraisonnable, voire démentielle, lorsqu’elle est le fait de chrétiens qui se prennent pour des prophètes et prétendent dicter sa politique à un Etat contraint, pour survivre, de se plier aux exigences de la communauté internationale. Le problème, quasi névrotique, de ces amis importuns est qu’ils font fi de l’incarnation - un comble pour des chrétiens ! - et des servitudes concrètes, inhérentes à l’insertion d’une communauté nationale dans l’espace international. Qu’on ne se méprenne pas, je ne suis pas moins inquiet que M. Farah des mesures de retrait et de repli territorial, mises en oeuvre par les dirigeants d’Israël. Mais, à la différence de son attitude et de celle de ses semblables, impatients de voir advenir le Royaume de Dieu sur la terre, hic et nunc, et qui se permettent de fustiger ce malheureux Etat mondialement contesté, et ce en employant le langage des prophètes, alors qu’ils ne sont pas prophètes et qu’ils ignorent tout des desseins de Dieu sur l’histoire, en général, et sur celle d’Israël, en particulier, je me garde de m’ériger en contempteur de la politique du gouvernement du peuple israélien qui, contrairement à eux et à moi, vit dangereusement dans le creuset moyen-oriental, en butte à la haine et à l’hostilité irréductibles de ses ennemis. »

Dans un article mémorable de 2001, intitulé « La ’Fin des Temps’ : Fondamentalisme et lutte pour le Mont du Temple http://www.upjf.org/detail.do?noArticle=11271&amp ;noCat=132 », Daniel Pipes avait déjà anticipé le danger de l’engouement chrétien pour Israël sur base d’attentes et de spéculations de nature fondamentaliste :

« C’est assurément un signe inquiétant lorsque chaque partie d’une relation fonctionnelle abrite ses propres attentes à l’ombre de l’autre ; ou quand, ainsi que l’écrit Gorenberg [1], chaque partie « considère souvent l’autre comme un instrument inconscient pour atteindre un but plus élevé ». Son souci est que, déçus de voir que les Juifs n’entreprennent pas le travail de reconstruction attendu, les chrétiens fervents risquent de considérer les juifs comme faisant obstruction à l’enlèvement [de l’Eglise] et qu’ils manquent encore Jésus. « Quand la génération ’ultime’ [des Juifs] refuse d’atteindre son terme, une ancienne frustration à l’endroit des Juifs qui ne joueront pas leur rôle a toutes les chances de ressurgir. » »
Et Pipes d’ajouter :

« Il y a au moins un précédent à un tel changement d’humeur... L’« Israélisme » britannique [British-Israelism], mouvement chrétien qui était pro-sioniste avant la naissance de l’Etat d’Israël, est devenu antisioniste quand il ne s’est pas vu associer à la construction du nouveau pays. « Comme les fondamentalistes contemporains », écrit Barkun, « ils avaient besoin d’un Etat juif en Palestine pour des raisons théologiques, mais cela ne signifiait pas nécessairement qu’ils aimaient les Juifs ». Le mouvement « British-Israel » a, par la suite, donné naissance au mouvement de l’« Identité Chrétienne », également connu sous le nom de « Nation Aryenne », qui est peut-être le mouvement chrétien le plus violemment raciste et antisémite qui existe aujourd’hui. »

On sait, hélas, à quelles extrémités peut mener un zèle - sincère certes, mais mal éclairé. On en connaît au moins un cas extrême : celui du Révérend Pat Robertson, selon qui Sharon a été frappé de paralysie pour avoir divisé la Terre d’Israël [2] :

« Il [Sharon] était en train de partager la terre de Dieu... Et je dirais : « Malheur à tout Premier Ministre, qui prend la même direction pour apaiser l’Union Européenne, les Nations unies et les Etats-Unis d’Amérique ». Dieu a dit : « Cette terre m’appartient. Vous avez intérêt à ne pas y toucher ! » »

Pour être équitable, je citerai un autre auteur juif, Jonah Goldberg, qui a une approche plus empathique des thèses chrétiennes fondamentalistes [3] :

« Beaucoup de chrétiens évangéliques prennent la Bible à la lettre quand elle dit que les Juifs sont le « peuple élu » de Dieu. Un certain nombre de Juifs le pensent aussi, mais vous seriez étonnés de constater qu’ils sont moins nombreux que vous ne l’imaginiez. Quoi qu’il en soit, parce qu’ils le croient, certains Evangéliques soutiennent Israël, en raison de leur foi - solide comme le roc - selon laquelle Dieu a donné toute la terre de l’Israël biblique à son peuple élu. Ils croient également - et c’est le point le plus délicat - que le Christ ne reviendra pas avant que les Juifs ne récupèrent Israël et que se déclenche la bataille finale du temps de la fin. Selon [l’interprétation] chrétienne de la prophétie biblique, deux tiers des Juifs mourront au cours de la bataille finale d’Armageddon, et le tiers restant se convertira au christianisme en acceptant Jésus, lors de son retour. Ce sera le commencement du règne millénaire du Christ [...] Oui, les Evangéliques que j’ai entendus croient qu’Israël a une place importante dans le plan de Dieu et que les Juifs sont le peuple élu de Dieu. Mais c’est pour eux une toile de fond, un contexte théologique qui leur permet de voir le malheur des Juifs sous une lumière sympathique. La plupart de ceux que j’entends sont beaucoup plus prompts à parler d’Israël comme d’une démocratie, ou d’un allié - que comme d’un détonateur du piège d’Armageddon. »

Au final, on ne saurait trop recommander la prudence à celles et ceux qui seraient impressionnés par la ferveur des attentes messianiques de ces chrétiens, dits fondamentalistes, concernant le peuple juif. Il n’appartient à personne de vaticiner sur le destin religieux du peuple juif. Il est encore moins question de dicter aux dirigeants politiques et religieux de l’Etat d’Israël la manière dont ils doivent habiter la terre disputée, sur laquelle une conjoncture politique statistiquement improbable, ou une Providence mystérieuse, ont ramené une partie, qui fut d’abord négligeable, de ce peuple, laquelle s’est accrue depuis au point de constituer aujourd’hui un tiers des Juifs vivant dans le monde.

En effet, qu’ils soient religieux pratiquants, ou laïcs, convaincus de la légitimité de leur établissement sur la terre d’Israël dans ses frontières bibliques, ou partisans de compromis drastiques en matière de territoires, les Juifs sains d’esprit savent que pour vivre (voire survivre) dans le concert des nations, il leur faut se plier aux règles et décisions internationales.

Des chrétiens et des Juifs ont le droit de croire que la souveraineté sur toute la terre d’Israël appartient au peuple juif, et qu’elle leur reviendra parce que tel est le dessein de Dieu. Mais ils doivent se garder de susciter une effervescence pseudo-messianique. Qu’ils attendent plutôt, patiemment et humblement, l’heure de Dieu, qui, si elle doit réellement advenir, s’imposera d’elle-même, quand les conditions de cet avènement messianique seront posées. En attendant, nul n’en connaît ni le jour, ni l’heure.

Menahem Macina

© UPJF


Notes

[1] « ’La Fin des Temps’ : Fondamentalisme et lutte pour le Mont du Temple http://www.upjf.org/christianisme/article-11271-132-6-fin-temps-fondamentalisme-lutte-mont-temple-pipes.html », D. Pipes ; voir aussi, de G. Gorenberg, « Une alliance peu orthodoxe, l’engouement des Evangéliques pour les juifs http://www.upjf.org/christianisme/article-11272-132-6-alliance-orthodoxe-lengouement-evangeliques-juifs-g-gorenberg.html ».

[2] Voir : « Un pasteur américain : Sharon a été puni pour avoir partagé la terre d’Israël http://www.upjf.org/detail.do?noArticle=10704&amp ;noCat=115 ».

[3] Voir « Le débat évangélique à propos d’Israël http://www.upjf.org/detail.do?noArticle=3194&amp ;noCat=133&id_key=133 ».



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