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Directeur d’une école de l’Onu à Gaza et fabricant de roquettes
Yahoo par Adam Entous| Reuters
Article mis en ligne le 5 mai 2008

Le jour, Aouad al Kik était un enseignant en sciences respecté et le directeur adjoint d’une école de garçons de Rafah gérée par l’Agence de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine (UNWRA). La nuit, selon des activistes palestiniens, il était le principal dirigeant d’une fabrique clandestine de roquettes et de mortiers pour le compte du Djihad islamique, située à trois kilomètres de l’établissement scolaire, où un missile israélien l’a tué le 30 avril.

Le Djihad islamique a riposté à cette attaque en tirant des roquettes contre Israël et lui a offert un enterrement solennel. Sa famille dit avoir ignoré tout de la double vie de cet homme de 33 ans, marié et père de cinq enfants.

« Il n’était que professeur et directeur d’école. L’école c’était sa vie. Il n’avait pas le temps de travailler pour le Djihad islamique », assure sa soeur Naïma, tandis que d’autres membres de la famille opinent du chef sous des affiches de l’organisation armée.

« PERSONNE NE SAVAIT »

Quant aux Nations unies, souvent accusées par Israël de complaisance avec les activistes palestiniens, elles n’ont pas été représentées aux obsèques et semblent embarrassées.

Les étudiants et collègues de Kik interrogés par Reuters ainsi que les responsables de l’Onu disent avoir tout ignoré des activités clandestines de la victime.

Pourtant, les responsables du Djihad islamique, mouvement allié au Hamas qui contrôle la bande de Gaza, l’ont présenté comme un « martyr » de leur cause qui dirigeait une « unité mécanique » - un euphémisme pour parler d’une fabrique d’explosifs.

Son corps a été enveloppé dans le drapeau du Djihad islamique durant ses obsèques et des portraits à sa gloire ornaient encore sa maison cette semaine. Et sur la grille d’entrée de l’école où il enseignait, une note manuscrite a un moment proclamé que Kik, « ingénieur en chef d’un unité mécanique » irait « droit au paradis ».

Cette notice avait cependant disparu lorsqu’un correspondant de Reuters s’est présenté lundi à l’établissement de l’UNRWA. Son personnel a confié avoir reçu pour consigne de ne pas évoquer les activités de la victime, dont l’agence onusienne orthographie le patronyme « al Geeg ».

Outre que l’Onu n’était pas représentée aux obsèques, aucun de ses représentants n’est allé présenter ses condoléances à sa veuve, qui s’inquiète de ne toucher aucune retraite, une question que l’UNRWA a promis toutefois d’étudier.

« Nous avons une politique de tolérance zéro envers les activités politiques et militantes dans nos écoles. Le personnel se voit régulièrement déconseillé de s’engager dans ce type d’activités. Mais, naturellement, nous ne sommes pas une police de la pensée et nous ne pouvons pas surveiller le cerveau des gens », a expliqué un porte-parole de l’UNRWA, Christopher Gunness.

L’armée israélienne a annoncé que son attaque du 30 avril visait précisément une fabrique d’armes artisanales et que Kik, un physicien doté de huit ans d’expérience dans les écoles de l’UNRWA, était personnellement impliqué dans la mise au point de roquettes et de mortiers.

Les rapports entre l’URNWA et Israël sont traditionnellement difficiles, surtout depuis le blocus imposé à Gaza à la suite de sa prise de contrôle par le Hamas, en juin, une mesure que l’agence onusienne a présentée comme une punition collective de la population civile dont elle a la charge.

De son côté, Israël a fréquemment accusé les activistes de profiter des véhicules et installations de l’agence pour mener leurs actions clandestines, ce que l’UNRWA dément.

Cela n’empêche pas que certains de ses employés palestiniens aient des affiliations politiques, comme l’enseignant Saïd Seyyam, qui fut ministre dans le gouvernement du Hamas mis sur pied après la victoire législatives du mouvement islamiste, début 2006.

Mais tandis que nombre de Gazaouis ne font pas mystère de leurs sympathies et affiliations, la menace à laquelle Kik s’exposait avec sa double vie lui imposait de prendre mille précautions et d’observer un strict cloisonnement de ses activités. « Personne ne savait », a résumé Chadi, un étudiant de son école. Jusqu’au 30 avril.



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