L’antisémitisme musulman grandit tant en nombre d’adhérents qu’en extrémisme, à tel point qu’il constitue désormais une menace stratégique à prendre en compte pour Israël, selon un rapport de 180 pages destiné à des responsables israéliens et publié mardi 22 avril par le semi-officiel Centre d’Information des Renseignements et du Terrorisme (CIRT).
Selon le rapport, en éduquant des générations de Musulmans dans une animosité profonde envers Israël et envers les Juifs en général, cet antisémitisme -activement promulgué par de nombreux pays de la région- mettra à plat le processus de paix et les efforts de normalisation des relations entre Israël et les pays arabes. Il constituera aussi une justification intellectuelle pour un programme politique d’élimination.
« Ce n’est pas un préjudice ordinaire », a signalé le docteur et directeur du CIRT, ainsi que colonel réserviste Reuven Erlich, appartenant anciennement aux services de renseignements de Tsahal et qui se trouve être à la tête de l’équipe de chercheurs qui a produit ce rapport. « Ce préjudice est diabolique parce qu’il n’est pas théorique. C’est une incitation idéologique provenant d’Etats et d’organisations disposant des moyens pratiques de la traduire en actions », a-t-il déclaré.
Intervenant après la conduite d’une étude similaire produite en 2004, le rapport est un véritable examen de l’antisémitisme dans le monde musulman, avec pour éléments « centraux » l’Iran et les Etats arabes.
Le CIRT opère sous l’égide du Centre de Commémoration et d’Héritage des Renseignements israéliens (CCRI), l’agence officielle chargée de la mémoire des défaillances des services de renseignements israéliens. Le CCRI est présidé par l’ancien chef du Mossad, Efraïm Halevy, est maintient des liens étroits avec les services de renseignements. Les rapports du CIRT sont très largement lus par les responsables du pays.
L’une des découvertes les plus alarmantes dans ce rapport est la croissance depuis ces trois dernières décennies des racines musulmanes concernant les plus anciennes représentations européennes de l’antisémitisme.
Sans pour autant écarter l’antisémitisme européen chrétien classique à travers l’évocation de conspirations juives secrètes, du meurtre rituel d’enfants non juifs et d’autres allégations de l’existence du démon juif, l’antisémitisme dans le monde musulman augmente à vue d’oeil, et trouve même des raisons « islamiques » à cette haine anti-juive, et ce à travers de nouvelles interprétations de l’histoire de l’Islam et des Ecritures Saintes.
Toutes les aberrations y passent : de l’histoire « coranique » de Juifs empoisonnant le prophète Mohammed, aux relations difficiles entretenues entre Mohammed et des tribus juives d’Arabie. Des groupes d’islamistes radicaux utilisent une rhétorique extrémiste antisémite devenue de plus en plus populaire auprès du public musulman, et ce particulièrement en Iran et dans les Etats arabes.
Le but de cette « islamisation » de l’antisémitisme, selon le rapport, est de transformer le conflit israélo-palestinien en une contestation nationale territoriale qui puisse être résolue par un compromis sur « la lutte historique, culturelle et existentielle », en vue garantir une « suprématie de l’Islam. »
Livres, radio, télévision, journaux, caricatures, et forums internet sont devenus les « outils » de propagation de ce discours, touchant ainsi les Musulmans tant à l’intérieur de leurs pays, qu’en Occident même, où ces outils disposent d ?un large public musulman.