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De quoi se mêlent-t-ils ?
par David Ruzié, professeur émérite des universités, spécialiste de droit international
Article mis en ligne le 18 avril 2008

Le Rapporteur des droits de l’homme « pour les territoires palestiniens occupés depuis 1967 », le sud-africain John Dugard, vient de rendre public un appel, complaisamment relayé par le Service d’information des Nations Unies, aux termes duquel « il n’y a pas de raison pour que les Nations Unies, par l’intervention du Conseil de sécurité ou du Secrétaire général, n’intervienne pas et ne fasse pas valoir son rôle de médiateur », « après la nouvelle vague de violence » et « les effusions de sang à Gaza et dans une moindre mesure en Cisjordanie (qui) se poursuivent ».

Nous avons déjà, attiré l’attention des internautes sur cet « expert » auprès du Conseil des droits de l’homme, qui a, récemment, déposé, son dernier rapport, dans lequel transparaît un parti pris manifeste contre Israël (www.desinfos.com/article.php?id_article=9413).

Cette fois, oubliant ce qu’il a dû apprendre et enseigner, en tant que professeur de droit international, John Dugard s’arroge un droit d’initiative qui ne lui appartient pas et ignore, pratiquement, les nombreuses prises de position du Conseil de sécurité et/ou du Secrétaire général de l’Organisation mondiale, sur le problème.

Il ne suffit pas de crier « Au feu », encore faut-il qu’il y ait effectivement des pompiers ou que ceux-ci soient au moins en mesure d’agir, ce qui n’est guère le cas en l’espèce.

Ceci dit, il faut reconnaître que John Dugard, même s’il apparaît naïf, à certains égards, n’ignore pas, dans une certaine mesure, pour une fois, la réalité de la situation.

« Le manque de volonté de la part d’Israël de parler au Hamas est compréhensible, compte tenu de l’hostilité du Hamas envers l’Etat d’Israël », dit-il, en appelant à « parler à un groupe que l’on désapprouve politiquement ». Il demande la médiation de l’Organisation mondiale « même lorsqu’une des parties a été qualifiée de ‘terroriste’ ».

Notre « grand naïf » s’imagine qu’il suffit de claquer dans les doigts pour que l’ONU ouvre des « voies de communication entre Israël, le Hamas et l’Autorité palestinienne à Ramallah, afin de les amener à la table de négociations ».

Incidemment, on ne voit pas, contrairement au vœu de Dugard, pourquoi l’ONU devrait prendre une initiative qui, par ailleurs, « contribuerait aussi à la promotion de l’unité nationale palestinienne ».

Il oublie manifestement que le Quartet (qui, rappelons-le, comprend l’ONU, l’Union européenne, les Etats-Unis et la Russie, donc ce qui « compte » sur l’échiquier international) a, au lendemain du « triomphe » électoral du Hamas, en janvier 2006, posé trois conditions à ce mouvement : la reconnaissance d’Israël, la renonciation à la violence et le respect des accords passés (par l’OLP).

Pour une fois, la position du d’Israël rejoint celle exprimée par les « représentants » de la société internationale. Devant le refus du Hamas d’accepter ce minimum, il est évident qu’Israël n’a pu et ne peut, encore, envisager de discuter avec des gens qui au mieux ne vous promettent (mais sans garantie...) la vie sauve que pendant 10 ans.

Certes, dira-t-on, l’ancien marchand de cacahuètes, devenu, un jour, président des Etats-Unis, Jimmy Carter, a bien rencontré, vendredi à Damas, le chef du bureau politique du Hamas.

Mais tout en respectant les « cheveux blancs », on ne peut que constater que celui qui réussit à rapprocher l’Egypte et Israël, et qui permit la conclusion des accords de Camp David en 1978, prélude au traité de paix israélo-égyptien de 1979, n’est plus qu’un « has been », qui ne sait plus très bien ce qu’il dit.

Accusant, dans son dernier livre paru en 2006, Israël d’être un pays prônant l’apartheid, le voilà qui, hier, dans un discours à l’université américaine du Caire, a qualifié le blocus à Gaza de ’’crime’’ et d’ ’’atrocité’’.

Il faut savoir raison garder et ne pas tomber dans le piège du Hamas qui, organise, en quelque sorte la pénurie à Gaza pour sensibiliser les « bonnes âmes ».

Indépendamment du détournement par le Hamas de l’approvisionnement en électricité (sans parler de mises en scène grotesques), il est évident que la multiplication des actes de violence contre Israël, conduit ce pays à renforcer les mesures de sécurité, pour empêcher que, par le biais de l’acheminement de marchandises et de fournitures, des terroristes parviennent, effectivement, à s’infiltrer en territoire israélien.

Et c’est alors, la spirale infernale : violences, mesures de sécurité, difficultés d’approvisionnement et apitoiement....

Que peut-on attendre de l’ONU, quand on sait que depuis 1948, elle entretient un « organisme des Nations Unies de surveillance de la trêve » (ONUST), comprenant plus de 400 personnes, dont 153 observateurs militaires, qui émargent au budget 2008-2009 pour un peu plus de 66 millions de dollars.

L’ONUST, initialement chargée de surveiller les cessez-le-feu et les Conventions d’Armistice, coopère actuellement avec la Force des Nations Unies chargée d’observer le dégagement (FNUOD) dans les hauteurs du Golan dans le secteur israélo-syrien et avec la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) dans le secteur israélo-libanais. Il se trouve également présent dans le secteur égypto-israélien dans le Sinaï et dispose de bureaux à Beyrouth et à Damas.

Autrement dit, les activités de l’ONUST se sont déroulées, et continuent à se dérouler, sur le territoire de cinq Etats (l’Egypte, Israël, la Jordanie, le Liban, la République arabe syrienne), avec les résultats limités que l’on sait, sauf en ce qui concerne les casques bleus, qui servent de tampon entre les forces armées israéliennes et syriennes.

Mais, quand on sait que la mission de l’ONUST était, également, de « circonscrire les incidents isolés et les empêcher de dégénérer en conflit généralisé », on constate sa faillite tant en 1956, 1967, 1973 et, sur la frontière avec le Liban, depuis la fin des années 70.

Jusqu’à présent, certes, rien n’a jamais été prévu en Cisjordanie et à Gaza, mais au vu de son inefficacité par ailleurs, on ne voit guère ce que l’ONUST aurait pu faire.
Alors les incantations de John Dugard et les jérémiades de Jimmy Carter n’y feront rien, si ce n’est de leur donner bonne conscience.



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