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Les pauvres, c’est pas décoratif...
Bernadette Capdevielle © Primo
Article mis en ligne le 5 avril 2008
dernière modification le 6 avril 2008

Pour le sommet de l’Otan (du 2 au 4 avril) à Bucarest, les autorités roumaines ont demandé à plusieurs ONG d’aider la police à « vider » le centre des sans-abri. Des dizaines d’enfants des rues ont été transportés en bus à une dizaine de kilomètres hors de la ville.

Nettoyage de printemps

C’est à Bucarest que se tenait le sommet de l’Otan. Cruel honneur pour les plus pauvres. Tous n’ont pas la grâce du jeune mendiant de Murillo. On peut aimer l’humanité mais détester les gens. On peut s’émouvoir d’une image et s’agacer d’une réalité. Infinie délicatesse européenne. Pour la ménager il a fallu prendre quelques dispositions.

Ceux qui n’ont pour gîte que la rue et les asiles de nuit ont été menés plus loin. Des enfants ont pris place dans des cars. Transportés vers un autre abri, avec l’aide d’ONG. Petit ménage de printemps. Le respect des traditions.

Le respect des humains ? C’est plus embarrassant. Si en Roumanie la pauvreté est criante, elle n’est pas absente de nos villes. Elle n’y est pas plus acceptable. Ni pour ceux qui la subissent, ni pour ceux qui la croisent.
L’éloigner des regards c’est choisir son camp.

Je pense à ce couple rencontré lors de cours d’alphabétisation. Ils venaient d’Arménie. Leur regard,quand j’ai prononcé le nom d’Erevan !

Splendeur des pays dans les yeux de ceux qui les aiment. Entre deux apprentissages, nous avons bavardé, nous avons ri. Nous avons cessé de rire. Ils m’ont dit leurs journées. Sans se plaindre. Juste raconté. Comme on se parle de choses et d’autres, au quotidien. C’était très simple : ils marchaient des heures et des heures. La saison leur imposait ce rythme. Les humains n’hibernent pas. L’immobilité est dangereuse.

Le centre d’accueil avait des horaires très stricts. Ceux du sommeil.

Le jour ils marchaient. Malgré leur âge. Rien en eux ne pouvait heurter ou déranger les passants. L’ordre des villes n’en était pas troublé. Ils ne demandaient rien. L’errance peut sembler promenade.

Un homme et une femme apprenaient, dormaient le soir et le jour marchaient dans les rues. Ils n’étaient pas de ceux auprès de qui quelque célébrité peut prendre la pose pour exhiber sa belle âme. Quelque chose en eux n’était pas brisé.

Des pauvres très convenables. De ceux qu’il n’est pas nécessaire d’évacuer les jours de gala.

Leur dignité intacte. La nôtre qu’en est-il ?

Qu’ils soient d’ici ou d’ailleurs, est-ce la seule place que nous voulons accorder à ceux d’entre nous qui sont laissés au bord chemin, à ceux qui y seront laissés ? A nous-même peut-être, un jour. Les digues sont si fragiles.



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