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Au nom de la vie. Israël et le don d’organes
Par Guy Senbel pour Guysen International News
Article mis en ligne le 28 mars 2008

Cette semaine, nous souhaiterions attirer l’attention de nos lecteurs sur le vote d’une loi à la Knesset relative à la « mort clinique » qui favorise désormais les dons d’organes en Israël. Les enjeux qu’elle révèle et les débats qu’elle suscite, au sein du monde religieux notamment, montrent une liberté de pensée et d’expression dignes d’une grande démocratie.

Seuls 4% des Israéliens possèdent aujourd’hui une carte de donneur d’organes, la fameuse carte « Adi ». Et le taux de refus des familles israéliennes de prélever des organes sur des proches décédés est encore de 60%, contre 30% en France par exemple ; le respect de l’intégrité du corps du défunt est la première raison invoquée par les familles. Chaque année, une centaine d’Israéliens meurent dans l’attente de greffes d’organes vitaux tels que le rein et le cœur.

Lundi 24 mars, pour encourager et faciliter les dons d’organes, le Parlement israélien a adopté une loi décrétant la mort clinique comme une mort légale. Or la mort clinique, contrairement à la mort par arrêt de la circulation cardiaque, préserve certains organes assez longtemps pour les transplanter, et sauver des vies. La nouvelle loi permettra aux médecins d’avoir recours aux dons d’organes d’individus dont le cerveau a cessé de fonctionner, mais dont le cœur continue de battre.

La loi encourage aussi le don d’organes de personnes vivantes en leur faisant bénéficier d’une indemnité. Le système de rémunération des donneurs, bien qu’il présente le risque de voir les plus misérables se porter candidats aux dons d’organes de leur vivant, pour toucher des indemnités prévues par la loi, est sans doute la meilleure façon de pallier à la pénurie. De même, le commerce de dons d’organes, désormais reconnu comme une infraction passible de trois ans de prison, empêchera les trafics de s’organiser.

Le débat suscité en Israël n’oppose pas les religieux d’une part et les laïcs d’autre part. Porté essentiellement par les religieux qui participent volontiers aux grands débats de société, la question des dons d’organes ouvre une discussion éthique sur la vie et la mort. Le débat confronte ceux qui croient qu’une personne est considérée comme morte si et seulement si son cœur a cessé de battre, à ceux qui considèrent qu’une personne est morte si son cerveau ne fonctionne plus, et qu’il est par conséquent légitime de prélever des organes sur une personne en état de mort clinique.

Le débat israélien, a impliqué l’ invitation des religieux à y participer, pour l’enrichir. Le débat sur le don d’organes, provoqué par les formidables progrès scientifiques qui contribuent au prolongement de la vie humaine, ne peut échapper aux valeurs et aux principes qui fondent la civilisation judéo-chrétienne. Au cœur du débat, deux des dix commandements au moins sont pris en compte : l’un est positif, c’est l’amour du prochain ; l’autre est négatif et concerne l’interdiction de tuer.

Il a donc été décidé que la mort cérébrale d’un individu serait prononcée par des médecins nommés par un Comité composé de trois médecins, de trois experts (éthique, philosophique, juridique), et de trois rabbins. « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme »...

Le grand rabbin sépharade d’Israël Shlomo Amar et le leader spirituel du Parti Shass, le grand rabbin Ovadia Yossef ont apporté leur soutien à la nouvelle loi. Rappelons aussi que pour le rabbin Léon Ashkenazi, la mort selon la loi juive se définit par l’arrêt du souffle, le moment où l’âme quitte le corps. Cependant, face à la nécessité de sauver une vie, il rappelait que donner une importance excessive à un corps qui vit artificiellement pourrait s’interpréter comme une forme d’idolâtrie...

Si le respect des morts existe bel et bien dans le judaïsme, leur culte est interdit. Au-delà de ces considérations strictement religieuses, c’est le devoir de porter assistance à toute personne en danger de mort qu’il convient ici d’invoquer. Au nom de la vie, les parlementaires israéliens ont tenu compte des considérations éthiques, et non strictement morales.

Par-delà le bien et le mal, le respect de la vie, et son éloge, continuent de triompher en Israël. Chaque missile qui tombe sur le Néguev occidental et sa ville symbole, Sdérot, présente un risque de mort insupportable.
Chaque jour depuis 643 jours, l’on s’interroge sur le sort des soldats d’Israël pris en otage par le Hamas et le Hezbollah. Ce soir, nous pensons à Guilad Shalit, Eldad Reguev et Ehoud Goldwasser.



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