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Hasbara, ou diplomatie publique
Par Nahman Shaï* | Jerusalem Post édition française
Article mis en ligne le 16 mars 2008

Dans les contes dignes de ce nom, une bonne fée apparaît généralement pour proposer au héros ou à l’héroïne de formuler trois voeux. Il s’agit-là d’une opportunité unique à laquelle tout le monde n’est pas toujours prêt ou ne sait pas quoi demander. Je me suis moi-même posé la question et les trois voeux qui me sont venus en tête étaient tous liés à la situation sécuritaire dans laquelle nous nous trouvons.

Mon premier souhait serait qu’on arrête d’utiliser le mot « hasbara » et qu’on parle enfin de « diplomatie publique » à la place. Non, ce n’est pas ce que vous pensez. Ce n’est pas juste un mot. Le terme hasbara représente l’ancienne façon de transmettre l’information au public. La nature même du mot implique le besoin d’expliquer, lehasbir, de justifier, peut-être même de s’excuser.

Désolé, mais je suis fatigué de demander pardon. Nous ne devons d’explications à personne. Nous avons patiemment attendu avant d’agir, peut-être même trop longtemps, et peut-être que lorsque nous avons agi, nous ne sommes pas allés suffisamment loin. Il est inacceptable que 250 000 personnes aient à vivre sous la menace constante de roquettes. Aucun pays dans le monde ne le tolérerait, et Israël pas plus que les autres.

Le fait qu’il n’existe aucun équivalent de langage pour le mot hasbara nous révèle aussi quelque chose. Chaque pays fait de son mieux pour protéger ses intérêts, et évidemment, sa population civile. Pour les mêmes raisons, Israël, qui a été établi avec le soutien d’un monde pétri de culpabilité, se sent dans l’obligation systématique de demander pardon au monde, pour ses actions et parfois même, pour sa propre existence.

Nous sommes les seuls à nous sentir coupables, et ce, pour aucune raison valable.

La « diplomatie publique » n’est pas juste un changement de terminologie. C’est une notion à part entière qui repose sur une stratégie savamment étudiée, proactive, constante, de façon à faire entendre la voix d’Israël et exprimer la position de l’Etat juif à l’étranger. Elle repose sur les technologies modernes d’information, vecteurs d’expression indispensables à l’ère des sites Internet tels que YouTube, Facebook et du DIG (Groupe d’information décentralisé). La diplomatie publique trouve sa source dans un mode de pensée latéral plutôt que linéaire qui permet aux individus et aux organisations d’opérer dans un monde ouvert, sans frontières.

Pour parvenir à convaincre le monde du bien-fondé et de la justesse de notre cause, il faut effectuer un changement radical dans notre manière de faire de la diplomatie publique. Les communiqués officiels de Jérusalem ne suffisent plus. Nous devons pouvoir diffuser le message plus loin et plus largement.

Comme deuxième voeu, chère fée, j’aimerais que nous puissions faire évoluer l’idée fausse selon laquelle la diplomatie publique consiste à s’adresser au monde dans son ensemble. Ce qui n’est pas tout à fait vrai.

Nous devons nous efforcer de dialoguer avec les Arabes, en particulier avec ceux qui vivent parmi nous et à nos côtés - les Arabes israéliens, les Palestiniens, les Etats arabes voisins et même les nations musulmanes plus lointaines.

Actuellement, Israël n’est pas en possession de moyens de communication - radiophoniques ou télévisuels - capables de transmettre les images et la voix d’Israël bien au-delà de ses frontières. Les porte-parole du ministère des Affaires étrangères et de Tsahal ont fait des efforts en ce sens, mais par manque de médias appropriés israéliens, le ciel au-dessus du Moyen-Orient est gouverné par des satellites arabes dont les programmes sont diffusés jusqu’en Europe et au-delà. Je ne parle pas ici de propagande, mais d’un réseau de communications indépendant, financé par des recettes publicitaires et non par l’Etat, qui doit être mis en place, à l’instar d’Al-Jazeera ou d’Al-Arabiya, pour s’adresser à une large audience. Un organe qui ne soit pas affilié au gouvernement israélien.

Nous devons arriver à prendre conscience du fait que nous n’avons pas d’autre alternative que celle de mettre nos positions en avant, même si une fois encore, il ne s’agit pas de faire de la propagande que nous passons notre temps à décrier.

Mon troisième voeu, enfin, serait d’entendre les leaders israéliens s’adresser au peuple, aux résidents de Sderot, à ceux du Néguev occidental, d’Ashkelon, et aux habitants du Sud qui ne sont pas encore à portée de roquettes. D’une manière ou d’une autre, nous vivons tous sous la menace des missiles.

La population israélienne mérite que ses leaders, ceux qu’elle a élus, lui parlent directement. Si je peux comprendre que les médias servent d’intermédiaires, de vecteurs de message, il faut que le cabinet ministériel trouve un moyen pour s’adresser à nous directement, et particulièrement en ces temps difficiles.

Je crois en la loyauté et en la ténacité du peuple israélien, qui deviendront plus fortes encore si nous comprenons ce pour quoi nous nous battons, quels sont nos buts et nos objectifs, et ce vers quoi nous nous dirigeons.

L’espoir - voilà de quoi il s’agit. L’espoir de voir que l’Etat va agir, et l’espoir de voir que la situation va se débloquer. Juste une petite précision : tout le monde n’a pas besoin de parler. Les échelons supérieurs nous suffiront. Le Premier ministre, le ministre de la Défense ou celui des Affaires étrangères, ce sont eux qui nous gouvernent et nous dirigent, pour la deuxième fois au cours des deux dernières années, vers une confrontation inévitable avec les terroristes.

Alors, petite fée, voici mes voeux. Je sais que c’est beaucoup demander, et que tu ne seras sans doute pas à même de pouvoir tous les accomplir. Peut-être même ne pourras-tu réaliser aucun d’entre eux. Je le comprends, mais peut-être pourrais-tu faire une toute petite chose pour nous. Peut-être pourrais-tu simplement nous apporter la paix.


  • L’auteur de ce texte est le vice-président et directeur général d’UJC Israël, et ancien porte-parole de Tsahal.


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