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Paris, la démagogie ne fait pas une politique
Par Gérard Etienne © Metula News Agency
Article mis en ligne le 25 janvier 2004

Entre les dangereux illuminés de l’hégémonisme islamique et l’attitude à tenir face au régime haïtien qui broie le genre humain, la France a décidément bien de la peine à articuler une politique étrangère cohérente.

d’une incohérence à l’autre



Entre les dangereux illuminés de l’hégémonisme islamique et l’attitude à tenir face au régime haïtien qui broie le genre humain, la France a décidément bien de la peine à articuler une politique étrangère cohérente. Dès qu’il devient nécessaire d’énoncer quelque chose d’un peu plus complexe qu’un pseudo pacifisme qui s’abstient, de surplus, de considérer l’interventionnisme de son propre corps expéditionnaire en Côte d’Ivoire, la logique politique du Président Chirac aurait tendance à émerger aux abonnés absents.

Responsabilisée par un lourd passé historique sur notre île et par son rôle prépondérant dans l’ascension du tyran Aristide, on attendait de Paris qu’elle nous aidât à mettre fin à la véritable boucherie qui sévit dans nos villes. C’est d’ailleurs la direction que semblait prendre la diplomatie tricolore, puisque son expert à l’ONU, Louis Janet, avait décliné, le 17 novembre dernier, l’invitation du dictateur Jean-Bertrand Aristide de se rendre dans le Nord d’Haïti afin d’y assister à la commémoration de la fameuse bataille de Vertières. Bataille symbole, à l’issu de laquelle l’armée des esclaves noirs l’emporta sur la Grande Armée de Napoléon Bonaparte, venue rétablir l’esclavage à Saint-Domingue.

Dans le même souffle, l’ambassadeur de France Yves Gaudeuil, lors de son dernier discours très peu diplomatique avant de rejoindre la métropole, excitait les revendications de l’opposition, en s’exclamant notamment : « cela va souffler, ne vous laissez pas surprendre, il faut se préparer à des choses et soyez très vigilant ». Soutenant les revendications populaires, Gaudeuil mettait le pouvoir en garde contre toute répression sanguinaire des manifestations. Les anti-Aristide, encouragés par ces oracles, ainsi que par les journaux français qui tirent à boulets rouges sur le despote, prenaient en mains le destin d’Haïti. Ainsi, depuis le12 décembre, on assiste à une mobilisation insurrectionnelle exigeant le départ d’Aristide du pouvoir au prix de centaines de tués dans les rangs du peuple et de ses intellectuels. Cette nouvelle phase active de la mobilisation rejetait dès lors les propositions de compromission que l’OEA (Organisation des Etats Américains) avait soumises au gouvernement despotique et à l’opposition. Les messages politiques de la France y étaient assurément pour quelque chose.

Gérard Etienne, le Nègre juif

Or, coupant l’herbe sous les pieds des insurgés, sans se fendre de la moindre explication quant à cette volte-face, ne voilà pas que le Quai d’Orsay effectue un virage à cent quatre-vingt degrés. Ne voilà pas que l’ambassadeur français à Port aux Princes, nageant en pleine incohérence, recommande aux Haïtiens d’adopter la résolution de la Conférence Episcopale. Conférence qui provisionne, entre autres recommandations, non pas le départ d’Aristide, comme le souhaite la quasi-totalité des habitants, mais la constitution d’un conseil de neuf membres ayant pour mandat d’entourer le Chef de l’Etat  !

Mais cette résolution, adoptée le 21 novembre 2003, est jugée tardive, dépassée et immorale par des évêques haïtiens, tel Guy Poulard et par les prêtres du Sud du pays.

La France déclare seulement s’appuyer sur l’opinion de têtes pensantes, comme celle de Laennec Hurbon du CNRS, qui a fait pourtant des commentaires étonnants sur les coutumes d’Haïti (Revue des Chemin critiques), faisant preuve, entre autres, d’une surprenante compréhension du Père Lebrun. Le Père Lebrun, du nom d’un ancien marchand de bicyclettes d’Haïti, consistant en un supplice à mort, par lequel on tue en enflammant un pneu autour du cou des malheureux.

Autre coup de poignard parisien dans le dos de la révolte, au moment où il a fait le plus mal, au lendemain des carnages du 7 janvier dernier. Alors que la répression venait de se déchaîner à la Capitale, c’est l’occurrence que choisit le ministre français délégué à la coopération et à la francophonie, Pierre-André Wiltzer, pour appuyer, passant outre la désapprobation du vice-président de ladite conférence, Mgr Poulard, la proposition des évêques. Selon Guy Poulard, l’Eglise a désormais pour obligation de prendre position de façon nette et claire sur la crise politique, marquée par des manifestations de plus en plus importantes de l’opposition que réprime le pouvoir.

La France se retrouve aujourd’hui dépassée par l’ampleur des manifestations qui regroupent désormais toutes les classes sociales, des bourgeois aux étudiants, en passant par les travailleurs de la rue. La France, les dispositions prônées par la Conférence Episcopale, l’OEA sont à la traîne derrière la détermination irréversible du peuple haïtien de recouvrer liberté et dignité. Mais plus précisément, ils sont déphasés par rapport à un élément nouveau spécifique, soit l’Alternative de Transition proposée par la Plate-forme démocratique. Ce forum, qui réunit tous les partis d’opposition et de la société civile, s’est défini comme objectif la mobilisation insurrectionnelle contre le tyran et son remplacement temporaire par un juge de la Cour de cassation.

Pour le peuple ainsi mobilisé - ils sont, selon la télévision canadienne, des centaines de milliers à descendre régulièrement dans la rue, en prenant tous les risques sur leurs personnes - le temps n’est plus de négocier avec Aristide. Comme l’écrivait Stéphane Juffa, « négocier, c’est crever un abcès ». Et il n’y plus rien à négocier ici, puisque l’abcès, en ce qui nous concerne, c’est justement le régime criminel qui nous martyrise. Personne n’aurait l’idée d’exiger des Pics de la Mirandole du Quai d’Orsay de s’asseoir à la même table que des violateurs des droits humains fondamentaux, des sorciers vaudous, des trafiquants de drogue et des pilleurs des deniers publics. Quelle drôle d’idée alors qu’ont ces diplomates que de nous présenter la même exigence ?

Bref, l’Alternative de Transition c’est aujourd’hui la solution démocratique et pacifique pour mettre à bas la tyrannie. Et de plus, elle obéit aux prescriptions de la constitution (art.149 et 149.1)



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