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Les Palestiniens devront reconnaître Israël comme Etat juif
Par Yossi Alpher - Bitterlemons 46 - 17 décembre 2007 - Traduction Kol Shalom
Article mis en ligne le 18 janvier 2008

Depuis Camp David (2000), la posture de négociation palestinienne sur diverses questions - les réfugiés, le Mont du Temple à Jérusalem ou encore le peuple juif - tend à remettre en cause la nature d’Israël comme Etat juif. Ces idées ont gagné aussi la majorité de l’opinion arabe israélienne. C’est pourquoi, il sera impossible de mettre un point final au conflit sans que la partie palestinienne ne reconnaisse qu’Israël est édifié sur l’histoire et la tradition juive dans la patrie historique du peuple juif.

Le Premier ministre Ehud Olmert et d’autres personnalités israéliennes, tant du gouvernement que de l’opposition, ont demandé au leadership palestinien de reconnaitre Israël comme Etat juif et cela en tant que partie intégrante du processus de paix naissant. De la part d’Olmert, le moment semble surtout motivé par le besoin de calmer l’aile droite de sa propre coalition. On peut toutefois espérer qu’il comprenne que, certainement à ce stade-ci du processus, la requête est superflue. Elle est même contre-productive.

Néanmoins, le concept d’Israël comme Etat juif est extrêmement important pour saisir l’évolution de l’opinion dominante israélienne à propos, tant de la paix avec le Mouvement national palestinien, que de la coexistence avec les citoyens palestiniens d’Israël.

Pour la majorité des Israéliens, Israël fut toujours un Etat juif. Ou, pour adopter une formulation plus laïque, l’Etat du peuple juif. Après tout, du point de vue du droit international, c’est la définition la plus légitime d’Israël. La déclaration Balfour de 1917, ratifiée ultérieurement par la Société des Nations, déclare que « la Palestine sera reconstituée comme le Foyer national du peuple juif ». La Résolution 181 de 1947 de l’Assemblée générale des Nation Unies crée un Etat arabe et un Etat juif en Palestine mandataire. La définition d’Israël comme un « Etat juif » fut inscrite dans la Déclaration d’Indépendance d’Israël de 1948, précisément pour se conformer au droit international.

Pour l’immense majorité des Juifs, la seule raison d’être du sionisme est l’existence d’un Etat juif. La majorité des Israéliens ne voient non plus aucun conflit, pour cet Etat, entre le fait d’être « juif » et celui d’être « démocratique ». Ni un problème dans le fait d’ériger le statut des citoyens arabes d’Israël en minorité nationale dans un Etat juif. Et cela même si ce sont devenus d’épineux problèmes aujourd’hui.

La reconnaissance palestinienne du caractère juif d’Israël, comme composante d’une formule de fin de conflit, était secondaire lors des négociations de Camp David en 2000. Quand il négocia des traités de paix avec l’Egypte et la Jordanie, Israël n’exigea jamais d’être reconnu comme Etat juif. La demande est devenue centrale ces dernières années. Depuis Camp David, l’opinion dominante israélienne a conclu, des revendications et comportements palestiniens, que l’idéal palestinien d’une solution à deux Etats se résumait de la manière suivante : un Etat arabe aux côtés d’un autre, nommé Israël, lequel est compris comme un futur Etat bi-national juif-arabe. Comme les Palestiniens l’envisagent, Israël inclurait une population arabe indigène en forte croissance démographique. Il serait en plus mis sous pression pour absorber des réfugiés palestiniens. Ceci selon la conception palestinienne que l’acceptation d’une responsabilité dans les événements de 1948 constitue pour Israël la reconnaissance de facto d’un soi-disant « péché originel », à savoir l’expulsion des réfugiés Palestiniens.

Aujourd’hui, vu cette perception israélienne de la conception ultime palestinienne d’une solution à deux Etats, Israël ne peut se permettre, lors de négociations sur un statut final, d’accepter fût-ce le retour symbolique de quelques milliers de réfugiés. Sauf si les Palestiniens renoncent au droit au retour et acceptent Israël comme Etat juif. En d’autres termes, l’opinion israélienne a conclu dans sa majorité que la revendication palestinienne qu’Israël reconnaisse le droit au retour, même « théorique », pour accorder une « satisfaction psychologique » aux Palestiniens, est contradictoire avec la solution à deux Etats telle que les Israéliens la comprennent et la communauté internationale l’a conçue.

La posture de négociation palestinienne qui a généré la demande israélienne d’être reconnu comme Etat juif ne s’exprime pas seulement sur la question du droit au retour. Son cœur réside, apparemment, dans la perception palestinienne, et plus largement arabe, que les Juifs ne sont même pas un peuple. Ou que, si ils le sont, ils ne sont pas autochtones du pays aujourd’hui nommé Israël.

Prenez le cas de Jérusalem. C’est à Camp David et par la suite que les principaux porte-parole palestiniens, de Yasser Arafat et Mahmoud Abbas à leurs collaborateurs, informèrent leurs interlocuteurs qu’il « n’y a jamais eu de temple juif au Mont du Temple ». Selon des sources autorisées palestiniennes, c’est seulement à Camp David que la partie palestinienne saisit pour la première fois l’importance capitale actuelle du Mont pour les Juifs !

Peu importe qu’avant le conflit, l’historiographie arabe ait reconnu volontiers que les mosquées du Mont du Temple / Haram al-Sharif ont été délibérément bâties sur les ruines du Temple. Ainsi l’Islam bénéficiait-il de la perception de sa continuité avec le judaïsme. Aujourd’hui, les Palestiniens sont incapables d’accepter une solution qui reconnaisse les racines hébraïques du Mont et, en conséquence, en garantisse l’accès aux Juifs. Et la majorité d’Israël est incapable d’accepter moins. Elle refuse d’accréditer la fable palestinienne selon laquelle les Juifs d’Israël ne sont qu’une bande de colonialistes sans racines établis dans un pays accaparé par la force.

La position palestinienne sur cette question se traduit également dans les déclarations de principe de l’opinion majoritaire arabe israélienne publiées dans le courant de l’année dernière. Elles revendiquent en effet qu’Israël devienne un Etat bi-national. Ceci signifie que le futur statut des citoyens palestiniens d’Israël est désormais directement lié au résultat des négociations israélo-palestiniennes sur la question de l’Etat juif.

De l’aveu général, il était vain et inutilement provocateur de la part d’Olmert de poser ce problème maintenant. De même, la Ministre des Affaires étrangères Tzipi Livni n’avait-elle pas à déclarer aussi carrément que les citoyens palestiniens d’Israël pourraient trouver leur identité nationale dans l’apparition d’un Etat palestinien. Mais les Palestiniens doivent comprendre ceci. Primo, ces affirmations israéliennes constituent une réaction directe à leurs propres positions relatives à la nature ultime d’Israël. Et secundo, il sera impossible de mettre un point final au conflit sans que les positions palestiniennes sur des questions comme les réfugiés et Jérusalem ne reconnaissent qu’Israël est édifié sur l’histoire et la tradition juive dans la patrie historique du peuple juif.

Observons que les Israéliens, qui soutiennent dans leur majorité une solution à deux Etats, n’éprouvent aucune difficulté à offrir une reconnaissance parallèle aux Palestiniens quant à leur histoire, à leurs traditions et à leur patrie.


Yossi Alpher est codirecteur de bitterlemons.org et bitterlemons-international.org. Il est ancien directeur du « Jaffee Center for Strategic Studies » et ancien conseiller principal du Premier Ehud Barak.

Source : www.bitterlemons.org

L’article en anglais http://www.bitterlemons.org/previous/bl171207ed46.html#isr1


Aimablement communiqué par Rachel Samoul

Ambassade d’Israël en Belgique et au Luxembourg



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