Bandeau
DESINFOS.COM
Slogan du site

Depuis Septembre 2000, DESINFOS.com est libre d’accès et gratuit
pour vous donner une véritable information indépendante sur Israël

Le poignant journal d’Hélène Berr
par Yael Ancri | Arout 7
Article mis en ligne le 9 janvier 2008
dernière modification le 12 janvier 2008

Le journal bouleversant rédigé par la jeune violoniste juive, qui a péri dans le camp de la mort Bergen-Belsen, pourrait bien devenir un best-seller comme avant lui celui de la jeune Hollandaise Anne Frank. "Une jeune fille marche dans le Paris de 1942. Et comme elle éprouvait dès le printemps de cette année-là une inquiétude et un pressentiment, elle a commencé d’écrire un journal en avril.

Plus d’un demi-siècle s’est écoulé depuis, mais nous sommes, à chaque page, avec elle, au présent. Elle qui se sentait parfois si seule dans le Paris de l’Occupation, nous l’accompagnons jour après jour. Sa voix est si proche, dans le silence de ce Paris-là..." C’est ainsi que commence la préface écrite par Patrick Modiano, l’auteur juif d’origine italienne de La Place de l’Etoile, sur le journal bouleversant rédigé par la jeune Hélène Berr.

Ce journal intime a été écrit par une étudiante juive parisienne, agrégative d’anglais à la Sorbonne, Hélène Berr, qui a péri dans le camp d’extermination Bergen-Belsen. Elle a laissé derrière elle l’histoire poignante de sa vie d’avril 1942 jusqu’à sa déportation en mars 1944. 60 ans plus tard, le Journal d’Hélène Berr est enfin publié. Il a été présenté mardi 7 janvier, en présence de Patrick Modiano, au Mémorial de la Shoah.

Le texte a été précieusement gardé le frère d’Hélène, Jacques, qui l’a ensuite transmis au fiancé de cette dernière, Jean Morawiecki, lequel a combattu avec les Forces françaises libres en Afrique du Nord et a participé au débarquement de Provence. Jean est ensuite devenu diplomate, puis ambassadeur de France en Equateur.

Jean Morawiecki, le garçon aux « yeux gris » du quartier Latin, a ensuite redonné le journal à la famille d’Hélène, qui l’a gardé secret jusqu’en 2002. Ensuite, la nièce d’Hélène en a fait don au Mémorial de la Shoah en France.

Le texte, écrit dans un français riche et éloquent, a captivé de nombreux chercheurs, jusqu’à ce que la famille accepte sa publication par l’éditeur Tallandier.

L’histoire d’Hélène commence dans la Paris occupée de 1942. Elle raconte ses promenades dans le Quartier Latin, son premier amour, ses conversations dans les jardins de la Sorbonne, les après-midi tranquilles dans les jardins du Luxembourg.

Mais ces journées, « si douces et si calmes » vont bientôt se transformer en une époque tourmentée. En juin 1942, elle doit porter l’étoile jaune et s’asseoir à l’arrière du métro. Et puis, c’est l’arrestation et la déportation de son père Raymond, qui brise sa vie. Hélène décidera de rejoindre l’Ugif [Union générale des Israélites de France] pour être recrutée comme assistante sociale bénévole aux services des internés du camp de Drancy et de ceux du Loiret.

L’écriture d’Hélène, jusque là fine et élégante devint aiguë, saccadée. « Elle note « Toutes mes amies du bureau sont arrêtées. » Un leitmotiv revient sous sa plume : « Les autres ne savent pas... » ; « L’incompréhension des autres... » ; « Je ne peux pas parler, parce qu’on ne me croirait pas... » ; « Il y a trop de choses dont on ne peut pas parler... » Et cette brusque confidence « Personne ne saura jamais l’expérience dévastatrice par laquelle j’ai passé cet été », » comme l’écrit Modiano dans sa préface.

Hélène a été déportée de Paris en 1944 et envoyée au camp de la mort Bergen-Belsen, où elle est morte en avril 1944, deux semaines seulement avant la libération des camps par les Alliés.

Hélène est morte dans le même camp qu’Anne Frank, un mois après la jeune hollandaise dont le journal est un best-seller, traduit dans de nombreuses langues.



Haut de page
Réalisé sous SPIP
Habillage ESCAL 4.5.87
Hébergeur : OVH