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Un titre réducteur
par David Ruzié, professeur émérite des universités, spécialiste de droit international
Article mis en ligne le 30 décembre 2007

Le Monde, daté des 29-30 décembre, titrait une information, reprise de l’agence Reuters : « Deux Israéliens et deux Palestiniens tués près d’Hébron ». L’information était exacte, mais la présentation tendancieuse.

De fait, la veille, vendredi, quatre terroristes palestiniens ont ouvert le feu depuis un véhicule sur un groupe de jeunes randonneurs, composé des deux victimes, soldats israéliens en permission, et d’une jeune femme.

Lors de l’attentat, les deux jeunes victimes ont eu le temps de riposter avec leurs armes personnelles et de tuer deux des quatre terroristes, avant de succomber à leurs blessures.

Autrement dit, en état de légitime défense, mais malheureusement en vain, deux Israéliens ont riposté en tuant deux de leurs agresseurs.

Seulement des lecteurs pressés, comme ils le sont souvent, retiendront, qu’après tout, les pertes sont équilibrées, les Palestiniens ayant perdu deux des leurs, au même titre que les Israéliens.

Une fois de plus, la chronologie et l’omission des responsabilités ont été sacrifiées au nom d’un parallélisme simplificateur et inexact, sur lequel nous allons revenir.

Mais, s’agissant de la tragédie vécue du côté israélien, il n’est pas anodin de relever que, selon Guysen.Israel.News , la branche Al Quds du Jihad Islamique, ainsi que les Brigades des Martyrs d’Al Aqsa, mouvement terroriste affilié au Fatah, ont tous deux revendiqué leur responsabilité dans l’attentat.

Et, « esprit d’Annapolis » oblige, en fin de soirée, samedi, le Premier ministre palestinien Salam Fayyad a estimé devoir déplorer la mort des deux soldats israéliens : ’’Chaque mort est superflue’’, a-t-il déclaré à l’issue d’un entretien à Herzliya avec le président Shimon Pérès. ’’Nous oeuvrons pour mettre un terme aux effusions de sang et pour un avenir meilleur’’, a-t-il ajouté. ( Guysen.International.News )

Quelques minutes plus tard, l’agence de presse israélienne annonçait que l’Autorité palestinienne a arrêté des suspects « présumément » (sic) impliqués dans la fusillade perpétrée vendredi près d’Hébron. ’’Il n’y a pas seulement des paroles, il y a aussi des actes’’, a déclaré Salam Fayyad « en rétorque » (sic) aux accusations israéliennes d’inaction contre le terrorisme côté palestinien.

Seulement, par la suite, les Palestiniens ont cru bon de donner dans le grotesque : « une transaction qui aurait dégénéré serait à l’origine de la mort des deux soldats vendredi près d’Hébron. Selon le ministre palestinien des Affaires étrangères Riyad al-Maliki, les responsables présumés de l’attentat à l’arme automatique à Nahal Telem arrêtés par la police palestinienne ont avoué qu’une discussion sur une affaire quelconque avait mal tourné et que des coups de feu avaient finalement été échangés » . (Guysen.International.News) .

Même du côté de l’Autorité (sic) palestinienne, il y a des progrès à accomplir pour faire la preuve de sa bonne volonté et surtout de son efficacité dans l’éradication du terrorisme.

Nous voudrions, par ailleurs, profiter de l’occasion pour évoquer, à nouveau (v. notre Point du vue du 12 décembre 2007) l’indécence de la comparaison entre la situation d’un jeune Français de père palestinien, inculpé dans le cadre de poursuites judiciaires en Israël et le sort du soldat franco-israélien Guilad Shalit.

En effet, comme nous l’avons déjà dit on ne peut pas comparer sur le plan juridique le cas d’un « prévenu » et celui d’un otage.

Mais surtout, cette comparaison est particulièrement indécente lorsqu’on oublie que si - normalement et heureusement -, ce jeune « franco-palestinien » a des contacts avec sa mère, est assisté d’un avocat et bénéficie de l’assistance d’un agent consulaire français, Gilad Shalit, aux mains du Hamas - comme ses deux autres camarades Oudi Goldwasser et Eldad Regev, kidnappés par le Hezbollah, est coupé du monde extérieur.

Si la famille du jeune « franco-palestinien » a - heureusement - des preuves qu’il est encore en vie, rien de tel dans le cas des otages israéliens.

Certes, le 25 juin 2007, un an jour pour jour après l’enlèvement de Guilad Shalit, le Hamas a publié une cassette audio où l’on entend la voix du soldat enlevé demandant au gouvernement israélien d’agir en faveur de sa libération. Mais, depuis plus aucune nouvelle.

Quant aux deux autres otages israéliens, on a les pires inquiétudes en ce qui les concerne, depuis leur enlèvement, également en territoire israélien.

Aucun des trois soldats kidnappés n’a jamais reçu la visite du Comité international de la Croix-Rouge, comme cela est prévu par les conventions humanitaires.

Il est vrai qu’on est en présence d’un « vide juridique », car le droit humanitaire (conventions de 1949 et protocoles de 1977) ne lie pas des mouvements terroristes.

La situation est d’autant plus regrettable dans le cas de Guilad Shalit, qu’il n’y a pas, par ailleurs, d’entité juridique responsable au plan international, s’agissant de la Bande de Gaza.

Mais, il est vrai que si le Liban est lié, à la fois par la convention de 1949 sur le statut des prisonniers de guerre et par le Protocole I de 1977 relatif à la protection des victimes de conflits armés internationaux, dont l’article 75-2c interdit la prise d’otages, il n’a jamais fait aucun effort pour exercer son autorité sur l’ensemble de son territoire.

De fait, depuis des années, après l’OLP, le Liban-sud est aux mains d’un autre mouvement terroriste, le Hezbollah, « responsable et coupable » d’avoir kidnappé en territoire israélien Oudi Goldwasser et Eldad Regev.

Et c’est bien cette carence du pouvoir libanais qui a entraîné, à plusieurs reprises, l’intervention de troupes israéliennes.

Malheureusement, dans le cas des trois soldats kidnappés, on voit mal Israël chercher à les récupérer par la force.

De même, comme l’a souligné sur son site, le Mouvement pour la paix et contre le terrorisme (MPCT), l’alternative souvent opposée à la libération inconditionnelle de ces soldats est « l’échange de prisonniers », le mot « Ã©change » donnant une apparence de symétrie. Or sur le plan du droit, un otage n’est pas un prisonnier. L’Europe considère la prise d’otages comme un « acte terroriste ». Les détenus palestiniens ou libanais ont été jugés et condamnés pour participation à des attentats contre des civils (www.mpctasso.org/article.php?id_article=151)

Le vide juridique ne doit cependant pas conduire à une capitulation devant le terrorisme et Israël, à défaut de pouvoir à lui seul récupérer ses soldats, est parfaitement fondé, en dépit des critiques des « bonnes âmes » et des « donneurs de leçons » à chercher, par la force, tout en étant lié par un devoir de retenue, à mettre fin aux tirs des roquettes sur son territoire.

Mais c’est là un autre problème.



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