Dépité par les conclusions d’un rapport des services de renseignement américains qui estime que l’Iran possédait un programme nucléaire mais l’a arrêté en 2003, Tsahal devrait présenter les preuves en sa possession sur le programme nucléaire de la république islamique au chef d’état-major américain à l’occasion d’une visite exceptionnelle en Israël, dimanche 9 décembre.

L’amiral Michael Mullen atterrira en Israël dimanche matin pour une visite de 24h qui comprendra un entretien privé avec son homologue Gabi Ashkenazi, ainsi qu’avec le ministre de la Défense Ehoud Barak. Selon le magazine Time, Mullen est membre du « groupe anti-guerre [contre l’Iran] » du Pentagone, qui inclut le secrétaire d’Etat à la Défense Robert Gates et l’amiral William Fallon, l’actuel chef du Commandement central américain.

A l’occasion d’une récente conférence de presse à Washington, Mullen a toutefois adopté une approche plus prononcée, refusant d’exclure la possibilité que la force militaire puisse être utilisée pour arrêter la course de l’Iran vers la puissance nucléaire. « Je n’éliminerai jamais l’option militaire, » a déclaré Mullen à des journalistes, tout en précisant que ses propos ne signifiaient pas que la force serait utilisée. La diplomatie, a-t-il ajouté, est très importante.

La visite de Mullen en Israël survient exactement une semaine après la publication du rapport des renseignements américains qui conclut que l’Iran a gelé son programme militaire nucléaire en 2003. Les renseignements militaires de Tsahal prévoient de soumettre à l’amiral les preuves que l’Iran poursuit son développement d’armes nucléaires.

Mullen sera accueilli par une garde d’honneur au QG de la Kirya à Tel-Aviv et s’entretiendra notamment avec le chef des renseignements militaires, le général Amos Yadlin. Dimanche soir, il dînera en compagnie d’Ashkenazi et quittera Israël lundi matin.

Mullen et ses interlocuteurs israéliens devraient notamment débattre de la question du Hamas dans la bande de Gaza, de l’incapacité de l’Egypte à mettre un terme à la contrebande d’armes dans la bande de Gaza, des activités du Hezbollah au Liban, de la Syrie et de l’Iran.
Israël espère profiter de la visite de Mullen en Israël pour renforcer les liens déjà étroits entre Tsahal et les forces armées américaines.

La visite de Mullen est la première d’un chef d’état-major américain en Israël depuis 10 ans. En 2005, lorsqu’il était à la tête de la marine, Mullen avait déjà effectué une visite dans l’Etat hébreu. En octobre dernier, il a rencontré Ashkenazi à Bruxelles à l’occasion d’une conférence du commandement de l’OTAN.

En parallèle, le gouvernement chinois a annoncé jeudi qu’il étudiait la nouvelle évaluation des renseignements américains concluant que l’Iran a stoppé son programme nucléaire militaire à l’automne 2003.

Ce rapport a « changé » les choses, a commenté l’ambassadeur chinois auprès de l’ONU Wang Guangya. « Les membres du Conseil (de sécurité) vont devoir considérer cela ». « Nous examinerons attentivement ce rapport et ferons nos remarques aux parties concernées », a dit de son côté Qin Gang, le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.

Lundi, un haut diplomate américain avait déclaré avant la publication du rapport que la Chine pourrait être disposée à étudier de nouvelles sanctions contre Téhéran. « La position de la Chine sur la question du nucléaire iranien est que nous soutenons le principe international de la non-prolifération nucléaire et nous sommes opposés à la prolifération des armes nucléaires et nous souhaitons un Proche-Orient pacifique et stable », a souligné Qin.

« C’est pourquoi nous sommes favorables à un règlement pacifique de la question à travers la consultation. Toute initiative prise par le Conseil de sécurité sur la question nucléaire doit permettre d’atteindre ces objectifs. La Chine adoptera une attitude positive pour prendre part aux décisions pertinentes », a encore dit Qin.

Avec AP