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Iran : Ali Larijani a-t-il démissionné ou tout simplement quitté le navire avant qu’il ne coule ?
Khaled Asmar | Mediarabe.info
Article mis en ligne le 23 octobre 2007
dernière modification le 22 octobre 2007

Il ne fait aucun doute que la démission du secrétaire du Haut conseil national de sécurité, en Iran, Ali Larijani, est la partie apparente de l’immense conflit inter-iranien opposant les réformistes aux conservateurs, et les radicaux aux plus « modérés » parmi ces derniers. Larijani est le quatrième haut responsable à démissionner ces derniers mois, après deux ministres et le gouverneur de la Banque centrale.

De l’avis de tous les experts qui se sont succédés sur les plateaux des radios et des télévisions arabes, ce samedi, la démission de Larijani est un signal fort sur l’avenir des relations entre la communauté internationale et l’Iran. Deux tendances principales se dégagent des débats. La première soutient que « Larijani a réellement démissionné pour se retirer et se mettre en réserve, en prévision des élections législatives de 2008 et présidentielles de 2009 ». La deuxième, plus plausible, évoque « un conflit latent qui opposait depuis plusieurs années le conservateur “modéré” Larijani au président “ultra” Ahmadinedjad et à son aile radicale au sein du pouvoir iranien ».

Certains analystes européens, bien que « spécialistes de l’Iran », connaissent mal ce pays et ses capacités manœuvrières. Ils se trompent en estimant que la démission de Larijani est « le fruit des pressions occidentales exercées sur Téhéran ». Ils pensent que « ce changement est positif » et que « l’Occident doit l’exploiter pour aider les modérés face aux radicaux et parvenir ainsi à résoudre diplomatiquement le conflit nucléaire ».

Or, le remplacement de Larijani par Saïd Jalili, le numéro deux du ministère des Affaires étrangères chargé de l’Europe et des Etats-Unis, doit refroidir cet optimisme démesuré et mal placé. Car Jalili est connu pour être un « faucon » proche du président Ahmadinedjad, et sa nomination comme négociateur est incontestablement le signe d’une radicalisation de la politique de Téhéran. Jalili exigeait, récemment, « le retrait du dossier nucléaire du Conseil de sécurité de l’ONU pour poursuivre les négociations exclusivement avec l’AIEA ».

Cette manœuvre permettra à Téhéran de gagner du temps, une opération doublement bénéfique : d’une part, les Etats-Unis seront paralysés par la campagne électorale qui doit débuter au printemps prochain et Washington ne pourra plus s’aventurer dans une nouvelle campagne militaire, et d’autre part, le gain de temps permettrait aux Iraniens d’espérer atteindre le point de non retour dans leur programme nucléaire.

Cette hypothèse est d’autant plus vraie que le commandant des « Unités balistiques » au sein des Gardiens de la révolution, le général Mahmoud Chaharbaghi, a affirmé le 20 octobre, en guise de menace, que « l’Iran est capable de lancer 11.000 missiles sur les positions ennemies dans la minute qui suivrait une attaque armée contre l’Iran. Nous avons identifié et localisé les bases de l’ennemi dans la région et nous les détruirons immédiatement après la première attaque », a-t-il prévenu.

Larijani a démissionné quelques jours seulement après avoir été désavoué par le président Ahmadinedjad. Le futur ex-négociateur avait en effet affirmé que « le président russe Vladimir Poutine a transmis un message des Occidentaux au Guide Khamenaï relatif au dossier nucléaire, et a proposé un plan de sortie de crise ».

Selon plusieurs sources iraniennes, ce plan comprend essentiellement le gel du programme nucléaire, ce que rejette catégoriquement Ahmadinedjad qui a démenti les propos de Larijani le poussant vers la sortie. En tout état de cause, Poutine a mis les Iraniens devant leurs responsabilités et pris ses distance avec Téhéran, au moment où les Américains continuent à masser leurs armadas dans le Golfe, et à collecter les preuves de l’implication iranienne dans la déstabilisation de l’Irak et de l’Afghanistan.

Le remplacement de Larijani par Jalili étant considéré comme une « défiance à l’égard des Occidentaux », leur signifiant le refus iranien de faire la moindre concession, les menaces proférées par Chaharbaghi et la radicalisation du régime iranien sont autant d’éléments attestant que le compte à rebours de la guerre est désormais déclenché. Larijani et son camp « modéré » ont alors préféré quitter le navire avant qu’il ne coule, avec Ahmadinedjad et son aile radicale seuls à bord.



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