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Comment un homme seul peut changer le cours de l’histoire
Hillel Halkin | The New York Sun - Traduction française : Menahem Macina
Article mis en ligne le 26 septembre 2007

Un événement important s’est produit à Paris dans une affaire judiciaire à laquelle le monde ne s’est guère intéressé. Récemment [19 septembre], la 11ème Chambre de la Cour d’Appel de Paris a entendu les arguments de l’avocat de Philippe Karsenty, observateur de la presse française, qui, en 2004-2005, a été l’objet d’une plainte de la chaîne nationale de télévision France 2 et de son correspondant au Moyen-Orient, Charles Enderlin.

Les plaignants ont accusé M. Karsenty de les avoir diffamés en affirmant, sur son site Internet, qu’ils avaient participé à un rapport de presse falsifié concernant la mort, sous des tirs israéliens, le 30 septembre 2000, au carrefour de Netsarim dans la bande de Gaza, du plus célèbre « martyr palestinien » de la seconde Intifada, Mohammed al-Doura, alors âgé de 12 ans. Reconnu coupable par un tribunal de première instance, qui accordait aux plaignants des dommages et intérêts symboliques, M. Karsenty fait actuellement appel de cette condamnation.

Or, la semaine dernière, le tribunal n’a pas statué sur cet appel. Par contre, il a émis une ordonnance enjoignant à France 2 de produire devant la Cour les 27 minutes de rushes initialement reçues du caméraman palestinien, Talal Abou Rahmah, qui a filmé les événements de Gaza. Réduites à 45 secondes de reportage télévisé, ces séquences, que France 2 a toujours refusé de rendre accessibles, contenaient le matériau brut de son reportage. M. Karsenty et d’autres ont, depuis longtemps, argué que, si ce matériau était rendu public et étudié, la supercherie perpétrée par France 2 pourrait être prouvée.

Car il s’agit très probablement d’une supercherie. Aujourd’hui, sept ans après l’événement, il apparaîtra clairement à quiconque a lu ce qui a été écrit sur le sujet et aura visionné les clips vidéo disponibles, que tout l’épisode concernant Mohammed al-Dura a été mis en scène par l’Autorité palestinienne. Les preuves sont accablantes.

· Les coups de feu visant apparemment le garçon et son père ne pouvaient pas, en raison de leur angle, provenir d’une position israélienne.
· Des civils palestiniens flânaient tranquillement entre cette position et l’endroit où se trouvaient les al-Dura, au moment où ils étaient censés avoir été mitraillés.
· Alors que l’on prétend que le père et le fils se seraient mis à l’abri derrière un baril, ils auraient facilement pu se mêler à d’autres Palestiniens qui arrivaient en courant dans leur direction et n’ont pas été abattus.
· Il n’y avait pas de sang sur le trottoir où Mohammed al-Dura est censé avoir été mortellement blessé.
· Dans les bribes de films, on peut le voir changer tranquillement de position afin d’être plus à l’aise, et ce après l’instant de sa prétendue mort.
· Etc., etc.

En fait, il est possible que Mohammed al-Doura ne soit pas mort, voire qu’il n’ait même pas porté ce nom. Il n’y a jamais eu d’autopsie, et les funérailles du garçon ont probablement été celles d’un autre. Il pourrait facilement s’agir d’un enfant palestinien de Gaza, payé quelques dollars pour jouer son rôle dans la supercherie, et se faire rare ensuite.

Si France 2 ignorait cette fraude au moment où elle a défrayé la chronique avec cette histoire, ce n’était certainement pas le cas de Talal Abou Rahmah. Et on ne voit pas comment France 2 et M. Enderlin auraient pu ne pas s’en apercevoir par eux-mêmes, quand ils ont eu la possibilité de revoir les séquences et de les examiner plus attentivement.

Mais ce qu’il y de pire dans l’histoire de Mohammed al-Dura - outre qu’elle a causé un tort incalculable à l’image d’Israël et contribué à frayer la voie à la dissémination de bien d’autres mensonges concernant l’Etat juif, durant l’Intifada -, ce n’est pas que ce reportage ait été diffusé sans discernement par France 2, puis repris et ressassé, avec la même absence de discernement, par des centaines d’autres chaînes de télévision et d’organes de presse du monde entier - c’était scandaleux, mais ce sont des choses qui arrivent. Le plus grand scandale, c’est que jusqu’à ce jour, ni France 2, ni aucun des propagateurs de cette histoire, ne se sont donné la peine de confesser leur négligence, pas même de s’en excuser - encore moins de traiter du vaste sujet de la collaboration incessante de la presse internationale avec la malhonnêteté systématique de l’Autorité palestinienne, à l’époque d’Arafat.

Le sentiment général a été : Bon, peut-être Mohammed al-Dura n’a-t-il pas été tué par les Israéliens comme nous le disons tous. Et alors ?

La décision récente de la Cour d’Appel de Paris a été applaudie comme une victoire, non seulement pour Philippe Karsenty, mais pour Israël et pour la vérité historique. Et pourtant, comme M. Karsenty me l’a fait remarquer, l’autre jour, au cours d’un entretien téléphonique, cela n’est pas forcément le cas. Même s’ils ont enjoint à France 2 de remettre la séquence [complète], les trois juges du tribunal ont fait preuve d’hostilité envers lui, et ce sont les mêmes juges qui visionneront les 27 minutes de rushes en novembre et décideront ensuite s’ils considèrent son appel comme recevable ou non. A moins qu’ils n’optent pour l’intervention d’experts qui examineront les scènes de manière professionnelle, M. Karsenty craint que les juges ne remarquent pas les falsifications dont elles ont été l’objet, et ne finissent par blanchir France 2 au lieu de la dénoncer.

M. Karsenty compte en appeler au président français, Nicolas Sarkozy, qui en sa qualité de chef de l’Etat, a toute autorité sur France 2 [chaîne nationale, rappelons-le], pour désigner lui-même un tel panel d’experts. J’ignore si la chose est politiquement et juridiquement possible.

Si les juges de la Cour d’Appel font leur travail consciencieusement, ou intiment à France 2 l’ordre de montrer les rushes au grand public, au lieu de les transmettre ponctuellement au tribunal, l’intervention de M. Sarkozy ne sera absolument pas nécessaire.

La vérité à propos de Mohammed al-Dura n’est pas une affaire mineure, ni ne se limite à ce seul cas. Il ne s’agit même pas seulement de la campagne de mensonges contre Israël, qui lui a valu de devenir le pays plus détesté dans les sondages de l’opinion européenne. Il s’agit également de savoir comment, en général, la presse d’aujourd’hui se sent libre de manipuler la vérité à son gré, puis de décliner toute responsabilité pour ce qu’elle a fait.

Philippe Karsenty n’est pas Dreyfus [*], mais s’il parvient à gagner son procès, il se peut qu’il ait fait une chose d’importance historique. En lui souhaitant bonne chance, c’est à nous tous que je la souhaite.


Texte original anglais « Changing History’s Course <http://www.nysun.com/article/63346>  ».



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