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Notre défaite Afghane.
Patrick Klugman
Article mis en ligne le 30 août 2021

L’histoire se forme de victoires et de défaites. Notre géopolotique, nos institutions sont les lointaines héritières des utopies du passé, dépassées ou non, et de ce que les maîtres d’un jour ont voulu bâtir avant de mordre la poussière, d’être rattrapé par l’échec ou l’oubli.
L’Afghanistan nous offre quand même quelque chose de saisissant. De singulier. Non pas une défaite. Mais une faillite. Totale. Absolue.

Il y a rien après l’accord de la honte signé avec les Talibans, le piteux retrait américain du mois d’août et les morts de ce dernier attentat, il n’y a rien qui soit debout. A Kaboul bien sûr. Mais pas davantage ici.

L’expédition menée contre les hommes de Ben Laden, hébergés et cachés par le régime Taliban - 1er du nom - n’aura servi à rien. Nous y avons mené une guerre ardue. Et victorieuse. Nous avions investi des sommes considérables. Envoyé du matériel. Des soldats. Nous y avons, nous français comme d’autres, perdu de nombreuses vies tombées pour que Kaboul soit libre.

Tout ça pour rien. Al Quaida n’est plus. Mais à l’ombre d’un régime Taliban surgi des cendres du précédent, l’Etat Islamique est capable de faucher des vies dans ce qui était censé être la zone encore la plus protégée.

Et puis, surtout, voilà que l’on cherche à maquiller notre indigence en terme de renseignement, d’intelligence de capacité à bâtir après une opération militaire, par des opérations de communication dictées par les Talibans dont nous reprenons les éléments de langage.
Le ministre des affaires étrangères a parlé de son souhait d’un gouvernement Taliban, plus « inclusif » !? Pourquoi pas éco-responsable et paritaire tant qu’on y est ?

Le SE BLINKEN lui crâne sur une mission réussie qui s’achève, quand il s’agit d’une reddition pure et simple tant militaire, qu’idéologique et intelectuelle.

La réalité se moque de nos éléments de langage. Les
Nouveaux Talibans ne sont pas nouveaux. Leur application de la charia n’est pas différente de leurs maîtres et prédecesseurs. Dans les campagnes on lapide les femmes et a Kaboul on cherche les collaborateurs des « infidèles »....

Ceux que nous abandonnons sur place, soit disant, pour nous protéger, nous couterons plus cher en termes de morts et d’attentats dans nos villes.

Le 11 septembre, avait dressé une nouvelle ligne de front dans le monde post soviétique. La démocratie avait encore une ambition et une légitimité universelle. De cela on pouvait faire quelque chose pour batîr un monde meilleur. Tout restait à faire en terme d’institutions internationales, de moyens, d’aide au developpement, d’alignement Nord-Sud. Mais au moins il y avait un substrat idéologique : Puisque nous sommes en démocratie nous ne pouvons pas fermer les yeux sur ceux que l’on laisse crever sous le joug des régimes d’oppression.

Les Printemps Arabes ont sonné l’heure de gloire et le glas de cette conception et généreuse du monde.

Voilà les américains en Amérique. Les européens nulle part. Perdus dans les affres de nos divisions d’une pensée qui n’arrive pas à exister comme territoire et comme puissance. Afghanistan 1, Europe 0. Voilà le score.

Alors si au moins, nos féministes, qui voient dans tout homme blanc un oppresseur et un violeur pouvaient avoir un instant de bonté pour les femmes Afghanes laissées sans droits ni dignité ? Si nos humanistes pouvaient avoir une humanité un peu plus haute que leur détestation de nos soient disant élites qui les laissent pourtant dire et écrire des immondices ? Si nos courageux militants qui bravent une « dictature sanitaire » au prix d’une « résistance » qui les amènent à manifester pour leur liberté leur faisaient poser un instant le regard vers ceux qui sont tellement opprimés qu’ils n’ont nul moyen de pouvoir s’en plaindre ou s’en extraire sans risquer la prison ou la mort ?

Si tous ceux qui manifestent pour la liberté de tel Peuple, au hasard, la Palestine, pouvaient fouler les mêmes pavés, pour la dignité des Afghans ? Et si notre gouvernement pouvait plutôt que de s’inquiéter de filières migratoires mettre en place des route d’acceuil, d’asile et de sécurité pour ceux qui nous ont protégés et à qui nous devons protection ? Alors nous n’aurions pas gagné. Ca ne changerait rien ou si peu. Mais au moins nous serions debouts, solidaires. Nous tiendrions par et sur ce que l’on nous a appris, ce qui nous a fait et qui fait notre place et notre honneur.

Je ne perds pas espoir. De tout cela nous allons nous réveiller. »



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