Bandeau
DESINFOS.COM
Slogan du site

Depuis Septembre 2000, DESINFOS.com est libre d’accès et gratuit
pour vous donner une véritable information indépendante sur Israël

Israël, point stratégique
Daniel Pipes
Article mis en ligne le 13 juillet 2007

Daniel Pipes, l’un des cinq grands spécialistes du Moyen-Orient dans le monde était exceptionnellement invité au colloque organisé par l’Institut Jean-Jacques Rousseau et son Président, Michel Gurfinkiel, à Paris. Il dresse un état des lieux exceptionnel de la situation d’Israël dans le monde en quelques grandes lignes directrices.

Les attentats islamistes dans le monde et en Grande Bretagne ?


Daniel Pipes : Les Islamistes veulent conquérir le monde entier. Ils prennent des idées présentes dans l'Islam et en tirent des conclusions logiques. Il y a deux faces de l'Islamisme : une face violente qui aide la face non violente. Ainsi les attentats du 7 juillet 2005 en Grande-Bretagne ont-ils rendu difficile la vie des Islamistes non violents à cause de la manière dont on les a considérés ensuite. 

Mais cela leur a rendu aussi les choses plus faciles car ils ont pu dire aux officiels britanniques: «voyez ce qui se passe parce que vous êtes en Irak et que vous avez des contacts avec Israël. » Les Islamistes n'utilisent pas cette occasion pour demander de l'aide, des écoles ou un accès plus facile à de la nourriture halal. Ils disent qu'ils ne veulent pas de la politique étrangère ou intérieure et qu'il faut donc la changer. C'est une forme de pression. 

 

Israël cause essentielle du terrorisme ?


Daniel Pipes : Et le conflit au Cachemire ? On n'en entend pas beaucoup parler ici...pourtant Inde et Pakistan sont très agités par ce conflit. Ce qui fait bien plus d'un milliard d'individus. Et il y a aussi des armes nucléaires. Quant au conflit entre l'Iran et l'Irak, il a des sources qui remontent au XVIIème siècle. Les gauchistes disent toujours que tout est de notre faute. C'est de l'ethnocentrisme, comme si les autres n'étaient pas capables d'avoir leurs propres conflits.  

            Même pour les attentats du 11 Septembre, des musulmans disent que ce n'est pas possible que des musulmans aient pu avoir les capacités nécessaires pour les commettre...


La question de la survie même d'Israël se pose-t-elle ?


Daniel Pipes : La question se posait dans les années 50. Puis il y a eu la guerre de 67 et la question ne s'est plus posée. Mais il y a toujours eu ceux qui ne voulaient pas de cet Etat. La question se pose à nouveau aujourd'hui à cause de ce qui se passe en Iran, en Syrie, dotée d'armes chimiques, il ne faut pas l'oublier. 

            Par ailleurs ces 14 dernières années Israël s'est affaibli. En raison de sa politique d'apaisement. Cela peut marcher contre des tribus, des petits princes. Mais cela n'a pas marché avec Hitler, cela ne marche pas avec des idéologues. 

            Il y a 45 ans Israël a vaincu ses ennemis sur chaque champ de bataille. Mais a perdu beaucoup entre 1993 et 2000. En 1992, 1993, les Palestiniens n'avaient pu réaliser leur rêve. Ils étaient donc flexibles et ont commencé à négocier avec Israël. Tout au moins Yasser Arafat l'était. Mais les Palestiniens ont dit non. Et le Processus d'Oslo leur a fait penser qu'ils pouvaient éliminer Israël car ils ont cru qu'Israël était faible.  Les guerres finissent quand l'une des parties a décidé qu'elle ne peut plus continuer par manque d'armes ou d'envie. Je l'ai vécu en tant qu'Américain en 1975 avec le Vietnam.            

Nous étions beaucoup plus forts que le Vietnam du Nord mais nous n'avions plus le moral. 

Concernant Israël, nous en sommes revenus aujourd'hui à une situation comparable à celle des années 50 et 60, avant la guerre de 67. 


Quels sont les localement les adversaires et alliés potentiels d’Israël ?


Daniel Pipes : Aujourd'hui Israël a deux frontières problématiques

            - l'une avec Gaza et l'autre avec le Liban, avec deux ennemis qui sont des idéologues, sont assez bien armés et qui le sont de plus en plus. Quant au Hamas, qui a pris le pouvoir à Gaza, il est présent aussi en Judée Samarie et cela pose également un problème. Avec le soutien de l'Iran, de l'Arabie Saoudite, de l'Egypte et de la Syrie. La situation est grave. 

            - Le Liban, quant à lui, a toujours été un problème car il n'y a pas d'adresse....Et le retrait du Liban a été un désastre.

            - Dans les années 50, Ariel Sharon, sous la direction de Ben Gourion, avait montré aux pays voisins qu'Israël n'acceptait pas le terrorisme. Il y avait une dissuasion efficace qui réussissait. Pendant des décennies Damas et Aman ont compris. Et jusqu'ici il y a eu des frontières calmes avec ces pays.

            - Mais à Damas Bashar El-Assad a décidé de lancer une Intifada sur le Golan. Ce qui, de son point de vue, est une bonne idée. Et cela peut commencer en Jordanie également. 

            - L’Egypte continue à laisser entrer des armes à Gaza. Le traité signé en 1979 entre Israël et l'Egypte a été un traité entre gouvernements et n'a jamais eu le soutien du peuple égyptien. Les sondages montrent que la grande majorité des Egyptiens, à 95 %, sont contre Israël qui est considéré comme un ennemi. Et ce traité a ouvert les portes à l'armement américain qui a été donné à l'armée égyptienne. Cela a été une erreur des Etats-Unis et d'Israël. Israël qui a cru qu'un accord diplomatique allait changer la manière de penser du peuple. Ce qui ne sera jamais le cas.

J'ai vécu pendant 3 ans en Egypte dans les années 70...il est clair qu'après 79 le peuple égyptien a dit au gouvernement qu'il n'acceptait pas Israël. 

            - La Jordanie a essayé de tisser des liens avec Israël mais cela est impossible. Il y a un rejet social d'Israël très consensuel, très profond et très dur. Et cela ne va pas changer avec d'autres accords. 


Quelles alternatives ?


Daniel Pipes : Il n'y a pas grand choix entre Ehud Barak et Benjamin Netanyahou...Mais peut-être ont-ils tiré les leçons du passé...

            Les populations de la région sont conditionnées par l'enseignement de la haine d'Israël et des Juifs qui est déversée sur eux. Elle est entretenue par les écoles, les médias. Mais elle s'inscrit dans le point de vue traditionnel islamique qui ne veut pas de non musulman dans une terre islamique. C'est encore pire lorsqu'il s'agit de Juifs ou d'Occidentaux. Dont ils ne veulent pas sur une terre musulmane ou qui a été conquise par des musulmans. 

            Aujourd'hui, soit Israël accepte la situation et le Sionisme est perdu, il n'y aura plus d'Etat juif, soit les Palestiniens et les autres Arabes et musulmans acceptent un Etat juif. Etat juif qui a une justification morale.


Et le cas de l’Iran ?


Daniel Pipes : Il faut les convaincre, convaincre les centres du pouvoir que poursuivre dans la voie dans laquelle ils se sont engagés n'est pas une bonne idée.

            S'ils ne le font pas Israël doit soit l'accepter soit le rejeter par les armes. Quant à nous, nous sommes présents des deux côtés de l'Iran, en Irak, en Afghanistan, au Tadjekistan. L'Iran est encerclé. Nous avons des renseignements, l'équipement nécessaire, des porte-avions...

            Les Etats-Unis apporteront à Israël dans ce domaine son meilleur soutien. Il y a toujours eu des liens profonds. Israël est considérée comme une terre sacrée. Cela vient des Evangélistes pour qui les Juifs sont importants. Mais pas seulement. 

            Cette notion de l'importance des Juifs s'inscrit dans la tradition américaine depuis des siècles, avant même la naissance des Etats-Unis. L'Amérique était considérée comme la nouvelle Jérusalem. Il y a beaucoup de prénoms bibliques chez nous et beaucoup de villes américaines portent des noms de villes bibliques. Sur l'écusson de l'université de Yale, fondée en 1730 ou 40 figure une inscription en hébreu.



Haut de page
Réalisé sous SPIP
Habillage ESCAL 4.5.87
Hébergeur : OVH