Le problème des mots-valises, c’est la surcharge : à force d’y fourrer tout et n’importe quoi, ils deviennent encombrants, voire intransportables. C’est ce qui arrive avec « islamo-gauchisme », terme lâché un peu vite par la ministre de l’enseignement supérieur Frédérique Vidal et qui aussitôt provoque l’une de ces détonations médiatico-intellectuelles dont notre pays cultive la passion.
Revenons aux faits, bien malmenés par des politiciens empressés et des éditorialistes bavards depuis quelques jours. Le terme apparaît au début des années 2000 sous la plume de Pierre-André Taguieff. Le politiste décrit sous ce terme, de façon neutre, le rapprochement opéré depuis le milieu des années 1990, au Royaume-Uni d’abord, en France peu après, entre certains mouvements trotskistes et le militantisme de l’islam politique sunnite alors en pleine effervescence.
e prophète et le prolétariat de Chris Harman, intellectuel organique du SWP (Socialist Worker’s Party), petit parti trotskiste britannique. Sans recommander formellement une alliance ni revenir sur l’approche marxiste orthodoxe considérant la religion comme une illusion appelée à être dépassée, l’auteur préconise de rechercher des convergences militantes entre le mouvement social « traditionnel » et ces nouvelles mobilisations identitaires, dans lesquelles il voit l’éveil à la conscience politique du prolétariat relégué issu de l’immigration coloniale.
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