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Un boycott construit sur la haine
Par Thomas L. Friedman | The New York Times, 17 juin , 2007
Article mis en ligne le 5 juillet 2007
dernière modification le 8 juillet 2007

Il y a deux semaines, j’ai participé à la cérémonie de remise des diplômes des candidats au doctorat de cette année à l’Université Hébraïque de Jérusalem. La cérémonie s’est déroulée dans l’amphithéâtre au Mont Scopus, donnant sur la Mer Morte et les Montagnes de Moab. Le coucher du Soleil encadrait les étudiants diplômés d’une lueur rouge-orangée sur une toile de fond biblique spectaculaire.

Cependant, avant de décrire la cérémonie, je dois signaler que cela coïncidait avec l’annonce de l’UCU britannique appelant ses membres à considérer un boycott des universités israéliennes, les accusant d’être complices de l’occupation israélienne des territoires palestiniens.

De toute façon, alors que les candidats au doctorat de l’Université Hébraïque entendirent chacun leurs noms appelés et se levèrent afin de recevoir leur diplôme de la direction de l’université, je suivais le programme. Les noms israéliens étaient : « Moshe Nahmany, Irit Nowik, Yuval Ofir. Puis de temps a autre, j’entendais un nom arabe tel que Nuha Hijazi ou Rifat Azam ou encore Taleb Mokari.

Etant donné que le programme énumérait tous les diplômés et les conseillers d’études, je les regardais. Rifat reçu un doctorat en droit. Sa thèse concernait « la Taxation Internationale du Commerce Electronique. » Son conseillers d’études était le « Prof. D. Gliksberg. » Nuha reçu son doctorat en Biochimie. Son conseiller d’études était le “Prof. R. Gabizon.” Taleb avait un astérisque à son nom. Je regardais alors au bas de la page. Il était écrit : “Summa Cum Laude.” Sa thèse en chimie concernait “les Interfaces de Semi-conducteurs en Métal”, et son conseiller d’études était le « Prof. U. Banin. »

C’était des étudiants en doctorat Arabes-Israéliens - un grand nombre était des femmes don l’une avait accepté son diplôme en portant un voile serré sur la tête. C’est drôle - elle peut recevoir son diplôme en portant le voile a l’Université Hébraïque, mais pas en France où le port du voile est interdit dans les écoles publiques. Les familles arabes acclamaient sans intimidation leur fils et filles recevant leurs diplômes de l’Université Hébraïque de Docteur en Philosophie, exactement comme les parents Juifs.

N’est-ce pas fou, je pensais. La plus grande Université d’Israël accorde un doctorat en philosophie à des étudiants arabes, dont deux résident à Jérusalem Est - c’est-à-dire en territoires occupés - supervisés par des professeurs israéliens juifs, ceci alors que les académiciens britanniques d’extrême gauche appellent au boycott des universités israéliennes.

Je raconte cette histoire afin de souligner l’évidence : la réalité ici est tellement plus complexe moralement que la façon dont les personnes qui se mêlent la présente. Il ne fait aucun doute, je me suis longtemps opposé aux implantations d’Israël d’avant 1967. Ils ont gaspillé des milliards et dégradé l’armée israélienne en en faisant une armée d’occupation afin de protéger les colons et leurs routes. Et ce réseau d’implantation et de routes a découpé la Cisjordanie d’une façon laide et brutale - bien plus laide que ce que les amis d’Israël à l’étranger ne l’admettent. Pourtant, leur silence, particulièrement celui des leaders Juifs américains, permet la démence de l’implantation.

Mais il faut être un visiteur aveugle, sourd et muet en Israël aujourd’hui pour ne pas voir que la majorité des Israéliens reconnait cette erreur historique et que non seulement ils approuvent le déracinement unilatéral des implantations israéliennes à Gaza d’Ariel Sharon afin d’aider à y remédier, mais qu’ils élisent Ehud Olmert pour faire de même en Cisjordanie. Le fait est que si cela ne se passe pas aujourd’hui, ça n’est pas uniquement la faute d’Israël. Les Palestiniens sont en pleine agitation.

Donc, le fait de sélectionner seulement les Universités israéliennes, pour un boycott punitif est de l’antisémitisme. Voyons, la Syrie est investigué par les Nations Unies pour l’assassinat de l’ancien Premier Ministre du Liban, Rafik Hariri. Les agents syriens sont suspectés d’avoir tué le plus grand journaliste libanais aimant la liberté, Gibran Tueni et Samir Kassir. Mais personne de l’extrême gauche ne bouge pour appeler au boycott des universités syriennes, Pourquoi ? Le Soudan est engagé dans un génocide à Darfour. Pourquoi ne pas boycotter le Soudan ? Pourquoi ?

Si les académiciens d’extrême gauche conduisant actuellement le boycott étaient préoccupés par les Palestiniens, ils auraient appelé toutes les universités britanniques à accepter 20 étudiants palestiniens pour une bourse complète afin de les aider dans ce dont ils ont le plus besoin - construire des aptitudes afin de gérer un état moderne et économique. Et ils auraient appelé toutes les universités britanniques à envoyer des professeurs dans toutes les universités palestiniennes afin de les aider à améliorer leurs propositions académiques. Ils auraient défié chaque université israélienne proposant déjà des doctorats en philosophie à des arabes israéliens à faire plus encore. Ils auraient aussi défié toutes les universités arabes à en faire de même.

C’est ce que des personnes se souciant réellement des Palestiniens auraient fait. Mais le simple fait de sélectionner les universités israéliennes pour un boycott en face de toutes les folies du Moyen Orient - c’est exactement ce que des antisémites auraient fait.



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