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Le silence des « élites » françaises
Jean-Philippe Katz
Article mis en ligne le 26 juin 2007

Avec le conflit entre le Hamas et le Fatah, les voix intellectuelles, politiques et médiatiques se sont tues en France. Les défenseurs de l’accord de Genève, les partisans du boycott d’Israël, les va-t-en-guerre délirants de l’été 2006 changent de sujet (cf. le députe UMP Myart appelant à une réaction militaire contre l’agression israélienne).

Interdits devant le désastre, ils ruminent certains appels récents à reprendre le financement de l’AP, ils construisent peut être une future argumentation visant à désigner le coupable, Israël. Car il faut convenir de ceci : en mettant en Å“uvre le retrait de Gaza unilatéralement (ce mot étant censé disqualifier l’acte lui-même dans les médias français), Sharon a tué le projet palestinien.

Jusqu’à présent, les factions palestiniennes se sont toujours débrouillées pour se faire la guerre sur le dos des israéliens. Rappelons-nous des assassinants de dirigeants de l’OLP dans les années 70. Plus récemment, les radicaux n’avaient qu’à réaliser un attentat ou envoyer des missiles pour « ressouder » le peuple palestinien contre l’ennemi commun et renvoyer leurs désaccords à plus tard. L’urgence était aussi de partager le financement international dans les meilleures conditions.

Avec le retrait de Gaza et la sécurité renforcée du territoire israélien rendant très difficiles les attentats, il ne restait aux radicaux que les tirs de kassams. Les responsables israéliens ont réagi de façon mesuré à ces tirs, exaspérant au passage les habitants de Sdérot. Le résultat pourtant est étourdissant : les palestiniens sabordent leur propre projet, renvoient le Fatah en Judée Samarie, et suivent la décision populaire en donnant tous le pouvoir au Hamas à Gaza. Et la stratégie du Hamas de faire « revenir » Tsahal dans Gaza a également échoué.

Les occidentaux, les Français en particulier, ont voulu contourner le vote populaire en désignant Abou Mazen comme unique récipiendaire des aides. Ils obtiennent la conséquence de ce choix : collaborer avec la moitié des palestiniens seulement. On pense également au mot d’ordre post Oslo « Gaza et Jericho d’abord » qu’il aurait fallu appeler « Gaza et Jericho d’accord ». Cette situation entérine des conflits nés ailleurs que chez les palestiniens, avec un radicalisme islamique bien plus virulent que le panarabisme nassérien. Avec le recul, les dirigeants arabes de l’époque semblaient sortis tout droit d’une mauvaise opérette... Même Khadafi fait figure de modéré... Il faut dire que l’Iran a remplacé l’ex-URSS et se généraux bardés de médailles.

L’acte manqué de Sharon est donc d’enterrer la constitution d’un état palestinien tout en donnant naissance à une hypothèse inouïe : en créer deux ! Israël peut bénéficier à court terme de la situation en rendant encore plus étanche la frontière avec Gaza, en faisant pression sur les égyptiens pour accueillir les réfugiés et vider l’enclave d’une partie de sa population. En Judée Samarie, Israël peut nettoyer le territoire des dernières cellules du Hamas en aidant le Fatah, et peut compter sur la Jordanie pour surveiller Abbas comme le lait sur le feu.

Reste un autre silence coupable de nos élites, celui concernant l’Iran. En effet, la subtile stratégie iranienne consiste à isoler un ennemi pour mieux chloroformer les autres. Plus Téhéran arrivera à désigner Israël comme cible, plus il pourra compter sur la non-solidarité des occidentaux. Plus Téhéran agite des chiffons rouges à Gaza ou au Sud Liban, plus les européens notamment se sentiront « non-concernés » directement par le développement nucléaire iranien. Cette manÅ“uvre de fragmentation du front uni anti-iranien a un double avantage :

  • gagner du temps (et les iraniens sont prêts à aider les Syriens à engager de fausses négociations sur le Golan juste pour gagner six mois)
  • fissurer l’unanimité occidentale pour forcer Israël à agir seul.

Car le but est bien celui-là : que Tsahal prenne l’entière responsabilité du bombardement des sites nucléaires iraniens. Le réarmement du Hezbollah est la première étape de ce processus car Téhéran a bien noté que le peuple israélien st bien plus fragile face à des missiles que face aux attentats. Les élites françaises taisent ce réarmement illégal au regard des sacro-saintes résolutions onusiennes, et évitent de songer à la réaction à adopter si le Hezbollah tirait des missiles sur Israël caché entre deux bunkers de la Finul. Or, que signifie la guerre du Liban de 2006 ? Elle est un simulacre de la future guerre Israélo-iranienne. Ces deux pays n’ont pas de frontière commune, et quoiqu’en dise le président fou iranien, l’Iran ne rayera pas Israël de la carte. Non, il suffit d’allumer la mèche avec le Hezbollah (imaginons simplement quelques fusées un peu plus puissantes qu’en 2006, avec une portée un peu plus grande) pour forcer Tsahal à revenir au Liban, se confronter à la Finul, redevenir le mouton noir, et gagner du temps à nouveau.

Chaque jour de silence en Occident est une centrifugeuse de gagnée en Iran.



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