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Hamasland ou Fatahstan : à qui la faute ?
par David Ruzié professeur émérite des universités, spécialiste de droit international
Article mis en ligne le 16 juin 2007

La réponse à la question pour le correspondant en Israël du journal Le Monde , telle qu’elle découle de son analyse, parue dans le numéro daté du 16 juin, est évidente : c’est la communauté internationale (ce qui transparaît dès le titre : « Hypocrisie internationale autour de Gaza »).

Pour une fois - mais c’est peut-être l’amorce d’une approche plus objective du problème - nous pencherions plutôt pour la prise de position du porte-parole du Quai d’Orsay, lors de son point de presse, du 15 juin : « Ce qui se passe en ce moment dans les Territoires palestiniens n’est manifestement un très grand succès pour personne. Mais pointer du doigt, en disant que cet échec est dû à tel ou tel n’a pas beaucoup de sens. Il y a un ensemble de facteurs qui font que nous en sommes là où nous en sommes, avec quand même une grande responsabilité des Palestiniens eux-mêmes . Il ne faut pas constamment penser que c’est la communauté internationale qui est responsable de tout » (souligné par nous).

Or, Michel Bôle-Richard reproche à la communauté internationale d’avoir, à la mort de Yasser Arafat, demandé la tenue de véritables élections et de ne pas en avoir admis le résultat.

Mais, s’il est vrai qu’il n’y avait aucune raison de contester l’élection de Mahmoud Abbas - même les Israéliens ont tout naturellement accepté l’idée de négocier avec lui et plusieurs rencontres ont eu lieu, aussi bien du temps de Sharon qu’avec Olmert - en revanche le journaliste du Monde ne manque pas d’audace de reprocher à la communauté internationale de ne pas avoir reconnu le résultat des élections législatives de janvier 2006.

En effet, il conteste le caractère de « mouvement terroriste » retenu à l’encontre du Hamas au motif que ses dirigeants avaient depuis le mois de janvier 2005, « décrété une trêve qu’ils ont fait respecter ».....

Décidément pour ce journaliste, il suffit qu’un « serial killer » décide de faire une pause pour qu’il devienne respectable.

Mais, bien évidemment, il n’y a pas que la communauté internationale qui est rendue responsable du chaos dans la Bande de Gaza. Il y a aussi la faute des Israéliens, auxquels il est, notamment, reproché de ne pas avoir, encore, reversé les 600 millions de dollars produits par les taxes et les droits de douane perçus par Israël pour le compte de l’Autorité palestinienne.

Mais, on comprend parfaitement les réticences d’Israël a mettre une somme aussi importante à la disposition d’un gouvernement dirigé par un mouvement qui a juré sa perte.

Car l’expérience a prouvé - avec le Fatah du temps d’Arafat et même après - que l’argent mis à la disposition des responsables palestiniens sert d’abord les intérêts personnels de ceux-ci et s’agissant du Hamas, cela servirait, avant tout, à se procurer des armes qui seront utilisées contre Israël.

De même Israël, à juste titre, se refuse à aider par des fournitures d’armes - comme un moindre mal - le Fatah, indépendamment du fait que certaines de ses factions n’hésitent pas à se livrer à des actions terroristes, mais surtout de crainte de voir ces armes récupérées, ultérieurment, par le Hamas, déjà largement supérieur en armement par rapport au Fatah.

Certes, ces dernières heures, le premier ministre - limogé - Ismaël Haniyeh n’a pas manqué, dans son entretien avec l’envoyé spécial du Figaro à Gaza (numéro daté des16-17 juin) de se prévaloir du fait que « nous sommes le gouvernement légitime, qui émane du Parlement élu démocratiquement ».

La belle affaire ! La démocratie a bon dos.

Nous avons déjà, précédemment, ici même (v. nos chroniques des 28 janvier et 4 juillet 2006) évoqué les précédents tant de l’avènement au pouvoir de Hitler par les urnes que des démocraties (dites) populaires, plus près de nous.

Certes, il peut exister plusieurs types de démocraties, mais il y a certaines valeurs fondamentales, qui constituent un minimum pour que l’on admette le triomphe du « gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple », parmi lesquelles nous évoquions la tolérance et le respect d’autrui.

Nous ne répéterons jamais assez qu’on ne peut forcer un gouvernement israélien à négocier avec des gens qui, au mieux, vous accordent un sursis, mais qui, à terme, veulent votre disparition.

Il suffit de se reporter à cet entretien récent d’Ismaël Hanyeh avec le journaliste du Figaro .

Le leader du Hamas souhaite « la mise en Å“uvre d’une trêve réciproque, globale et simultanée avec Israël » (souligné par nous).

Autrement dit, cette « trêve » devrait, tout d’abord, permettre de réaliser la première étape du programme du Hamas : « création d’un Etat palestinien dans les frontières de 1967 » et de remettre à plus tard la reprise des combats pour atteindre l’objectif final que son tuteur et financier, le président iranien Ahmadinedjad, appelle l’ « Ã©radication d’Israël de la carte ».

Car entre le Hamas et Ahmadinedjad, il n’y a qu’une différence, non sur le fond, mais sur la forme : le premier refuse « seulement » de reconnaître Israël, tandis que l’autre a le « courage » d’en souhaiter ouvertement la disparition.

On a suffisamment reproché aux Juifs - souvent en méconnaissant, d’ailleurs, la situation d’impuissance dans laquelle ils se trouvaient - de s’être laissé envoyer dans les chambres à gaz pour qu’on n’ait pas l’impudence de reprocher à Israël de ne pas vouloir négocier avec des ennemis jurés - même si ceux-ci attendent un moment plus propice pour mener à bien leur funeste projet.

Le slogan n’est pas « Les territoires contre la paix », mais « Les armes au vestiaire avant de venir à la table de négociation ».



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