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La France et sa politique étrangère
Hubert Védrine | Le Monde
Article mis en ligne le 12 mai 2007
dernière modification le 13 mai 2007

Tilous : Pourquoi ce silence européen face à l’escalade en Palestine ?
Hubert Védrine : Parce que les Européens sont traditionnellement divisés sur cette question, en dehors des principes généraux (ils sont en théorie tous favorables à un Etat palestinien), qu’ils ont du mal à réagir à chaud, sauf pour dire des généralités, et qu’ils se disent que les Etats-Unis s’en occuperont. C’est regrettable, mais c’est comme ça.

Kiyomi : Concernant le conflit au Proche-Orient, peut-on dire, comme on l’entend souvent, que la France est pro-palestinienne ?

Hubert Védrine : C’est une accusation souvent utilisée par la droite israélienne (le Likoud). Begin avait d’ailleurs reproché à François Mitterrand son soutien à l’Etat palestinien après le fameux discours à la Knesset de mars 1982. Mais tous les Européens sont favorables à un Etat palestinien depuis 1999, et le président Bush lui-même depuis 2002 ! Cela ne veut pas dire qu’ils sont pro-palestiniens au sens d’anti-israéliens. Le Parti travailliste israélien et les mouvements comme La Paix maintenant n’ont jamais utilisé cette accusation contre la France, qui vise surtout à empêcher celle-ci de prendre des initiatives. De toute façon, l’important n’est pas d’être pro ou anti-israélien ou palestinien, mais de trouver un chemin vers la solution.

Omar : Comment interpréter le fait que la nationalité française du soldat israélien soit mise en avant par les médias (ou par la diplomatie française ou israélienne) ?

Hubert Védrine : Cela n’a rien d’étonnant. La même chose se produit à propos d’Ingrid Betancourt. Il me semble que c’est une réaction normale des médias pour que l’information soit complète. Je n’y vois pas d’arrière-pensée politique.

(...)

Gaëlle : Souhaiteriez-vous revenir aux commandes de la politique étrangère française si les socialistes sont victorieux à la prochaine présidentielle ?

Hubert Védrine : Pourquoi pas ? On verra bien...

(...)

Nif : M. Védrine, je sais que c’est hors sujet, mais quel candidat socialiste soutenez-vous pour la présidentielle ?

Hubert Védrine : Je me déterminerai le moment venu.

Zaklin94_1 : Pensez-vous qu’il y ait une approche de la politique étrangère française différente suivant qu’on est de droite ou de gauche ?

Hubert Védrine : Cela a été le cas à une époque, mais aujourd’hui, tout le langage de la politique étrangère a repris les formules qui étaient celles de la gauche naguère : paix, communauté internationale, coopération, multilatéralisme, prévention des conflits, etc. Si l’on prend les grands problèmes du moment (Europe, Etats-Unis, Proche-Orient, etc.), on voit que la droite comme la gauche sont divisées en leur sein.

Et nous, Français, collectivement, nous avons à nous méfier de notre tendance au chimérisme (il y a une version de gauche et une version de droite de ce chimérisme), de même que les Européens devraient sortir de leur ingénuité et les Américains mieux contrôler leur instinct de puissance, si nous voulons agir utilement dans le monde tel qu’il change sous nos yeux : nouvelles puissances émergentes, monde multipolaire qui pourrait s’imposer sans l’Europe, montée de la Chine et tout ce que cela entraîne, etc. La vision des années 1990 (communauté internationale, grands sommets de l’ONU, etc.) était une illusion d’optique. Il nous faut une politique plus réaliste et plus active.



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