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FICTIONS IRANIENNES
Richard Prasquier | Actualité Juive
Article mis en ligne le 16 janvier 2020

Il est communément admis que l’élimination du général Soleimani fut le choix impulsif d’un président américain désireux de faire un « coup » sans réfléchir aux conséquences désastreuses : le spectre d’une troisième guerre mondiale a été agité, même si la réaction des milieux économiques fut étonnamment paisible. Peu de critiques avaient suivi l’élimination de Ben Laden, Bagdadi ou de terroristes de moindre acabit, mais la capacité de nuisance de leurs partisans était minime par rapport à celle de l’Iran.

Dans ce domaine d’irresponsabilité Trump serait un récidiviste : le transfert de l’Ambassade américaine à Jérusalem aurait dû provoquer l’apocalypse. Mais ce ne fut pas le cas. Personne ne connait les conséquences de la mort de Soleimani, mais on en sait assez sur les conséquences de sa vie : le « Bonaparte iranien » était un fanatique, poussant ses affidés (Assad, Nasrallah ou Mohandis, le chef des milices chiites irakiennes tué avec lui) aux solutions les plus extrêmes quel qu’en fût le prix humain.Protégé par Khamenei, il était l’homme clef de l’axe chiite international, les représentants officiels et élus de l’Iran n’étant que des potiches chargées de bien tailler leur barbe, de sourire aux media et de parler un anglais élégant. La théocratie iranienne, dont le Guide, de faible stature religieuse, a éliminé des théologiens plus prestigieux pour imposer la ligne dure de Khomeini est une dictature militaire kleptocratique manipulant à son profit la veine mystique, violente et sacrificielle présente dans le chiisme.

Le fonctionnement du régime, c’est ce centre militaire adjacent à l’aéroport de Téhéran qui détruit un avion civil sans même échanger d’informations avec les autorités portuaires.

Depuis quarante ans, les chancelleries fabriquent la fiction d’un Iran analogue aux autres pays et même plus démocratique que d’autres (comme si les élections y avaient la même signification que chez nous….). Le journaliste Lee Smolin rappelle que l’administration Carter avait géré la prise d’otages de l’Ambassade américaine en 1979 (que Soleimani et ses acolytes irakiens ont peut-être voulu réitérer à Bagdad) comme si des étudiants en colère en avaient été les seuls responsables pour ne pas en accuser Khomeiny. Les attentats de Beyrouth contre les Marines et les parachutistes français furent attribués au Hezbollah mais pas à son commanditaire iranien ; puis il y eut l’Amia, dont la dernière victime, le procureur Nisman, a été assassinée pour avoir prouvé le rôle de l’Iran. Il y eut les répressions sanglantes dans le silence, les atteintes monstrueuses envers les droits de l’homme, jamais critiquées à l’ONU , les concours négationnistes et les menaces de destruction d’Israël, les mensonges sur l’exploitation du nucléaire, pour terminer avec l’accord, né par les forceps d’Obama, qui a donné à l’Iran une manne financière considérable. Celle-ci n’a servi qu’à renforcer la militarisation du régime et son agressivité internationale. Echec politique patent mais non reconnu de la politique d’apaisement. Les chancelleries ne sont pas dupes de ce qu’est le régime iranien, mais la diplomatie a ses règles de bienséance. La fiction d’un Iran inséré dans le concert des nations est rassurante et Munich n’a rien appris.
Il n’est ainsi pas absurde de penser que la rupture de l’accord nucléaire, l’imposition de sanctions économiques, l’élimination d’un chef de guerre redoutable et la stricte imposition de rapports de force réels et non fantasmés laisse in fine à la paix plus de chance que la pathétique acceptation du pire, un régime des mollahs conforté dans ses projets hégémoniques par la passivité de pays occidentaux.

A voir les réactions aujourd’hui, Ghassem Soleimani n’était pas unanimement populaire et le peuple iranien ne fait pas entièrement corps, c’est une litote, avec des dirigeants apparemment eux-mêmes paniqués devant des Américains qu’ils considéraient comme impotents et qu’ils accablaient jusque-là de leur mépris. La réaction fut brutale et inattendue. Penser en dehors de la boite a parfois du bon si c’est pour renverser des fictions paralysantes.



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