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Apocalypse iranienne ?
Richard PRASQUIER | Actualité Juive
Article mis en ligne le 27 juin 2019

Le Moyen Orient a-t-il été près de l’apocalypse avec l’initiative du président américain de bombarder des installations iraniennes suivie de la décision in extremis d’annuler ces frappes sous un motif (prétexte ?) humanitaire ? La désinvolture avec laquelle Trump présente ces événements soulève des inquiétudes sur les prises de décisions de la plus grande puissance militaire du monde.
Des commentateurs ont opposé les impulsions erratiques du président américain à la pondération de ses adversaires, en glosant parfois sur la millénaire fierté iranienne et le sérieux de ses dirigeants, agressés par le rejet américain d’un accord nucléaire (JCPOA) que l’Iran respectait « à la lettre ».

Je n’ai pas récuré les centrifugeuses de Natanz mais mon petit doigt me dit que l’accord signé en 2015, qui laissait un Iran revigoré économiquement par la levée des sanctions développer en toute quiétude une industrie balistique, en attendant de fabriquer légalement son arsenal nucléaire (officiellement à partir de 2030) était dangereux. Les cas où l’Iran avait été pris les mains dans le sac en violation de ses engagements sont légion, l’Agence de contrôle avait déjà été aveugle à plusieurs reprises et la taikiya est une vieille tradition chiite.

On considère les diplomates iraniens comme des personnes respectables, eux qui font la leçon à l’Occident sur sa moralité défaillante. C’est vouloir oublier ce qu’est le régime iranien. Demandez à Nasrin Sotoudeh, condamnée pour 12 ans dans la sinistre prison de Evin, avec 148 (!) coups de fouet pour dépravation morale (sortir sans voile) et divulgation de fausses nouvelles. Ne demandez plus aux dizaines de milliers de personnes exécutées, ces dernières années plus que jamais sous la Présidence Rouhani, sympathique « modéré » à la barbe si bien taillée, qui au mieux avouerait qu’il n’est qu’une potiche dans une théocratie faussement appelée « République », contrôlée politiquement, religieusement, juridiquement, économiquement et militairement par l’impitoyable « Guide » Khamenei et sa milice toute puissante de Gardiens de la Révolution.

Beaucoup pariaient que le JCPOA amènerait une ouverture démocratique : ils ont eu tort. Les vrais « modérés » sont en silence, en prison ou en exil. Le régime a renforcé ses alliances : Hezbollah, chiites irakiens, alaouites syriens, houthis yemenites mais aussi dans le monde sunnite : le chiite Khomeiny avait été un admirateur des Frères

Musulmans et l’Iran soutient à fond le Hamas. La victoire de Assad permet d’envisager une pénétration iranienne terrestre jusqu’à la Méditerranée : Israël sait que ce ne serait pas pour y faire du tourisme. Dans le Golfe que, comme eux, nous appelons Persique, les Iraniens font feu de tout bois. Enfin, à côté du pétrole, ils ne cultivent plus la pistache que contrôlait le défunt Rasfandjani, mais le blanchiment de l’argent de la drogue et ses immenses revenus. Le Hezbollah y est passé maitre par ses connexions sud-américaines et ses réseaux africains. Le régime iranien n’a donc pas chômé trois ans après le JCPOA, et pas de façon pacifique…..

A l’inverse, il y a ceux qui pensent que la pression économique conduira à l’effondrement du régime. En 2013, malgré un cours du pétrole élevé, le rial iranien s’effondrait, ruinant la population, mais pas ceux qui contrôlaient l’accès aux devises pétrolières et qui avaient été à même de manipuler les cours. La paupérisation du pays n’est donc pas seulement due aux manoeuvres américano-sionistes….L’intensification des sanctions américaines a accentué le marasme et les mécanismes européens pour s’y opposer (Instex) sont très inefficaces. Mais l’extraordinaire résilience des régimes totalitaires économiquement faillis provient de ce qu’ils savent canaliser leurs ressources en diminution vers les structures indispensables à leur pouvoir (armée, police, medias…).

Les mollahs et les gardiens de la révolution ne veulent pas abandonner ce pouvoir.
Le régime est pragmatique : il ne cherche pas une guerre qui pourrait le déstabiliser, mais il sait que le président américain ne la veut pas non plus, lui qui pense à sa réélection. Ce jeu de poker menteur laisse entiers les risques que fait peser la théocratie iranienne, état terroriste dont les ambitions hégémoniques seraient décuplées par la maitrise nucléaire.



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