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Le parcours de la mémoire israélien
Shmuel Trigano
Article mis en ligne le 12 mai 2019

Le mois de mai est en Israël un mois de recueillement. Un parcours symbolique et cérémonien est proposé à cette occasion aux Israéliens qui les font passer du Jour de la Shoah au Jour du souvenir des soldats morts au combat pour accéder au Jour de l’Indépendance. C’est un parcours dans lequel se recueille toute une philosophie de l’histoire qui met en arrière plan de la célébration de l’indépendance et de la souveraineté recouvrées, l’extermination de six millions de Juifs et le très lourd tribut payé par la jeunesse israélienne pour défendre l’existence de l’Etat face à un ennemi invétéré : 23741 jeunes hommes dans la fleur de l’âge sont ainsi tombés depuis 1948 au combat, 3150 civils ont été assassinés de sang froid par des terroristes palestiniens.

Celà concerne une masse énorme d’individus. Leurs parents, leurs frères et sœurs ,leurs épouses, leurs enfants, leurs amis sont toujours vivants car ils ont été ravis par la mort dans la fleur de l’âge, dans le cadre de la même génération sur le temps d’une génération : 71 ans !. Et l’on se rend compte de la place que les disparus occupaient quand on contemple les foules considérables qui se pressent dans les cimetierres ces jours là.

Et pourtant, cette guerre pour l’indépendance n’est pas terminée, 71 ans après.Il y a toujours un ennemi qui poursuit le projet d’éradiquer l’Etat de la surface de la terre. Il y a de par le monde un courant, le BDS, qui ambitionne de mettre Israël en quarantaiine et le dépeint sous un jour démoniaque pour justifier sa destruction souhaitée.

Derrière ce courant qui fait des ravages dans l’Union Européenne ou aux Etats Unis, se profile une contestation plus profonde de l’existence de l’Etat d’Israël, non seulement visé dans son indépendane mais encore dans sa souveraineté, c’est à dire dans la nature même du peuple, du sujet de l’histoire qui se constitue comme Etat, mais aussi comme héritier d’une histoire de 30 siècles, de « l’éternité d’Israël ». Cette contestation touche le monde non juif mais aussi des secteurs du monde juif, que ce soit en Diaspora mais aussi, plus gravement, en Israël.

Cette contestation n’est pas aussi qu’elle en a l’air. Elle peut s’appuyer sur la compassion pour la Shoah, et tromper son monde, en ne reconnaissant dans le Juif, l’Israélien en l’occurence, que la victime. Et non le Souverain. Cette comparaison ne peut reconnaîttre en Israël qu’un camp humanitaire et pas un Etat souverain. C’est cette vision des choses fonde la « doctrine israélienne » de l’Union Européenne quand celle ci voit dans l’usage du droit à la légitieme défense contre l’ennemi un usage « disproportonné » de la violence.

Elle peut aussi fonder un profil israélien. Nous en avons eu un exemple avec la cérémonie alternative, interdite par le gouvernement, autorisée par la Cour suprême, organisée par des groupes pacifistes israéliens qui a célébré, le jour même du Jour du souvenir, la souffrance partagée par les familles des victimes juives du terrorisme et les familles des terroristes elles-mêmes : 9000 Israéliens ainsi qu’une centaine de Palestiniens autoisés par la Cour suprême y ont pris part. L’actrice arabe israélienne Samira Saraya a ouvert la cérémonie sur le mode du « Nous sommes tous coupables ». Je cite : « Nous tous, Israéliens et Palestiniens, sommes victimes du conflit, de souffrance et de perte, mais nous sommes aussi ses perprétrateurs ». C’est un point de vue confusioniste et malsain, mensonger, qui aligne la victime sur l’agresseur parce qu’on pense en fait que la victme (du terrorisme) était et est fondamentalement coupable. C’est là un événement margnial en Israël mais il montre combien la victimitude opposée à la souveraineté comme fondement de la légitimité est une pente glissante du déni du peuple juif et de sa condition d’acteur de l’histoire.

Lors de la soirée au Kotel en l’honneur des soldats morts au combat, le présentateur a cité un texte de la poétesse Naomi Shemer mettant en perspective l’objet de la commémoration avec le « sacrifice d’Isaac », qui se dit en hébreu « la ligature d’Isaac » car il n’y eut pas en effet de« sacrifice »d’Isaac.C’est un point capital dans l’âme juive. Ce rapprochement malsain impliquerait en effet que ces soldats seraient morts offerts en sacrifice, hier au dieu Arafat, avant hier au dieu Hitler ? Comme si Israël consentait à cette offrande sacrificielle demandée par la Divinité. Elle montre que la mémoire de la Shoah reste encore, dans le public israélien et juif devrait-on dire, en porte à faux avec la souveraineté. Le « Jour de la Shoah » aurait dû dans cette optique être nommé « le Jour de la mémoire de la Shoah » .

C’est l’Israël souverain qui fait mémoire de la Shoah. Ce n’est pas la Shoah qui fonde l’Israël souverain !

  • A partir d’une chronique sur Radio J le 10 mai 2019

une idée défendue récemment avec juste raison par Rony Akriche. Pour ma recherche sur cette question, cf. Les frontières d’Auschwitz. Les ravages du devoir de mémoire, Biblio-Essais Hachette, 2005 et L’idéal démocratique à l’épreuve de la Shoah, Odile Jacob, 1999. Les deux livres ont été traduits en hébreu.,
De même il eût été logique de placer dans le cadre de ce parcours mémoriel le récent « Jour de marquage (Tsyoune et non pas »mémoire« ) de la sortie et de l’expulsion des Juifs du monde arabe et d’Iran », placé de façon infondée et invraisemblable (tout comme la dénomination de cette célébration) au lendemain du « 29 décembre », date de la décision de l’ONU, au terme du mandat britannique du partage de la Palestine en deux Etats, juif et arabe.. Comme si le drame d’un million de Juif découlait de la création de l’Etat. Toujours le même schéma malsain de victimitude, de scrifice et de culpabilité.



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