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La population arabe israélienne réclame un état binational
Bertrand Ramas-Muhlbach
Article mis en ligne le 9 janvier 2007

En décembre 2006, le Centre Mossawa de Haïfa a publié un document intitulé « the Future Vision of palestinian arabs in Israël » (Vision de l’avenir des arabes palestiniens en Israël) qui présente la position de la population musulmane israélienne à l’égard de l’identité israélienne et de l’Etat d’Israël en tant qu’Etat juif.

Ce document, édifiant, préconise l’instauration d’un Etat binational, détermine les secteurs juifs et arabes avec des prérogatives d’administration propres pour chaque population, préconise la mise en place d’un drapeau et d’un hymne national palestinien, prévoit l’abrogation de la loi du retour de 1950 (accordant la nationalité israélienne aux juifs qui la sollicite), envisage des organes de représentations séparées sur un plan international et plus généralement, confirme le rejet par la population arabe israélienne de la nature juive de l’Etat d’Israël.

Ce projet, constitutif d’une revendication sécessionniste de la population arabe (minoritaire), s’inscrit dans le cadre d’une sédition tout à fait spécifique dans la mesure où, en l’absence d’implantation spécifique de la population arabe, il est recherché une marginalisation de la nation juive et sous entendu, l’établissement d’un Etat Palestinien sur l’assiette du territoire d’Israël.

Bien évidemment, les journaux Maariv ou Haaretz ont retransmis les réactions négatives de la population juive à ce projet mais en tout état de cause, l’Etat juif n’est pas tenu de renoncer à sa souveraineté partielle ou définitive sur son territoire.

Compte tenu du caractère antinomique des projets de société, palestinien et israélien la mise en place d’un Etat binational est impossible (I). En revanche, il convient d’encourager l’établissement d’un foyer national palestinien pour accueillir les musulmans israéliens qui ne se reconnaissent pas dans le projet de la société israélienne (II).

I L’IMPOSSIBLE ETAT BINATIONAL EN ISRAEL

Depuis de nombreuses années, les palestiniens caressent l’idée de voir mis en place un Etat binational pour en finir avec l’Etat hébreu que les armées arabes n’ont pas réussi à défaire en 1948. Aujourd’hui ce sont les arabes israéliens qui en font la demande.

Bien évidemment, un tel projet n’est pas envisageable puisque le concept même d’Etat binational s’oppose à celui de nation (A). En outre, les sociétés palestinienne et israélienne ne peuvent coexister sur un même territoire dans la mesure où elles ne partagent pas le même système de valeurs (B).

A LE CONCEPT D’ETAT BINATIONAL S’OPPOSE A CELUI DE NATION

La nation est un groupe humain qui se caractérise par la conscience de son unité historique, sociale, culturelle et qui manifeste sa volonté de vivre ensemble sur un territoire défini. Ainsi, la notion même de nation s’oppose à la présence de deux nations différentes qui exerceraient leur souveraineté sur un même territoire.

Pour ce qu’il en est d’Israël, le peuple juif a entendu constituer son Etat pour que son existence ne soit plus à la merci des nations qui appellent à sa disparition et c’est dans ces esprit que la résolution 181 de l’Assemblée Générale de l’Onu de 1947 a organisé la partition de la Palestine en deux Etats, l’un juif et l’autre arabe. L’Etat juif qui allait porter le nom d’Israël le 14 mai 1948, n’avait d’autre raison d’être que de devenir la terre d’accueil des juifs.

Conformément à cette vocation spécifique, l’Etat d’Israël s’est doté d’institutions spécifiques comme par exemple la loi du 5 juillet 1950 dite « loi du retour » qui permet aux juifs de s’établir en terre d’Israël et d’acquérir la nationalité israélienne.

Dans ces conditions, on voit mal comment instaurer un Etat binational en Israël sauf à remettre en cause ce qui constitue l’essence même de l’Etat hébreu.

En outre, la nation juive ne peut imaginer de coexister aux côtés d’individus dont la majeure partie ne rêve que de l’éradiquer : la charte de l’Olp vise à libérer la Palestine de toute présence juive sur le territoire du Mandat Britannique et la Charte du Hamas s’est fixé comme objectif de renverser l’Etat juif d’Israël par une République islamique théocratique sur l’ensemble de la Palestine en donnant « le bras à tous ceux qui mènent le Jihad pour la libération de la Palestine ». Plus précisément, dans son article 6, la charte du Hamas rappelle que le Mouvement de résistance islamique « œuvre à planter l’étendard de Dieu sur toute parcelle de la Palestine ».

Dans ces conditions, il semble nécessaire de s’en tenir à la volonté des fondateurs de l’Etat : dans la déclaration d’indépendance, David Ben Gourion avait offert aux populations arabes de choisir la voie de la paix et leur a accordé le bénéfice de la nationalité israélienne pour leur permettre de participer activement au développement de l’Etat.

Si une partie de la population arabe ne se reconnaît pas dans le projet philosophique, ne partagent pas les mêmes points de vue ou se font une conception de l’Etat autre que les fondateurs de l’Etat d’Israël, cela est regrettable mais Israël ne saurait renoncer ou modifier ses fondements en fonction de ceux qui veulent sa disparition.

Une seconde difficulté résulte de ce que les sociétés palestinienne et israélienne, ne partagent pas les mêmes valeurs.

B L’ABSENCE DE VALEURS COMMUNES DES SOCIETES PALESTINIENNE ET ISRAELIENNE

La société palestinienne, n’a pas réussi à régler l’interdiction des crimes tels le meurtre, l’enlèvement, l’assassinat, ou les délit comme la corruption, le détournement des fonds de la collectivité internationale ou encore les techniques d’endoctrinement de l’individu.

De même certains dirigeants palestiniens éduquent leur population dans la haine des juifs, incitent au jet de pierre, enseigne la pose des ceintures explosives, cautionnent les enlèvements et plus généralement encourage un ensemble d’actes non admis en Israël.

Ces valeurs ne sont pas admises par la société israélienne ce qui interdit une nouvelle fois la mise en place d’un Etat binational.

En Israël, il existe des normes juridiques particulières dont les manquements sont sanctionnés par les tribunaux. Or, l’efficacité de la règle de droit suppose de la règle qu’elle soit unique générale et applicable à tout citoyen sur l’ensemble du territoire pour emporter respect et adhésion par le groupe.

Si la règle juridique devait varier en fonction de l’appartenance à telle ou telle nation, les Tribunaux ne pourraient harmoniser et appliquer la règle à l’ensemble de la population ce qui rendrait le système social tout à fait anarchique.

A titre d’exemple, en Israël le meurtre d’une personne est interdit.

Ce ne semble pas être le cas au sein de la société palestinienne. En effet, bien que le meurtre soit proscrit en Islam : « sauf à bon droit, ne tuez point l’homme dont Dieu a rendu la vie sacrée » (sourate 17, verset 33) Ou « qui tue fait tort à son âme, et il n’y a pas pour lui de guérison à jamais. » (II Hen 60.1), les membres de la société palestinienne invoque un Haddith qui autorise le meurtre dans 3 cas et notamment la vengeance dans le cadre de la loi du talion. C’est ce qui ressort de la sourate : « Nous avons donné au proche parent de venger celui qui serait injustement tué » (sourate 17, verset 33).

Sur ce fondement, les palestiniens s’imaginent avoir le droit de tuer les juifs contre lesquels il existe toujours une bonne raison de se venger.

En cas d’Etat Binational, les Tribunaux auraient quelque difficulté pour trancher les cas de meurtre : un juif qui tue devrait être arrêté, jugé et condamné alors qu’un palestinien qui tuerait un juif ne serait pas inquiété par la justice compte tenu de l’autorisation religieuse donnée. Plus grave, au sein de la nation palestinienne, le palestinien qui tue un juif est considéré comme un héros tout comme celui qui devient martyre en se posant une ceinture explosive sur le corps.

Il faut donc se rendre à l’évidence : l’incompatibilité des systèmes palestinien et israélien exige d’Israël qu’il favorise la mise en place d’un foyer national palestinien pour accueillir les palestiniens et les arabes israéliens qui ne se reconnaissent pas dans le projet de société israélien.

II LA NECESSITE DE FAVORISER LA CREATION D’UN FOYER NATIONAL PALESTINIEN

Les palestiniens et les musulmans israéliens qui ne supportent pas de vivre sous souveraineté juive doivent avoir la possibilité de disposer de leur Etat. Les territoires non annexés et sans souveraineté israélienne devraient pouvoir accueillir le futur Etat palestinien (A). L’occasion pourrait être donné, parallèlement, à l’Etat d’Israël, de s’aménager des institutions pour devenir l’Etat de tous les juifs (B).

A LES TERRITOIRES SANS SOUVERAINETE COMME ASSIETTE DU FUTUR ETAT PALESTINIEN

Les palestiniens ont, depuis le début du XX° siècle, manifesté leur identité spécifique même si au départ, il était mis en avant l’identité arabe en réaction au nationalisme ottoman et au colonialisme européen. Il n’en demeure pas moins que le premier journal palestinien « le Falastin » fondé en 1911 par Isa al Issa, s’adressait bien aux lecteurs appelés palestiniens.

Par la suite, si les premiers projets d’instauration d’un Etat palestinien ont été rejetés par les arabes de Palestine qui entendaient majoritairement se fondre dans une vaste entité arabe, le sentiment national palestinien était bien présent. Il s’est par la suite, exacerbé lors de l’occupation par Israël de la bande de Gaza et de Cisjordanie, qui bien que respectivement sous souveraineté égyptienne et jordanienne, étaient majoritairement peuplées de palestiniens.

Au cours des années 70, certains leaders arabes palestiniens ont continué de défendre l’idée d’un pan arabisme comme Zuhayr Mushin, dirigeant d’une faction palestinienne pro syrienne qui affirmait en 1977 qu’il n’y avait « aucune différence entre les Arabes de Syrie, de Palestine ou du Liban » et que ça n’était que pour des « raisons politiques que nous insistons sur l’identité palestinienne ». Toutefois, le sentiment nationaliste palestinien a continué à se développer.

Ainsi, même si d’aucun continue de prétendre que la futur Palestine devrait s’implanter en Jordanie puisque la population de ce pays est majoritairement composée de personnes d’origine palestinienne, il faut laisser le Peuple palestinien fonder son foyer national et exercer sa souveraineté.

Sûrement, les terres de Gaza ou de Cisjordanie sur lesquelles Israël n’exerce pas sa souveraineté pourrait servir d’assiette territoriale à la fondation de l’Etat palestinien à moins qu’il ne soit envisagé d’unifier le territoire palestinien dans le cadre d’un échange de terre pour éviter les problème de communications de Gaza à la Cisjordanie qui devrait se faire par l’Egypte et la Jordanie au sud, ou par le Liban, la Syrie et la Jordanie au nord.

Si les palestiniens de la bande de Gaza pouvait rejoindre définitivement ceux de Cisjordanie cela supprimerait tout phénomène d’enclave d’une part, et les juifs expulsés du Gouch Katif pourraient exercer « leur droit au retour » sur les terres qu’ils ont été contraints d’abandonner d’autre part.

Il pourrait enfin être imaginé de faire d’Israël, l’Etat de tous les juifs.

B ISRAEL ETAT DES JUIFS DU MONDE

La fondation du foyer national palestinien pourrait être l’occasion, d’aménager des institutions en Israël pour faire de l’Etat la terre des juifs du monde.

Sur les 16 millions de ressortissants libanais, seuls 3 millions et demi vivent au Liban.

De même, la population palestinienne (forte de 10 millions de personnes) comprend une diaspora qui n’entend pas renier ses origines en dépit d’une résidence sur des Etats différents de la planète.

A l’heure de la mondialisation, la nationalité, véritable critère d’appartenance à la nation n’est pas conditionnée par l’implantation géographique.

Aussi, Israël devrait pouvoir devenir, au-delà de son statut de terre d’accueil des juifs, le territoire national des 13 millions et demi de juifs vivant dans le monde.

Pour ce faire, il suffit de permettre aux juifs du monde d’opter pour la double nationalité israélienne alors même qu’ils n’entendent pas quitter leur Etat de résidence, et cette nationalité serait, tout comme la religion, transmise automatiquement par la mère.

Les juifs de diaspora optant pour la nationalité israélienne pourraient disposer d’une assemblée spécifique en Israël qui n’influerait pas sur la politique de l’Etat mais qui recueillerait les avis ou autre préoccupations de la communauté juive mondiale.

L’enseignement de l’hébreu pourrait être systématisé et les agences juives dans le monde constitueraient une bonne interface entre Israël et la population israélienne de diaspora pour enregistrer les demandes d’obtention de la nationalité israélienne.

Si tel pouvait être le cas, les juifs de diaspora pourraient s’associer au devenir de l’Etat en contribuant le plus largement possible aux problèmes économiques de la population vivant en Israël sous le seuil de pauvreté, soit financièrement, soit dans le cadre de temps passé bénévolement en Israël.

Enfin, l’Etat hébreu pourrait se doter de mécanisme de contrôle de la nationalité : en janvier 2007, les Tribunaux administratifs se sont vus conférer la possibilité de retirer la nationalité israélienne aux citoyens israéliens qui se rendent en territoire ennemi.

Le régime pourrait être généralisé et le retrait de la nationalité israélienne serait systématisé en cas de défaut d’allégeance à l’Etat hébreu, d’un manque de loyalisme, de perception d’une rémunération de la part d’un Etat en guerre avec Israël, ou encore en cas d’un comportement portant atteinte aux intérêts essentiels de l’Etat juif. En telle occurrence, la population arabe israélienne n’aurait plus à demander la mise en place d’un Etat binational en Israël comme préalable à sa disparition.



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