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La Septante
Par le Rabbin Yonason Goldson - Jewish World Review - Adaptation française de sentinelle 5767
Article mis en ligne le 1er janvier 2007

La traduction de la Torah en Grec fut-elle un miracle, une catastrophe - ou les deux ?
Bien que les historiens laïcs s’interrogent pour savoir si Alexandre le grand est un jour entré dans Jérusalem, le Talmud rapporte en détails frappants la tradition juive de l’arrivée d’Alexandre dans la Ville Sainte.

Avec la conquête de l’empire perse, Alexandre acquit la domination sur Israël et ses habitants. Ceux-ci comprenaient non seulement les Juifs, mais aussi les Samaritains, un peuple bâtard qui avait nourri une rancune idéologique contre les sages juifs depuis des générations. Considérant le changement présent des destinées politiques comme une opportunité pour faire avancer leur propre projet politique, les Samaritains se présentèrent à Alexandre en proclamant leur loyauté, et en délivrant des avertissements pressants contre la traîtrise des Juifs. « Ecrasez les Juifs et détruisez leur temple » imploraient-ils Alexandre, « avant qu’ils n’aient l’opportunité de ses rebeller contre vous ».

Le Grand Prêtre à cette époque était Shimon le Juste, le dernier membre survivant de la Grande Assemblée des Sages qui avait conduit le Peuple juif de retour d’exil à Babylone. Une résistance militaire contre l’armée d’Alexandre était impensable, et la diplomatie paraissait aussi sans espoir. Néanmoins, Shimon se para de ses habits de prêtre et s’avança avec un petit entourage pour accueillir le conquérant à son approche.

LES DESTINS SE RETOURNENT

Quand Shimon se présenta devant Alexandre, les conseillers samaritains furent sidérés en voyant le puissant Empereur sauter de son char, et se prosterner sur le sol devant « l’insignifiant » Prêtre juif. Alexandre expliqua qu’à la veille de chaque bataille, il avait été visité en rêve par la vision d’un homme le conduisant à la victoire - et celui-ci était l’homme qu’il avait vu dans son rêve ! Dans un soudain retournement de fortunes, Alexandre reçut Shimon comme un ami et un allié, et ordonna que les conseillers samaritains soient traînés à mort par des chevaux.

Alexandre apparut en toute occasion comme un dirigeant éclairé. Selon certains, il étudia la philosophie juive avec les sages, et serait même retourné pour enseigner à son mentor, Aristote, ce qu’il avait appris parmi les Juifs. Mais Alexandre était trop entraîné par l’ambition pour rester longtemps en une seule place. Il partit bientôt pour sa dernière campagne, vers l’Inde, et mourut ensuite à Babylone à l’âge de 33 ans.

Ayant négligé les préparatifs du transfert de son autorité, Alexandre laissa la porte ouverte à une lutte de pouvoir entre ses officiers. Les Juifs se trouvèrent bientôt sous la direction du général d’Alexandre Ptolémée qui avait pris le contrôle de l’Egypte et des régions environnantes. Dirigeant capable et autoritaire, Ptolémée consacra la plus grande part de son règne à des aventures militaires pour étendre son royaume. Bien que les Juifs d’Israël aient vécu dans une relative sécurité physique, l’influence de la culture et de la philosophie grecques s’infiltraient graduellement dans les cœurs et les esprits d’une large minorité de Juifs. L’hellénisme juif commença de s’épanouir.

Quand Ptolémée II monta sur le trône d’Egypte en l’année juive 3476, il apparut d’abord comme un dirigeant bien plus éclairé que son père guerroyant. Dans une certaine mesure, cela était vrai : le jeune Ptolémée était un ardent lettré qui dirigeait un royaume relativement pacifique, où les travaux intellectuels et culturels occupaient une grande partie de la société. Ptolémée semble même avoir été un protecteur de la classe moyenne juive contre les excès et les jeux de pouvoir des élites politiques.

UN CHEVAL DE TROIE POUR LES JUIFS

Selon le Talmud, ce fut Ptolémée II qui, vers la fin de son règne de 40 années, commanda la Septante, « la Traduction des 70 ». L’amour de Ptolémée pour la littérature pourrait sembler avoir été sa seule motivation dans la commande de la traduction de la Torah, mais sa méthode d’ « ordonner » le projet suggère un objectif plus sinistre. Ptolémée convoqua les 71 sages du Sanhedrin et isola chacun d’eux dans une pièce séparée, leur donnant seulement alors l’ordre de traduire la Torah en Grec.

Comme un diamant à multiples facettes qui acquiert une apparence unique à chaque angle, la Torah possède pratiquement des niveaux infinis d’interprétation comprenant le littéral*, l’allégorique**, l’analytique***, et le mystique****. Par conséquent, la traduction de la Torah à partir d’une langue aussi polyvalente que l’Hébreu biblique en une autre langue, offrait la réelle possibilité que les 71 traductions isolées diffèreraient significativement l’une à l’autre.

Si Ptolémée avait découvert des discordances entre les traductions des sages, il aurait alors trouvé une justification pour dénoncer la Torah comme un simple symbole religieux, ouvert à l’interprétation subjective, et donc ne reposant pas sur son sens littéral. Une telle affirmation aurait été désastreuse, légitimant l’idéologie hellénistique et discréditant l’opposition des sages à l’influence de la culture grecque.

Miraculeusement, les 71 sages produisirent chacun une traduction identique, malgré leur correction de dix passages séparés différents, sujets à une facile erreur d’interprétation. Malgré ce miracle indiscutable, le Talmud enseigne que quand les sages terminèrent leur traduction, le 8ème jour du mois de ‘Teveis’, l’obscurité descendit sur le monde et persista pendant 3 jours, tragédie commémorée par le jeûne du 10 Teveis (commémorant aussi le début du siège de Jérusalem achevé par la destruction du Premier Temple).

Comme le soleil perdu derrière un manteau d’obscurité, la brillance de la Torah a été éclipsée pour tous ceux qui dépendraient désormais de sa traduction dans une langue étrangère, avec tous ses niveaux de profondeur et de sens perdus. La Torah était devenue « comme un lion en cage », et non plus le roi des animaux frappant de peur tous ceux qui entendaient son rugissement, désormais derrière des barreaux et privé de sa liberté et de sa puissance ; De même, la Septante avait réduit la Torah à un simple autre document culturel.

Les Juifs d’Egypte se réjouirent : cette traduction leur apporterait respect et considération de la part des non juifs parmi lesquels ils vivaient. Les sages se lamentèrent : la traduction entraînerait la langue hébraïque dans l’oubli parmi les Juifs égyptiens et hâterait leur assimilation. La crise des générations suivantes, menant à l’obscurité spirituelle qui précéda le miracle de H’anoukah, prouva que les craintes des sages n’étaient pas infondées.

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Ndt : * Littéral = Pschat ; **Allégorique = Remez : *** Analytique = Drash ; **** Mystique = Sod, l’’ensemble constituant le mot « ‘Pardes » en Hébreu = Paradis, pour celui qui accède aux 4 niveaux de sens.


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